Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 14.05.2022 - norman-jardin - 5 min  - vu 5892 fois

FAIT DU JOUR Sébastien Piocelle (ex-Nîmes Olympique) : « Notre bus est resté bloqué à 400 mètres du stade des Costières »

Sébastien Piocelle se souvient de ses années nîmoises (Photo Yannick Pons) - @Yannick PONS

Sébastien Piocelle (à gauche) avec le maillot de Nîmes Olympique [Photo via MaxPPP] • © JEAN-CLAUDE AZRIA / WORLDPICT
Après avoir joué notamment à Nantes et Bastia, Sébastien Piocelle a porté le maillot du Nîmes Olympique de 2011 à 2013. Il s’est ensuite occupé du recrutement au centre de formation du NO. Aujourd’hui l’ancien Crocodile est consultant à RMC et il a la charge de l’organisation de la Champion’s cup, un rassemblement de U11 et U15 féminines. À 43 ans et avant la confrontation entre Gardois et Corses ce soir (19h) pour la 38e et dernière journée de Ligue 2, l’ex-milieu de terrain se replonge dans ses années nîmoises.

Objectif Gard : Pourquoi avoir choisi de venir à Nîmes en 2011 alors que le club se trouvait en National ?

Sébastien Piocelle : J’étais en fin de carrière et il fallait faire des choix familiaux. Cela faisait deux ans que mes filles étaient scolarisées à Arles, après avoir passé plusieurs années en Italie. Je n’avais pas une grosse envie de bouger, à moins d’une grosse proposition et elle n’est pas arrivée. Il y avait des contacts avec Châteauroux et Nantes qui étaient en Ligue 2.

Et finalement la proposition de Nîmes est arrivée...

Oui et bien que le club soit tombé en National, il conservait le statut professionnel. J’ai signé parce que je connaissais la passion des supporters et c’était aussi proche de mon domicile.

Pour votre première saison au NO, le club est promu en L2, que représente cette montée pour vous ?

Quand on monte et que l’on est champion de National, ça reste un titre, même mineur. Je retiens surtout l’état d’esprit du groupe. Il y avait certains jeunes qui commençaient à percer comme Nicolas Benezet, Renaud Ripart et d’autres avec plus d’expérience, par exemple Vincent Carlier, Benoît Poulain et Cyrille Merville. Nous avions une certaine pression car Nîmes était le gros club et tout le monde voulait nous battre.

« Jean-Louis Gazeau a contribué à la montée de Nîmes en Ligue 1 »

Quels étaient vos rapports avec les supporters nîmois ?

C’est le seul club où je n’ai pas eu des rapports proches avec les supporters. Je ne l’explique pas car je ne lâchais rien sur le terrain. Je ne suis peut-être pas assez allé vers eux. Aujourd’hui, quand je reviens à Nantes ou à Bastia, les gens sont toujours très contents de me revoir. Mais à Nîmes je ne suis pas resté assez longtemps.

Quel style de président était Jean-Louis Gazeau ?

Il était un peu papi tranquille. Parfois ça manquait de risque mais on ne peut pas lui en vouloir et il apportait de la stabilité. Je crois que le travail de Jean-Louis Gazeau a contribué, quelques années plus tard, à la montée de Nîmes Olympique en Ligue 1.

Sébastien Piocelle et Patrick Cubaynes, deux anciens Crocodiles (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Avec Thierry Froger et Victor Zvunka vous avez connu deux entraîneurs. Quels étaient vos liens avec chacun d'entre eux ? 

J’avais de très bons rapports avec Thierry Froger et j’ai été déçu de son départ car même s’il avait un caractère bien trempé, il avait redressé le club. Il me faisait confiance et j’étais un de ses relais. Ça a été plus compliqué avec Victor Zvunka. Il m’avait vendu le rôle de celui sur lequel on s’appuie et de joueur de vestiaires. Mais il ne m’a pas donné cette carte-là. Après avec les entraîneurs qui ont un fils agent, c’est toujours compliqué. Avec le recul je ne lui en veux pas.

