JUSTICE Trois ans de prison pour « l’ermite » du Vigan
Le 8 février dernier, après avoir beaucoup trop bu et suite au refus d’un serveur de lui apporter une nouvelle bière, Paul, 50 ans, a foncé dans le bar « Le bon coin » au Vigan, à bord de sa Jeep.
Derrière ses faux airs de Jacques Dutronc et sa grosse barbe grisonnante, Paul, qui dit vivre en « ermite » dans sa cabane à quelques kilomètres du Vigan, n’en mène pas large dans le box du tribunal correctionnel d’Alès.
Encadré par deux gendarmes, le prévenu écoute la présidente Emilie Debasc retracer les faits. Ce 8 février, en fin de journée, Paul termine sa troisième bière au bar « Le bon coin » dans le centre du Vigan. Le quinquagénaire, en dépression chronique depuis longtemps, qui boit depuis tout aussi longtemps, a déjà bien consommé ce jour-là : un litre de vin rouge, trois grogs et autant de bières. Mais Paul n’en a pas assez, il veut une autre pression que le serveur lui refuse. L’ermite se lève…
Paul : « Je me suis trompé de traitement ! »
À l’extérieur du bar, Paul se dirige vers la Jeep empruntée à son frère. Il manœuvre lentement, place tranquillement l’avant de son véhicule face au troquet, fait vrombir le moteur et fonce dans le bar ! Il défonce la terrasse, explose la baie vitrée et finit sa course dans l’établissement. C’est un carnage. Les chaises ont volé, les tables aussi. Il y a du verre partout. Des clients sont au sol, blessés. Certains grièvement : le serveur aura 21 jours d’ITT et deux clients auront 6 semaines et 3 mois d’ITT. Après son coup de folie, Paul attendra sagement les forces de l’ordre qui le contrôleront avec un taux d’alcool dans le sang de 1,24mg/l.
- Ce jour-là, je me suis trompé de traitement : j’ai pris deux somnifères à la place de deux antidépresseurs, se justifie-t-il ce mercredi devant ses juges.
- Ça ne vous a manifestement pas trop endormi, regrette la présidente.
Quant aux explications sur son geste, les victimes devront repasser :
- Je ne sais pas quoi vous dire. Y avait aucune raison valable de faire un geste comme ça. C’est injustifiable : j’en voulais à personne (…) Je tiens à m’excuser auprès des victimes et de la propriétaire du bar. Je suis troublé par le mal que j’ai fait.
Altération du discernement
Les trois avocats des parties civiles demanderont plusieurs milliers d’euros pour le préjudice de leurs clients et seront unanimes quant au caractère volontaire du drame. Une thèse également soutenue par le représentant du ministère public, David Durand, qui y voit un acte intentionnel et qui demande quatre ans de prison dont deux avec sursis.
Pour la défense de l’accusé, Maître Julie Gras, s’appuie sur la personnalité « fragile et vulnérable » de son client. Elle s’appuie surtout sur le rapport du psychiatre qui indique que Paul est une personne « malade et dépressive » et que son discernement a été altéré. Un argument qui n’aura pas été retenu par le tribunal qui condamne Paul à une peine de trois ans de prison dont un avec sursis. Le maintien en détention a été prononcé. L’ermite va devoir s’acclimater à son nouvel environnement.