Publié il y a 6 mois - Mise à jour le 16.10.2023 - Marie Meunier - 2 min  - vu 1150 fois

BAGNOLS/CÈZE De nombreux professeurs du lycée Einstein exercent leur droit de retrait ce lundi

lycée einstein bagnols

Une grande partie des professeurs du lycée Einstein ont fait valoir leur droit de retrait ce lundi 16 octobre.

- photo Marie Meunier

Au lycée Einstein de Bagnols-sur-Cèze, une grande partie des professeurs n'ont pas fait cours ce lundi 16 octobre. Ils appliquent leur droit de retrait en lien avec l'assassinat de leur collègue, à Arras. 

Aux alentours de midi, 76 professeurs du lycée bagnolais avaient déjà signé leur droit de retrait. "Et ce nombre est évolutif", assure un des enseignants signataires. Il nous explique la raison : "De 8h à 10h, l'ensemble des professeurs s'est réuni avec le proviseur et l'inspecteur de secteur. On n'a pas eu l'autorisation de faire un hommage collectif dans la cour du lycée, tous ensemble avec les élèves. On nous a dit de le faire plutôt dans nos classes. Ça a été mal perçu par pas mal de collègues." Certains ressentent du "désolement, de la peine, de la colère", ce droit de retrait "est très unitaire", assure un autre professeur d'enseignement général du lycée bagnolais. 

Ce dernier rebondit : "Il nous tenait à coeur de faire un hommage avec tout le corps enseignant, la communauté éducative, les agents, les personnels dans la cour. Apparemment, c'est quelque chose que l'on refuse absolument au niveau du rectorat et du ministère. Les profs doivent se débrouiller par eux-mêmes dans leur petite salle." Question de "sécurité", a priori, selon ce professeur. "Rassembler les élèves dans la cour n'est-ce pas gérable ? Même si certains font du chahut, on peut les identifier et les sanctionner sévèrement", raisonne-t-il.

"C'est la symbolique qui est en jeu"

Il insiste : "C'est la symbolique qui est en jeu. On veut absolument réunir les gens, rendre hommage à un collègue qui a été assassiné. C'est au-delà d'un petit rendez-vous en classe en tête-à-tête." Et d'ajouter : "Sous couvert de sécurité, de "attention ce n'est pas le moment vu le contexte", on ne peut pas faire une minute de silence ensemble. Si là on ne peut pas, imaginez dans des circonstances beaucoup plus "risquées", qu'est-ce qu'on ferait ?"

Une autre collègue se dit en plus "humainement incapable de prendre en charge les élèves aujourd'hui et de faire cours comme si de rien n'était". Elle se rappelle déjà qu'il y a trois ans, après l'assassinat de Samuel Paty, elle avait ressenti un "grand désarroi de se retrouver face aux élèves". Même si elle comprend qu'il existe des "risques" et qu'il y a des consignes, elle tenait à cette minute de silence tous ensemble "à la fois solennelle et qui marque les esprits". "Si on ne montre pas aux élèves qu'on est unis face à ces actes barbares, on fait comment ? On ne peut pas leur véhiculer les valeurs que l'on aimerait." Elle espère que les parents comprendront la démarche des professeurs. 

Un rassemblement programmé ce soir à 18h, devant la mairie

Contacté par Objectif Gard, la direction du lycée Einstein ne peut s'exprimer. Elle nous a renvoyé vers le rectorat qui a été contacté à midi et doit s'exprimer à ce sujet "le plus rapidement possible". 

Un moment de recueillement a finalement été autorisé à 14h, entre enseignants et personnels, mais pas avec les élèves, selon une enseignante. Certains professeurs iront aussi au rassemblement prévu à 18h, ce lundi, devant la mairie de Bagnols-sur-Cèze. Il a été inité par la FSU, rejointe par l'ensemble de l'intersyndicale de l'éducation FSU, FO, Sgen-CFDT, SE-UNSA, Sud Éducation, CGT Éducation et Snalc ainsi que les parents d'élèves FCPE. Deux autres rassemblements sont prévus à Nîmes et à Alès. 

Marie Meunier

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