Publié il y a 9 jours - Mise à jour le 25.04.2024 - François Desmeures - 3 min  - vu 206 fois

AUJAC Le château du Cheylard devient centre de ressources documentaires historiques

François Desmeures

C'est une forme d'aboutissement du travail et de l'amitié qui lie la propriétaire du château du Cheylard, Marlène Léautier, au couple de chercheurs en Histoire, Soline et Nicolas Baptiste. Ce vendredi 26 avril, à 11h30, sera inauguré le centre de ressources documentaires Augusta Rigal dans une des tours du château du Cheylard. Un fonds autour des Cévennes, en premier lieu, du XVIIIe siècle et du costume. Les 70 000 € de la Mission patrimoine seront également remis à cette occasion.

Nicolas Baptiste, à gauche, et Soline Anthore Baptiste, à droite, lors des animations de l'été 2022. En pantalon blanc, Marlène Léautier, hôte de cette belle aventure • François Desmeures

Le château médiéval se modernise. Au sens historique du terme. Propriétaire du Cheylard, Marlène Léautier entretient, depuis quelques années, une relation d'amitié avec les chercheurs en Histoire, Soline et Nicolas Baptiste. Qui lui rendent bien, mais conservent aussi un oeil professionnel sur l'édifice et agrémentent leurs retraites en ces lieux d'animations historiques (relire ici). Des animations qui empruntent le château aux fondations médiévales pour le faire vivre à l'époque moderne, majoritairement autour du XVIIIe siècle, qui a focalisé une partie de la recherche des deux thésards. 

Alors ce centre documentaire Augusta Rigal, qui trouve sa place au château, "à la base, c'est un problème matériel", minimise Nicolas Baptiste. "On a chacun une bibliographie spécialisée à cause des thèses que nous avons présentées, explicite Soline Anthore Baptiste. C'est aussi une accumulation d'articles et d'oeuvres littéraires en papier. Au final, on a fait une collection livresque dans la veine des chercheurs du XIXe siècle aux années 50." Un travail de fond, complété par un rapport charnel au livre qui - telle l'épaisseur de poussière sur les documents amoncelés sur le bureau de Sherlock Holmes - participe au classement de ces archives. 

Le centre de ressources documentaires en cours d'installation dans l'une des tours du château • S. A.-B.

"On se souvient parfois des références bibliographiques en fonction de la mémoire qu'on a du papier, de son odeur, que le papier est dans le rayon de droite, ou de gauche, etc."  "Moi, j'ai fini ma thèse, enfonce Soline Anthore Baptiste. Même si je continue à alimenter le fonds... Mais des chercheurs ou des chercheuses, des étudiants, pourraient trouver de l'intérêt à avoir accès à ce fonds." D'autant que la ressource documentaire n'est, selon les deux chercheurs, pas aussi disponible qu'avant en dehors des bibliothèques admnistrativement identifiées. "Les livres de domaines spécialisés, ils existent dans les librairies spécialisées, à Paris, regrette Soline Anthore Baptiste. Et elles ferment de plus en plus, faute de crédits." 

Il arrive aussi que l'intention de départ soit tout à fait louable. Mais que les bonnes volontés manquent pour faire vivre le savoir. "À Chambéry, il existe un fonds documentaire sur la vanité, explique Nicolas Baptiste. Mais personne ne s'est senti impliqué et il dort dans des cartons. Les étudiants d'aujourd'hui consomment du PDF parce que les universités américaines mettent en ligne. Mais parfois manquent les ressources sur un sujet précis. Un exemple, ici : les seules occurences qui existent sur la bête d'Aujac le sont dans des revues localistes, soit un article de 1825."

Si les deux chercheurs ont commencé à mettre leur fonds en forme, ils comptent aussi faire appel à de bonnes volontés en formation, "agglomérer des stagiaires des facs de Nîmes et Montpellier pour disposer d'un catalogue, faire le tri des ouvrages, et éventuellement les numériser". Les supports de recherche des deux historiens offrent "déjà une base, qui peut accueillir du don", souligne Soline Anthore Baptiste, qui est aussi documentaliste de formation.  

"Ceux qui passeront ici seront enclins à revenir", avancent les deux chercheurs, en connaisseurs de la richesse de leurs fonds... et de l'accueil exceptionnel réservé en ces lieux à tous ceux qui, modestement, essaient de faire un usage régulier de leur cerveau. Et puis, le nom choisi pour le centre documentaire est de ceux qui claquent et qu'on n'oublie pas : Augusta Rigal, "une femme dans l'histoire du château", place Soline Baptiste. "Un nom du crû, et surtout la première à avoir eu l'idée d'ouvrir le château au public. Ça fait sens, explique, émue, sa petite-fille, Marlène Léautier. Elle fait partie de ces femmes qui ont démarré des choses, et ont eu des hommes qui les ont suivies." 

Augusta Rigal, grand-mère de Marlène Léuatier, fut la première à ouvrir le château aux personnes extérieures • DR

Une fois le centre officiellement disponible, Nicolas et Soline Baptiste espèrent notamment pouvoir tisser des liens avec le fonds documentaire du Parc national des Cévennes, centralisé à Génolhac. "Autant, aussi, se voir comme centre culturel et proposer un lieu de vie pendant deux mois, élabore Nicolas Baptiste, pour quelqu'un qui travaille sur un roman, une nouvelle, qu'on accueille ici, qu'on loge et qu'on nourrit. Nous voulons parier sur les futurs Léautier, sourit le chercheur d'origine belge, en pensant à Glbert Léautier, écrivain et mari de Marlène décédé en 2018. Si un seul émerge, il se souviendra de sa résidence littéraire ici." 

Le logo du centre de ressources documentaires

Et même s'il n'émerge pas, on voit mal comment il oublierait aisément le hâvre de nature et d'espace qu'est le château du Cheylard. L'inauguration du centre de ressources documentaires, ce vendredi, est la première pierre d'une vie intellectuelle restaurée au sein du château. Le jour, justement, où la Mission patrimoine viendra remettre les 70 000 € promis pour sa restauration (relire ici). Une autre d'histoire d'autres pierres... 

Ce vendredi 26 avril s era également remis le chèque de 70 000 € de la Mission patrimoine. De quoi entamer timidement la restauration de la tour ronde • François Desmeures

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