Publié il y a 1 an - Mise à jour le 06.03.2023 - François Desmeures - 3 min  - vu 1039 fois

SAINT-JEAN-DU-GARD Environ 150 participants à la journée festive autour du projet collectif pour la Borie

(photo François Desmeures)

Construite autour d'un moment partagé et de sessions d'informations sur le projet mené par Terre de Liens et une société civile immobilière (SCI), la journée festive à la maison Mazel a permis aux porteurs de projet d'attirer des personnes nouvelles. Mais la souscription est encore loin du compte.

Une bonne centaine de personnes ont pu, dans l'après-midi, échanger sur le projet • (photo François Desmeures)

Le montant que la journée aura permis de drainer n'était pas connu en fin d'après-midi. Mais la satisfaction des organisateurs était, ce samedi, d'avoir intéressé au projet de nouveaux acteurs qui n'avaient pas encore été aperçus lors de la réunion publique de la fin janvier (relire ici). À la maison Abraham Mazel, face au site de 27 hectares de la Borie, résonnait encore, ce samedi, la lutte qui a vu l'abandon du projet de barrage, en 1992. Même si certaines personnes présentes n'avaient pas pu connaître la mobilisation de l'époque. 

Comme ce jeune homme né en 1996, qui "en a entendu parler dans le groupe de gilets jaunes de Quissac" et vient pour information. Au stand d'accueil, Michel Launay, pour Terre de Liens, réexplique inlassablement le projet partagé entre Terre de Liens et la SCI la Borie. Il détaille également la situation actuelle de la vente, la mise à disposition du bien dans trois agences différentes, la volonté municipale devendre en deux lots, etc. 

À l'arrivée des participants, Michel Launay, pour Terre de Liens, détaille son projet agricole • (photo François Desmeures)

Tandis qu'un diaporama montre mobilisation passée et dresse quelques grandes lignes du projet, les premières questions interviennent dans la maison Mazel, sur la mutualisation éventuelle des sources, le droit de passage éventuel entre futurs résidents, la récupération des eaux pluviales. L'un des membres de Terre de Liens relate la visite furtive des lieux, en tant qu'acheteur potentiel, à l'automne. Une visite précédée et suivie par deux maçons chargés de rouvrir et de refermer les fenêtres bétonnées, pour en interdire le passage, et sous le regard de deux gendarmes. 

André Migayron (à droite) était maire de Saint-Étienne-Vallée-Française - et dans la lutte - au moment de l'abandon du projet de barrage • (photo François Desmeures)

Derrière les fourneaux, André Migayron s'affaire. Quand le projet de barrage fut annulé par le Conseil d'État, il combattait contre en tant que maire de Saiont-Étienne-Vallée-Française. "Je fais partie des dinosaures de la Borie, sourit-il, mais il y a une extinction de la race : tous les présidents des associations de défense sont morts." Désormais au conseil d'administration de l'association Abraham Mazel, il se souvient aussi que "la Borie fait partie des engagements où on gagne des amis. Mais on en perd aussi."

"La privatisation n'est pas compatible avec la vie en Cévennes et l'histoire de la lutte contre le barrage"

André Migayron, ancien maire de Saint-Étienne-Vallée-Française

La crainte de l'ancien maire lozérien, c'est "la privatisation, qui n'est pas compatible avec la vie en Cévennes et l'histoire de la lutte contre le barrage". Mais, loin des luttes qui avaient impliqué "les pays du refuge" ou encore "Rocard et je ne sais quel ambassadeur" André Migayron regrette de n'être "qu'entre locaux". "Est-ce qu'on aura la capacité financière ? C'est une course contre-la-montre parce que Ruas a mis des impératifs et créer une SCI, c'est intéressant mais ce n'est pas évident." 

Delphine Maillard et Patrick Pasanau ont détaillé leurs péripéties - parfois violentes- de plus de 15 ans de location • (photo François Desmeures)

L'échange de l'après-midi avec le public a ensuite permis à l'un des agriculteurs, Frédéric Blanc, de détailler son projet sur le site. Delphine Maillard et Patrick Pasanau, couple confirmé comme locataire de la mairie par les tribunaux, sont venus raconter son impossibilité, depuis deux ans, d'habiter dans leur maison louée, en partie détruite par les squatteurs et l'intervention municipale, et surtout mûrée par le propriétaire lui-même, c'est-à-dire la commune. Ils ont également donné le rendu du jugement, qu'ils attendaient depuis janvier, sur les 56 000 € de loyers réclamés par la commune : ils ne doivent finalement qu'un an de loyer, soit 4 800 €. 

Mais c'est le projet de tiers-lieu qui a soulevé le plus de questions. C'est aussi celui sur lequel plane le plus grand nombre d'incertitudes, et qui nécessite une participation financière. Ce samedi aura permis à la SCI d'engranger un centième participant. La souscription atteint désormais les 27 000 €, bien loin des 100 000 ou 150 000 € attendus pour déclencher un emprunt de la Nef, nécessaire pour ateindre les 350 000 €. "Ferronerie, petite scierie, réapprendre des gestes de valorisation, implanter une clède..." Les idées ne manquent pas mais leur rentabilité est interrogée, les travaux à mener dans les bâtiments aussi, tout comme les modalités de remboursement d'emprunt. "Les parts sociales que vous achetez seront transmises à vos enfants ou vos conjoints". Histoire d'inscrire la Borie dans un patrimoine familial et collectif, en plus du patrimoine historique des Cévennes. Mais, pour l'instant, l'avenir des lieux reste bien incertain. 

Un tee-shirt vestige de la lutte remportée il y a 31 ans • (photo François Desmeures)

François Desmeures

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