Publié il y a 6 mois - Mise à jour le 11.10.2023 - Marie Meunier - 5 min  - vu 618 fois

FAIT DU SOIR François-Régis Gaudry : "Il ne faut pas manger idiot"

françois-régis gaudry

François-Régis Gaudry a ses habitudes à Uzès où il vient depuis 20 ans. 

- photo Fred Stucin/Pasco and co/Paris Première

Ce week-end, se tiendra la première édition du festival "Saveurs & savoirs" à Uzès. Un festival dédié à la culture et à la gastronomie, né de la rencontre entre l'équipe de la Librairie de la place aux Herbes et le critique gastronomique François-Régis Gaudry qui a sa propre émission le dimanche sur France Inter et que l'on peut voir dans l'émission "Top Chef". De prestigieux invités seront présents tels que Pierre Gagnaire, Anne-Sophie Pic, Jean-François Piège ou Georgiana Viou.

La première édition du festival "Saveurs et savoirs" s'ouvrira ce vendredi 13 octobre, à 18h, à l'Ombrière d'Uzès. Il se poursuivra tout le week-end avec des rencontres avec des chefs, des dédicaces, des films en avant-première, un concours de boulettes et même une dictée gastronomique. Le célèbre journaliste et critique gastronomique, François-Régis Gaudry, qui a imaginé le programme avec l'équipe de la Librairie de la place aux Herbes, nous en dit plus sur l'essence de ce festival, sur son ancrage dans notre époque mais nous a aussi parlé du bien-manger.

Objectif Gard : Comment est née l'idée du festival "Saveurs & savoirs" ?

François-Régis Gaudry : J'ai mes habitudes à Uzès depuis une vingtaine d'années. Je connais bien le terroir, mes parents ont une maison à Flaux, un petit village à côté. J'allais souvent à la Librairie de la place aux Herbes, la patronne et ses amis m'ont proposé d'imaginer des rencontres autour de la culture et la gastronomie. Je trouve qu'Uzès est une ville avec tous les atouts pour créer un festival convivial et avec une certaine ambition culturelle. On veut rassembler un public large et attiser la curiosité d'un maximum de personnes. 

Combien de temps avez-vous mis pour créer le programme ?

On a commencé il y a deux ans. On s'est donné le temps de se mettre en place. On est tous totalement bénévoles. Le prix des billets va juste nous aider à prendre en charge les auteurs qui sont une quinzaine à venir. 

Comment avez-vous choisi le nom "Saveurs & savoirs", au pluriel qui plus est ?

Ce sont deux mots que j'aime beaucoup, j'ai souvent tendance à les unir. Ils ont la même racine latine qui est sapere, qui désigne à la fois savourer et savoir. C'est la preuve qu'on ne peut pas manger sans une certaine intelligence, une certaine conscience culturelle, écologique, géographique, historique. C'est cela qui m'intéresse : le fait de ne pas manger idiot. Manger, c'est ce que l'on fait le plus souvent dans notre vie, au moins trois fois par jour. Autant le faire avec une certaine valeur ajoutée et pas machinalement. "Saveurs & savoirs" rassemble l'épicurisme, la jouissance gustative et en même temps toutes les connaissances qui accompagnent le geste de manger et de cuisiner. 

C'est aussi ce que vous essayez de transmettre à travers vos livres, vos émissions... Mais cela ne doit pas toujours être facile de trouver les bons mots pour parler de ce sens qu'est le goût. 

C'est vrai. Manger est un acte qui a une valeur très forte, qui est politique et culturel. Ça ne sert pas qu'un besoin biologique, ça élève l'âme car on nourrit autant l'esprit que le corps. (...) Les actes de manger et cuisiner sont au carrefour de toutes les questions d'aujourd'hui : l'écologie, comment une recette régionale a atterri dans nos assiettes... La curiosité autour de tout cela est une formidable source de plaisir, de jouissance sensorielle et intellectuelle. On essaie de transmettre cette passion à tous ceux qui donnent une ambition à l'acte de manger. 

Cette culture autour de la nourriture n'a pas toujours été valorisée... Pas partout du moins.

C'est vrai... Mais aujourd'hui manger peut devenir une activité dangereuse. On est soumis à un système agroalimentaire qui peut nuire à notre santé. On sait que toutes les maladies qui nous touchent comme l'obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires ou neurodégénératives, les cancers, ont comme principale source nos modes de vie moderne. Et dans nos modes de vie moderne, il y a l'alimentation. Raison de plus pour faire attention à ce que l'on mange. 

