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Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 11.01.2019 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 2381 fois

FAIT DU JOUR Dans le Gard, les terres agricoles en danger

Saint-Gilles et ses terres agricoles (Photo d'illustration : Coralie Mollaret)

Chaque jour, le Gard perd un hectare de terres agricoles. Une menace pour la qualité de notre environnement et pour notre capacité à nous nourrir. La préfecture a décidé d'agir. 

C’est l’un des grands enjeux de notre société : la préservation de nos espaces naturels et agricoles face à une urbanisation galopante. Depuis 1950, le Gard a perdu quelques 34 000 hectares de terres arables. Ça fait beaucoup... Et de la bouche du préfet, Didier Lauga, la situation est préoccupante : « On atteint les limites dans le département aux fortes contraintes naturelles. »

Les causes

Comment un tel grignotage est-il possible ? Il faut dire que l'Homme est gourmand. Chaque année, 7 000 personnes viennent s’installent sur notre territoire, qui abrite 750 000 âmes. Il faut dire que notre département est attractif : climat ensoleillé, façade maritime, rivières...

Le problème c’est que ce petit monde a besoin d'infrastructures pour se loger, se déplacer ou encore étudier. D’où la prolifération des constructions, parfois mal maîtrisées. À l’horizon 2030, ce sera près de 7 800 hectares de terres qui seront artificialisées, selon la préfecture. Une mauvaise nouvelle pour notre environnement.

Évolution de l’urbanisation des terres agricoles sur une commune gardoise entre 1950 et 2015 (Source : Géoportail de l’IGN)

Car si le développement économique n'est pas remis en cause par la préfecture, cette dernière prône néanmoins la régulation. C’est le sens des travaux conduits par la CDPENAF (Commission départementale de protection des espaces agricoles naturels et forestiers).

Dans le cadre de la loi d'octobre 2014 sur l'avenir de l'agriculture, l'alimentation et de la forêt, cette dernière vient de livrer ses conclusions. « Il ne s’agit pas d’opposer deux mondes », prévient Didier Lauga, président de la commission, « mais une prise de conscience s’impose. »

Foncier agricole, une nécessité

Elle s'impose, parce que ces terres sont vitales. D'abord, l'agriculture est important secteur d'activité économique du département. Au total, 18 500 personnes (6 500 exploitants et 12 000 salariés) travaillent pour nous nourrir. Une précieuse indépendance.

Ensuite, - on l'a vu en amont - les terres arables façonnent nos paysages. « C’est pour ça que des gens viennent s’y installer ou le visiter », souligne Geronimo Salmeron, co-secrétaire de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles ). Vous imaginez, vous, une Petite Camargue sans vignes et des Cévennes sans châtaigner ? 

(Photo d'illustration : Thierry Allard / Objectif Gard)

Par ailleurs, les espaces naturels sont garants de la biodiversité et nous protègent contre les effets négatifs du ruissellement des eaux de pluies ou des incendies. On connaît l'importance de la problématique dans le Gard... « Le foncier agricole n’est pas une ressource renouvelable. Pensez aux générations futures ! », plaide Georges Zinsstag, élu à la Chambre d’agriculture.

Une réglementation plus stricte

Reste à savoir comment peut-on préserver nos terres agricoles ? Comment concilier nature et développement ? Surtout quand de gros projets, comme la zone d'activité économique autour de la gare Nîmes-Pont-du-Gard sont en préparation.  

La création du contournement ferroviaire Nîmes-Montpellier a engendré une forte consommation des espaces naturels (Photo Anthony Maurin : Objectif Gard)

La CDPENAF y a réfléchi. Elle vient d'édicter des règles, plus strictes, pour le Gard. Celles-ci s’adressent aux porteurs de projets, qui devront compenser en surface et en valeur leur consommation de foncier. En clair, pour chaque hectare de terres agricoles consommé, le maître d’ouvrage devra remettre un hectare en exploitation. Un inventaire des friches agricoles et des garrigues est en cours de réalisation. 

Toutefois, toutes les exploitations ne se valent pas. Certaines ont plus d'atouts que qu'autres. Le porteur de projet devra compenser un éventuel différentiel. Il aura le choix entre abonder un fonds de compensation, géré par la Chambre d’agriculture, ou financer l’économie agricole. « On est en pointe sur la mise en place de ce dispositif dans la région Occitanie », salue la commission, espérant que cette nouvelle doctrine germe au-delà du Gard. 

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

Lire aussi : MAGNA PORTA Des agriculteurs du Gard opposés à l’emplacement du projet

 

Coralie Mollaret

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