« Nous avons terminé à pied en passant devant les supporters nîmois »

Vous avez connu les derbys Nîmes – Arles-Avignon qui pouvaient être chauds, n'est-ce pas ? 

Oui et j’ai le souvenir que lorsque je jouais à l’ACA que nous sommes venus jouer un match à Nîmes et notre bus est resté bloqué à 400 mètres du stade des Costières. Nous avons terminé à pied en passant devant les supporters nîmois, c’était particulier. Ce jour-là nous étions en retard et c’était souvent la cas avec notre coach, Michel Estevan.

En 2014, vous faites votre retour à Nîmes, mais cette fois pas sur le terrain...

J’étais parti pour rejoindre Jean-Marc Conrad au Pontet, qui avait été mon président à Arles. Je savais qu’il allait reprendre un club et je l’ai suivi au NO.

Quel était votre fonction ?

Je devais m’occuper du recrutement au centre de formation avec Bernard Blaquart qui était directeur du centre. Mais ma mission a été très courte, environ huit mois, puisqu’après il y a eu l’affaire des matchs truqués. Je n’ai jamais été inquiété dans cette histoire. Mais tous ceux qui faisaient partie de la garde rapprochée de Conrad ont été éjectés et j’étais dans le lot.

« Nîmes Olympique devrait être la priorité mais il ne passe jamais en priorité »

Qu’avez-vous pu réaliser pendant votre période au recrutement ?

Je n’ai pas trop eu le temps, mais nous avons fait venir Théo Sainte-Luce. Les autres jeunes, comme Buades et Guessoum ont été repérés par Bernard Blaquart qui a un très bon œil pour ça.

Au mois d’avril dernier vous avez posté un message sur les réseaux sociaux où vous exprimiez votre désaccord sur la gestion du président-actionnaire Rani Assaf. Que lui reprochez-vous ?

À peu près tout. Je n’aime pas ceux qui se présentent en sauveur de la patrie, parce que les histoires on les raconte un peu comme on veut. Certes, il a été là à un moment où il fallait mettre un peu d’argent et bâtir quelque chose, mais il n’était pas seul. C’était une opportunité pour lui.

Que vous inspirent les rapports tendus entre Rani Assaf et une partie des supporters ?

C’est aussi le cas dans d’autres clubs où l’actionnaire enlève une certaine âme, l’ADN. Je ne parle même pas de sa décision d’abandonner l’agrément du centre de formation. En fait c’est un tout.

« Dans cette situation, le maintien est presque un exploit »

À Nantes, dans votre ancien club, le président Valdemar Kita est aussi très contesté par les supporters...

Je n’aime pas Kita. Ça fait 15 ans qu’il est là et il a vraiment mis son argent, même s'il a fait beaucoup d’erreurs.

Quand avez-vous connu le président du Nîmes Olympique ?

Quand il est arrivé avec Jean-Marc Conrad. Il est discret et fait les choses en toute discrétion.

L’arrivée de Nicolas Usaï au mois de janvier est-elle une bonne chose pour Nîmes Olympique ?

Oui, il fait du très bon travail et dans cette situation tendue entre la direction du club et les supporters, le maintien est presque un exploit.

Que devenez-vous depuis votre départ de Nîmes ?

Cela fait quatre ans que je suis à consultant à RMC. J’adore faire ça et ça me permet de rester proche du monde du football. En parallèle, je m’occupe de la Champions cup (grand rassemblement de U11 et U15 féminines) qui me prend beaucoup de temps.

Un retour dans le football professionnel était-il envisageable ?

Bien sûr ! Après je suis lucide, ce n’est pas évident d’intégrer une cellule professionnelle. J’ai passé mes diplômes d’entraîneur en 2016 mais je n’ai pas eu d’opportunités et j’ai entraîné à Cavaillon en amateur. Mais je ne suis pas focalisé sur un retour car ce que je fais maintenant me plaît.

Propos recueillis par Norman Jardin

Norman Jardin

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