Ce festival est tourné aussi vers la prise de conscience. Quand est-ce que vous l'avez eu, vous ?

J'ai eu la chance de grandir dans une famille où on a toujours eu conscience de ce que l'on mangeait. J'ai une maman d'origine corse qui est tombée amoureuse d'Uzès justement parce que cela lui rappelait son Sud. Elle a toujours eu cet appétit de bonnes choses et cette envie de nous transmettre des valeurs autour de l'assiette, de l'alimentation, de la table, de la convivialité, des déjeuners en famille... 

Quel était votre pêché mignon quand vous veniez à Uzès ?

J'en ai eu pas mal. J'adorais aller au marché de la place aux Herbes. J'ai découvert ce qu'était la brandade de morue, j'ai fait connaissance de façon plus complète avec le pois chiche. Sans parler des vins avec le Duché d'Uzès ou même Tavel quand on va un peu plus loin. Je suis aussi allé à Vézénobres, un village spécialisé dans la figue qui est mon fruit préféré. Il y a ici une cuisine intéressante, baignée de soleil, avec une multiplicité d'influences. Uzès est un formidable trait d'union entre le Languedoc et la Provence, avec la Camargue qui est à côté aussi. 

Pour cette première édition de "Saveurs & Savoirs", vous faites venir des chefs renommés comme Pierre Gagnaire, Anne-Sophie Pic, Jean-François Piège. Quels sont les temps forts de ce festival ?

Ces têtes d'affiches que vous avez citées ont plusieurs étoiles et des choses à nous dire sur la valeur de leur travail et sur leurs livres. Mais je suis content de faire aussi des conférences avec des personnes moins connues mais qui sont très intéressantes. Je pense à la conférence du dimanche matin avec Anthony Berthou qui est un des nutritionnistes les plus reconnus au monde et qui a écrit un livre chez Actes Sud "Du bon sens dans notre assiette". Il aborde un autre aspect, celle de la nutrition et de la diététique. Cette approche scientifique, quasiment médicale, de la gastronomie est un angle qui m'intéresse beaucoup. On reçoit aussi des talents locaux car on ne voulait surtout pas faire un festival de Parisiens à Uzès. Il y aura une conférence avec les restaurateurs du coin qui parleront de leurs produits préférés, une autre sur le vin nature beaucoup pratiqué dans la région qui soulève un vrai débat de société. Sans oublier les avant-premières organisées au Capitole avec l'ami Laurent Delmas, qui est à France Inter avec moi et qui est lui un pur Uzétien. 

On est dans une période où on parle beaucoup de fait maison, de produits locaux... Les émissions de cuisine sont beaucoup regardées, votre émission radio sur France Inter dépasse 1,7 million d'auditeurs. Vous le sentez cet engouement ?

Oui, je le sens au quotidien et ce n'était pas le cas il y a une vingtaine d'années. La cuisine est peut-être une valeur refuge dans un contexte où tout est anxiogène. Compte-tenu de l'inflation, du prix de l'énergie, on cherche aussi à manger sainement mais avec un budget qui diminue. Là aussi, il y a un enjeu qui fait que les gens s'intéressent à la question. 

Pour conclure, vous avez écrit plusieurs livres "On va déguster" sur Paris ou encore sur l'Italie. Est-ce qu'on pourrait imaginer un tome sur Uzès et qu'y aurait-il dedans ?

Il y aurait toute cette complexité culturelle et historique. Il y aurait beaucoup de vins, des recettes comme la fougasse, la brandade de morue, la gardiane de taureau et la truffe bien sûr, qui est le diamant noir d'Uzès. On pourrait parler du cavage, des traditions de cueillettes sauvages que l'on trouve dans la garrigue. Il y aurait de quoi faire. 

Festival "Saveurs & savoirs", les 13, 14 et 15 octobre, à Uzès. Programmation complète et détaillée à retrouver sur le site Internet en cliquant ici. Certaines séquences sont gratuites, d'autres payantes (6€). Elles se déroulent principalement à l'Ombrière et au petit amphithéâtre de la Librairie de la place aux Herbes.

À relire sur le même sujet : www.objectifgard.com/gard/bagnols-uzes/uzes-culture-et-gastronomie-au-menu-de-saveurs-savoirs-115793.php

Marie Meunier

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