FAIT DU JOUR Hommage : il y a quarante ans, Nimeño II...
Les Nîmois et le peuple de l'aficion n'ont pas oublié Nimeño II. Adopté par la cité des Antonin, il y a quarante ans jour pour jour, le 28 mai 1977, le torero prodige d'ascendance auvergnate né à Spire (Allemagne) recevait l'alternative (*) au cœur des arènes de Nîmes devant 18 000 personnes, guidé par ses mentors José María Manzanares et Ángel Teruel et accompagné de son frère Alain...
Il a désormais une statue à son effigie devant la place des Arènes. Tout un symbole... Trop tôt décédé le 25 novembre 1991 à l'âge de 37 ans, Christian Montcouquiol, alias Nimeño II, était devenu l'enfant chéri de toute une ville et des passionnés de tauromachie. Dimanche, c'est devant sa statue que s'était donnée rendez-vous une soixantaine de personnes pour un moment de recueillement en hommage à celui qui restera comme un modèle de gentillesse, de courtoisie, de courage et de modestie pour tous ceux qui ont eu la chance de croiser sa route.
Élégante septuagénaire, Françoise la Nîmoise est de ceux-là : "C'était un garçon exceptionnel. Il avait beaucoup de qualités de cœur. Il était très abordable et parlait volontiers à tout le monde et répondait aux sollicitations avec gentillesse. Quand on le croisait en ville il saluait tout le monde. C'est dommage qu'il soit parti comme ça... Il a été un exemple, une référence, pour beaucoup de jeunes toreros. Je me souviens qu'il aimait beaucoup la musique. Au début de sa carrière, avant qu'il soit connu, quand il n'avait pas de travail, l'hiver, il installait des verrous..."
À l'initiative de ce rassemblement, passionné de tauromachie s'il en est, Jean-Charles Roux explique : "En discutant avec un ami, nous nous sommes aperçus que rien n'avait été organisé par la municipalité ou les clubs taurins pour célébrer l’anniversaire de la prise d'alternative de Nimeño II. Il y a 72 heures, via les réseaux sociaux, nous avons invité les gens à venir lui rendre hommage. Cet appel a été très bien relayé. L'important aujourd'hui n'est pas que nous soyons des centaines et des centaines mais de marquer le coup. Rien n'était préparé ni prémédité, nous sommes des aficionados indépendants. Tout ça est spontané... J'ai personnellement eu la chance de vivre de très bons moments avec lui, dans l'arène et au dehors. Cet hommage est la moindre des choses..."
Au final, après le passage furtif de nombre d'anonymes venus déposer une fleur au pied de la statue avant de repartir aussi vite qu'ils étaient venus, ils étaient encore une grosse soixantaine à l'heure d'entendre un court discours improvisé par Jean-Charles Roux, puis un poème du même dédié à Nimeño II, lu par une tierce personne. L'informelle cérémonie se terminait par une reprise collégiale a capella de l'air du Toréador du Carmen de Bizet, entonné par Jean-Charles Roux, et par une longue salve d’applaudissement à l'adresse du torero prodige. Ne restait plus aux visiteurs et amis qu'à déposer de nouvelles fleurs sur la statue du regretté Christian Montcouquiol. Mais pour paraphraser Édith Piaf, ''Non, rien de rien, non, Nîmes n'a rien oublié''...
Philippe GAVILLET de PENEY
philippe@objectifgard.com
(*) l'Alternative est une cérémonie durant une corrida au cours de laquelle un novillero devient matador de toros