GARD « Chez les pompiers, la minorité décide pour la majorité »
Objectif Gard : Après un mois de conflit, pourquoi réagir seulement maintenant au conflit qui oppose le Département aux pompiers du Gard ?
Samuel Mathis : Il y a une erreur dans votre question ! Vous parlez des pompiers du Gard. Mais de qui exactement ? Cette grève concerne uniquement les pompiers professionnels et non les volontaires. Dans leur communiqué du 10 novembre, les syndicats des SPP* laissent entendre que tous les pompiers sont concernés. Ce n’est pas le cas !
Pourquoi ?
Parce que nous ne sommes pas sur les mêmes revendications. Les pompiers professionnels veulent le recrutement d’autres pompiers professionnels ! Mais leur grève est bien née suite aux agressions des agents ? Ce sont ces mêmes agressions qui ont justifié leur campement pendant trois semaines sur l’avenue Feuchères… Dites-moi quel est le lien entre les agressions et l’embauche de pompiers professionnels supplémentaires ? Dans l’accord qui va être signé avec le Département, on ne parle même plus de ces agressions ! En fait, la communication a été d’utiliser les agressions pour demander tout ce qu’ils voulaient demander… Ça a été la porte d’entrée pour faire adhérer les citoyens à leur mouvement. Tant que l’intersyndicale ne parlait pas en autre nom ça allait. Mais maintenant, c’est différent.
Quelle est votre légitimité au sein des pompiers du Gard ?
Les pompiers volontaires représentent 2 000 agents contre un peu plus de 600 pour les professionnels*. Sur ces 2 000, nous avons 700 adhérents ! Notre syndicat été créé en 2014 à la demande du président Alexandre Pissas et des élus. L’objectif est de permettre aux pompiers volontaires de défendre leurs intérêts. Avec le syndicat SUD, le dialogue est inexistant. D’ailleurs à l’époque, ils ont contesté notre syndicat. Ils ont dit que nous n’étions pas des travailleurs professionnels et donc, que nous n’avions pas de droit syndical.
Les syndicats des pompiers professionnels se mobilisent pour défendre leurs droits. Vous, que faites-vous ?
Nous sommes volontaires ! Ça signifie que la semaine nous avons un travail, une famille… Nous sommes plus difficiles à mobiliser. Et puis, si on commence à se battre pour rappeler la nature du modèle de sécurité civile… On a pas le temps !
La « nature de la sécurité civile », c’est-à-dire ?
Le modèle de sécurité civile français est basé sur le volontariat. Dans les casernes, il y a plus de pompiers volontaires que professionnels. C’est la minorité forte qui décide pour la majorité silencieuse !
Qu’est-ce que vous réclamez aujourd'hui ?
Pour nous, le problème est ailleurs. Nous alertons la direction du SDIS sur l’évolution des coûts de fonctionnement à venir. Le législateur a donné l’opportunité aux pompiers de monter en grade. C’est très bien... Mais ça va occasionner des dépenses supplémentaires pour les prochaines années. Le SDIS a-t-il prévu de les financer ? Par ailleurs, il y a un taux important de turn over chez les pompiers volontaires. Or, recruter des volontaires, les former… Ça coûte !
Quelles sont les raisons de ce turn over d’après vous ?
Les pompiers volontaires sont trop souvent considérés comme une variable d’ajustement, mobilisables quand les pompiers professionnels ne sont pas disponibles ! Du coup, ils n’ont plus de plaisir à sacrifier leur vie de famille et leurs loisirs pour vernir dans les casernes. Nous voulons une autre politique de management.
Propos recueillis par Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com
*SPP : Sapeurs-pompiers professionnels.
*La plupart des pompiers professionnels ont un engagement volontaires.
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