FAIT DU SOIR L'audace et le panache au service d'un vin de passionné
À Gallician, au sud de l’appellation des Costières, dominant les étangs du Charnier et du Scamandre, le mas Mellet est un domaine viticole qui offre une nouvelle vision du vin.
Le vin est le sang de la Terre. Quand on le boit on revient aux sources. Jouissant d’une sale réputation faite sur la longueur et une certaine vérité historique, le sud de la France est un gros producteur de nectar mais n’a pas l’image d’une qualité affirmée. Cependant, quelques vignerons sortent des sentiers battus, de la grande distribution et s’ouvrent à de nouvelles perspectives, plus saines et plus intuitives.
Brice Bolognoni est clair, « Il faut redorer le blason du Carignan ! Sur l’exploitation, nous avons près de 50 % de Carignan, en fait, mon Gamay à moi, c’est le Carignan. » Cette phrase résonne comme un coup de tonnerre dans le milieu. Un gros mot ? Une vulgarité ? Que nenni, une simple envie de faire du vin, du vrai vin. La biodynamie est la reine du domaine.
Avec sa compagne Émilie, ils se sont lancés dans une somptueuse mais doucement folle course au bien-être de leurs vignes. « Le vin a une mémoire, il faut faire des essais. Je veux faire des vins de vigneron, pas des vins d’œnologue. Chaque année je prends des roustes parce que je tente des choses sur environ 10 % du domaine et ça ne marche pas toujours ! Nous faisons reposer nos sols pendant quatre ou cinq ans, je ne veux pas de prime, pas d’emmerde, mais je suis plus rigoureux qu’au début… Je me sens plus libre mais c’est de plus en plus compliqué. Au début je ne faisais pas ce que je voulais, maintenant c’est le cas ! On embouteille nous-même nos vins et nous collons aussi les étiquettes… »
Au mas Mellet, la nature est au naturel. Rien n’est masqué ou traité. On travaille, on marche beaucoup entre les ceps, on teste, on tente, on retente. Rares, non, très rares sont les vignerons qui n’utilisent aucun intrant. J’ai bien dit aucun. La preuve.
« J’ai fait mes études au lycée agricole de Rodilhan et on ne parlait pas d’agriculture biologique. Nous nous sommes installés en 2003, j’avais 24 ans. La propriété était tenue depuis déjà deux générations, elle comptait 100 hectares mais nous n’en avons acheté que 25. Comme nous vivons sur place et que l’été nous mangeons à 15 mètres de la première rangée de vignes nous sommes très vigilants sur les produits chimiques et c’était très naturel de ne pas en utilise pour notre santé comme pour celle de nos sols et de nos clients. Nous n’utilisons pas d’intrants ! C’est juste du bon sens paysan, nous mettons des moutons, nous travaillons peu les sols et nous ne faisons pas de semi. »
Une philosophie digne des domaines réputés et surtout de ceux qui ont de l’avenir. Planté au milieu des Costières, le mas Mellet a des accents bourguignons. Brice aime ce genre de vin et s’attache à transposer l’idée qu’il en a sur son terroir.
« Je me bourguignonise ! Je n’ai pas appris tout ça à l’école mais j’aime bien boire du vin donc je veux faire de mon mieux. Je suis un accompagnateur, je respecte les sols, les vignes, les raisins et la finalité, les vins. On essaie d’être le plus doux possible. Cette année nous avons sorti 400 hectolitres que nous avons fait par la seule gravité, nous n’avons pas utilisé de pompe ! Presque tous nos vins sont pré-réservés, nous vendons des cuvées sous allocation sinon nous dispatchons notre production. Nos clients sont des militants. »
Forcément, les chefs étoilés connaissent bien la maison. À Nîmes, au Duende de l’Imperator, Nicolas Fontaine a tenu à mettre sur la carte des vins des cuvées du mas Mellet. « Nous avons beaucoup d’échanges avec Nicolas. Il est proche du terroir, j’aime cette approche, il est très ouvert mais il sait ce qu’il veut. Je ne bois pas mes vins mais je suis curieux des vins des autres. J’apprécie qu’il vienne nous voir, qu’il déguste, qu’il parle qu’on se donne des idées. »
Parfois, pour rester dans cette difficile mais noble voie, il faut faire des concessions et tenir bon. « Je ne veux plus de palissage ! Rien n’est naturel dans tout ça. On taille très bas pour limiter le circuit de sève et le stress hydrique. Nos vignes sont plantées en est-ouest. Nous taillons nos pieds en brûlant les branches directement dans les vignes à l’aide d’une petite charrette qui disperse les cendres. Cet exercice nous permet d’éviter le pré-taillage, les multiples passages en tracteur… Bref, on dérange le moins possible mais nous sommes obligés de taper au bon moment pour travailler dans les meilleures conditions. Par exemple, cette semaine, la lune est mauvaise ! Je n’ai rien inventé, on travaillait comme ça avant l’invention de la chimie. La chimie, c’est comme la cigarette mais il y très peu de vignerons qui sont restés des vignerons à l’ancienne. »
Des astuces, des pensées d’anciens et de réelles prises de décisions. Être Bio pour être Bio ne plairait pas à Brice. Il n’aime pas forcément les labels qui contraignent trop et qui vont parfois à l’encontre d’une agriculture raisonnée. S’il est Bio c’est avant tout son choix.
« Toutes les terres ont été désherbées et tout le monde s’y remet. Si tu n’es pas en Bio dans cinq ans, tu es mort mais comme toujours il y a Bio et Bio… Il faut savoir ce que l’on veut faire et le rendement que l’on veut avoir. Nous, nous travaillons beaucoup à l’export. Les vignerons sont plus ouverts. Il n’y a pas de donneur de leçon avec les vins faits à notre manière. Nous travaillons avec du vivant donc c’est toujours compliqué et si on rate une cuvée, c’est – 30 % de notre chiffre d’affaires qui s’envole. En fait, j’aime vendre du plaisir, je fais vraiment les vins que j’aime. »
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