Publié il y a 1 mois - Mise à jour le 17.03.2024 - Propos recueillis par Marie Meunier - 4 min  - vu 441 fois

L'INTERVIEW Evan Chakir-Vergier, harcelé au collège, lance son association : "C'est un acte de résilience"

evan chakir-vergier

Evan Chakir-Vergier, Villeneuvois de 18 ans, a fondé son association "Help for free world" en octobre 2023.

- photo Marie Meunier

À 18 ans, Evan Chakir-Vergier a fondé son association "Help for free world" et veut lutter, sensibiliser au harcèlement scolaire et cyberharcèlement. Le jeune homme originaire de Villeneuve-lez-Avignon en a lui-même été victime au collège. Il souhaite transformer cette douloureuse expérience en quelque chose de positif. 

En octobre 2023, Evan Chakir-Vergier a créé officiellement son association "Help for free world". Aujourd'hui étudiant épanoui en sciences politiques à Montpellier, le jeune homme originaire de Villeneuve-lez-Avignon a vécu des moments difficiles au collège. Victime de harcèlement, il a décidé d'en faire sa cause. 

Objectif Gard : Vous avez fondé votre association il y a quelques mois, en quoi consiste-t-elle ? 

Evan Chakir-Vergier : L'association "Help for free world" est spécialisée dans la lutte et dans la sensibilisation contre le harcèlement scolaire et contre le cyberharcèlement. J'ai créé cette association car j'ai moi-même été victime de harcèlement scolaire de la 5e à la 3e lorsque j'étais au collège à Avignon. C'est un acte de résilience. Après avoir vécu tout ça, je voulais en faire quelque chose de positif. Et essayer de puiser dans l'expérience que j'ai vécue, une manière d'aider les autres. Beaucoup d'anciennes victimes de harcèlement s'engagent car ça leur tient à cœur. (...) J'ai pris conscience que pour avancer, il fallait que je m'engage pour aider ces jeunes qui vivent ou ont vécu la même chose que moi.

Comment l'aventure "Help for free world" a-t-elle débuté ?

À la base, "Help for free world" est une page Instagram. J'y répertoriais des contenus numériques en lien avec le harcèlement et le cyberharcèlement. Il y a eu un pic avec près d'un demi-million de vues sur la page. J'ai voulu créer officiellement cette association pour avoir une présence physique. La lutte ne passe pas que par les mots et Internet mais aussi par l'action. 

Quelles sont les différentes actions de votre association justement ?

On essaie déjà de se faire connaître et on travaille avec d'autres associations. (...) À peine un mois après la création officielle de l'association, on a participé à une grande réunion internationale aux Nations Unies, à Genève, sur les climats scolaires, le harcèlement scolaire, le cyberharcèlement, les violences à l'école. On a contribué à essayer de créer un texte international sur les violences et le climat scolaire avec d'autres associations, le tout coordonné par l'ONG Campus watch. 

Comment l'avez-vous vécu ?

J'ai pris la parole deux fois, c'était très impressionnant. (...) En avril prochain, toutes les personnes qui ont participé à cette réunion se revoient au Palais des papes d'Avignon. On va finir d'amender un texte que l'on va proposer au secrétaire général des Nations Unies. Dedans, il y aura plusieurs articles définissant ce qu'est un climat sain et positif, une bonne scolarité... On va essayer que cela vienne en complémentarité du texte de la Convention internationale des droits des enfants. On aimerait que notre texte soit ratifié par les États et ait des effets juridiques sur les politiques des pays. (...) Aujourd'hui, en France, on voit que le travail de justice est très lent alors que depuis des années, des familles demandent que l'on puisse reconnaître le statut de victime de leur enfant car il a vécu un véritable calvaire. 

Quelles sont les valeurs qui animent votre association ?

Le but, c'est aussi de démystifier, de lever les a priori sur le harcèlement scolaire. C'est un sujet médiatique car les gens sont attachés au bien-être des enfants. Mais il faut aller au-delà de cette vision simpliste et s'interroger sur de réelles problématiques...

Oui car il y a le harcèlement au moment T. Mais aussi toutes les répercussions durant la vie adulte. 

Ça affecte en termes de relations sociales, du rapport avec les autres. Beaucoup de gens ont développé des phobies sociales. Moi-même, j'ai été victime de harcèlement de la 5e à la 3e. Au début, on ne se sent pas victime. On y voit des moqueries, des taquineries, du bizutage. Quand on en prend conscience, on ne peut plus supporter. Aller en parler aux adultes est un pas énorme.

Est-ce qu'au travers de votre association, vous sensibilisez, prêtez une oreille attentive aux victimes ?

On les oriente. Je ne suis pas psychologue, on travaille avec des professionnels pour accompagner au mieux les jeunes, pour qu'ils puissent témoigner, se libérer d'un poids. On les suit aussi dans leur reconstruction. Une dizaine de personnes nous ont déjà contactés. Notre siège social est à Villeneuve-lez-Avignon. On intervient dans le Grand Avignon principalement, dans le Gard et aussi à Montpellier. On est une dizaine d'adhérents pour l'instant.

Quelle est votre définition du harcèlement scolaire ? 

Le harcèlement scolaire se traduit par deux critères : de la violence qu'elle soit physique, morale, psychologique ou numérique, et de la répétition. C'est la répétition qui va ancrer, selon moi, la gravité du harcèlement. C'est une intention volontaire de nuire à un camarade de classe, à quelqu'un sur les réseaux. On n'est pas tous d'accord sur une définition commune mais il y a quand même des termes récurrents : l'emprise des harceleurs sur les victimes, le chantage parfois...

Quel est l'enjeu au niveau local ?

Il faut faire prendre conscience aux établissements scolaires qu'ils peuvent se réunir pour évaluer leur climat scolaire. Je dois rencontrer prochainement l'adjoint villeneuvois à l'enseignement primaire et secondaire pour essayer d'aider au mieux les élèves sur la commune. Il existe un numéro national qui est le 30 20, mais est-ce que les élèves le connaissent ? (...) Beaucoup de jeunes créent aussi des comptes sur TikTok, Instagram et peuvent voir des images violentes comme le jeu des écharpes, et les reproduisent à l'école. Il y a cette portée-là qu'il ne faut pas négliger non plus. Les adultes ne savent pas forcément ce qu'il se passe sur ces réseaux. 

Plus d'informations à helpforfreeworld@gmail.com

Propos recueillis par Marie Meunier

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