Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 27.07.2021 - stephanie-marin - 3 min  - vu 2570 fois

JOBS D'ÉTÉ Lutte contre les feux de forêts : en piste avec les agents forestiers spécialisés

Bruno Duc, adjudant-chef à la caserne de Fournès et Yoann Szymanski, agent de protection de la forêt méditerranéenne à l'ONF. (Photo : Stéphanie Marin/ObjectifGard)

Le temps d’un été, découvrez ces métiers en plein boom à cette période de l’année. Pour le quatrième volet de cette série, nous avons suivi en patrouille Yoann Szymanski, agent de protection de la forêt méditerranéenne à l'Office national des forêts, et Bruno Duc, adjudant-chef à la caserne des pompiers de Fournès.

L'Office national des forêts compte en tout 190 agents de protection de la forêt méditerranéenne. (Photo : Stéphanie Marin/ObjectifGard)

Rester enfermé dans un bureau huit heures par jour, avec pour seule vue des murs de béton à travers une fenêtre... très peu pour lui. Yoann Szimanski est l'un des 190 agents de protection de la forêt méditerranéenne en action au sein de l'Office national des forêts (ONF), en charge du pilotage de la défense des forêts contre l'incendie (DFCI) pour le compte de l'État. Les missions de ces ouvriers forestiers varient en fonction des saisons. En hiver, ils entretiennent les ouvrages de DFCI, débroussaillent les pistes, interviennent sur les points d'eau etc. En période estivale, ils sont intégrés aux dispositifs départementaux de surveillance et bénéficient de l'appui de saisonniers. Certains sont perchés sur des tours de guet. Dans le Gard, on en compte quatre - il y en avait 18 il y a cinq ans mais d'autres dispositifs ont pris le relais tel qu'Horus 30, l'avion de reconnaissance des sapeurs pompiers du Gard - d'autres sillonnent et surveillent les secteurs identifiés à risque. 22 îlots situés dans le département, de Sommières à Bagnols-sur-Cèze, sont concernés.

Yoann fait partie des six APFM dédiés au secteur du Pont-du-Gard. Les patrouilles ne se font pas en solo, mais en duo avec un sapeur pompier. Au volant de son véhicule jaune surnommé Dangel en référence aux anciens véhicules utilisés par les patrouilleurs. Direction la caserne des pompiers de Fournès où l'attend l'adjudant-chef Bruno Duc. Il est 11 heures, l'ouvrier forestier spécialisé actionne le mode "patrouille" sur sa tablette et avertit par message radio le poste de régulation forestier (PRF) du Service départemental d'incendie et de secours du Gard, basé à Nîmes. Le binôme est fin prêt à mener sa mission jusqu'à 19h si tout se passe bien. Une mission que Yoann accomplit à chaque période estivale depuis 20 ans. Il est aujourd'hui le chef de base à Remoulins, mais aussi sapeur pompier volontaire à Fournès. "On ne peut pas dire que je m'ennuie", s'amuse-t-il. Mais bien plus qu'une hyperactivité, ses deux emplois témoignent de de son altruisme, au service des humains et la Mère Nature.

À bord de leur "Dangel" chargé de près de 700 litres d'eau, les patrouilleurs parcourent des centaine de kilomètres par jour. (Photo : Stéphanie Marin/ObjectifGard)

À l'intérieur de leur Ford Ranger chargé de presque 700 litres d'eau, les deux hommes observent le paysage, qu'ils trouvent joli oui, mais à la recherche d'un élément suspect, pouvant laisser craindre un incendie. Le duo est toujours sur le qui-vive, prêt à intervenir aussi en cas de message d'alerte de la part du PRF. Les yeux, les oreilles mais pas seulement : l'odorat aussi peut aider, nous en avons été témoin, lors d'un passage à Collias. Une délicieuse odeur de grillades s'est invitée dans l'habitacle. RAS, il s'agissait bien d'un barbecue allumé, mais chez un particulier, dans une propriété privée. Ce n'est pas toujours le cas. L'APFM se souvient de ce dimanche 27 août 2017 et ces 30 hectares dévorés par les flammes. "Nous sommes arrivés les premiers. L'incendie est parti d'un barbecue sauvage allumé en bordure du Gardon, dans un endroit inaccessible pour les secours. Il a donc fallu attendre que le feu atteigne l'arête pour pouvoir intervenir." Il ressent encore l'adrénaline du moment. Cet incendie avait mobilisé sept Canadair, quatre Tracker, deux Dash ainsi que près de 150 pompiers gardois.

En août 2017, 30 hectares de garrigues sont partis en fumée à Collias à cause d'un barbecue sauvage non maîtrisé. (Photo : Stéphanie Marin/ObjectifGard)

En cas de départ de feu, le binôme à bord du Dangel doit le signaler au PRF lequel déploie un dispositif d'intervention, puis sortir la lance pour éteindre ou du moins éviter la propagation des flammes. "L'an dernier, nous avions été avertis d'un départ de feu dans un coin de garrigue à Montfrin dû à une ligne électrique qui était tombée. Nous étions deux véhicules sur place et nous avons réussi à arrêter cet incendie qui aurait vraiment pu mal tourner", explique Yoann. Depuis les années 90, cette stratégie globale d'attaque des feux naissants a permis de réduire significativement le nombre d'incendies. D'après le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation, "les chiffres de la dernière décennie indiquent une baisse de 2/3 des surfaces forestières incendiées et une baisse d'1/3 du nombre de feux de forêts."

De gauche à droite : Matthias Daeden, officier forestier de permanence à la Direction départementale des Territoires et de la Mer, Stephen Royer, coordinateur DFCI à l'ONF, Yoann Szymanski, APFM et l'adjudant-chef Bruno Duc. (Photo : Stéphanie Marin/ObjectifGard)

Cette année, la saison qui a démarré au mois de juillet est plutôt calme, "la météo a été assez clémente jusque-là", commente Stephen Royer, coordinateur DFCI à l'ONF. Tout dépend de quel côté on se place, il n'est pas certain que les touristes aient cette même réflexion. Notons tout de même que sur la zone méditerranéenne, 95% des feux sont dus à la négligence humaine et un sur deux est volontaire. Malveillance, inconscience ou maladresse, les messages de préventions sont indispensables pour limiter les dégâts. C'est une des missions confiées aux APFM et aux pompiers lors de leurs patrouilles.

Stéphanie Marin 

Stéphanie Marin

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