Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 06.06.2022 - anthony-maurin - 5 min  - vu 7059 fois

NÎMES EN FERIA Un Juli qui plaît à nouveau, un grand Talavante et un Tomas Rufo qui gracie Ennarrolado

Une grâce que l'on doit à Tomas Rufo pour sa présentation à Nîmes (Photo Anthony Maurin). - Anthony MAURIN

Le palco a tombé le mouchoir orange pour le sixième toro de la corrida de clôture du cycle nîmois de Pentecôte 2022. Les paris sont tenus, pour l'anniversaire des 70 ans de cette feria, un indulto a bien eu lieu (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Corrida de Victoriano del Rio et Cortés pour El Juli (oreille et salut), Alejandro Talavante (salut et deux oreilles) et la confirmation d'alternative de Tomas Rufo (salut et deux oreilles symboliques). Ennarrolado, le toro gracié était du fer de Cortés comme deux autres exemplaires de la course.

Corrida de clôture très inhabituelle pour une feria de Pentecôte. Pour faire rester les aficionados jusqu'au soir, l'empresa Casas avait mis les moyens. Des toros de Victoriano del Rio pour trois figuras. Le Juli qui est ici chez lui et qui connaît une deuxième jeunesse cette année, Alejandro Talavante qui est ce qu'il est et Tomas Rufo, un jeune matador en devenir qui ne cesse de triompher partout où il passe. Il aura donc fallu attendre la dernière corrida du cycle nîmois pour voir plus de belles choses qu'à l'accoutumée.

Tomas Rufo sur son premier, le premier de la course (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Comme lors de chaque présentation à Nîmes, le maestro, en théorie, confirme son doctorat. C'est ce qu'a fait Tomas Rufo sur son premier toro, le premier de la tarde. Appliqué, consciencieux, original dans sa démarche il lance bien la course avec un toro qu'il a su rehausser. Pas grand chose à dire à part cette première bonne impression.

Rufo avec Ennarrolado (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

C'est sur le dernier de la corrida que Tomas Rufo a poursuivi sa dynamique de sorties en triomphe grâce à un de chez Cortés, un que l'on aime voir et revoir. Ennarrolado, tel est son petit nom. Né en septembre 2017 et pesante 534 kilos, il porte le numéro 164. Dès son entrée en piste il va et il vient selon ses envies. La cuadrilla le laisse faire et Rufo aussi. Puis vient le tercio de varas pour lequel il fera tomber le cheval du piquero qui se relèvera immédiatement, tout seul et dans la seconde, quel cheval ! Ensuite ? Les banderilles. De très belles et très grandes paires signées Andrés Revuelta. Rufo le fait saluer, la foule adhère largement et récompense un pareil investissement. Maintenant, c'est à la muleta que tout se joue. Jusqu'ici, tout se passe bien, on pense que le toro va servir et Rufo couper. Bien couper. Peut-être un rabo qui sait ? C'est le dernier toro de la feria et à Nîmes on a toujours eu du mal à finir les choses. Mais la suite sera spéciale... Fernando Sanchez, un subalterne de Tomas Rufo, se planque derrière son burladero et entame sa sérénade. Il gueule, harangue, s'égosille. Il est le premier, au bout de deux minutes de faena, à crier à l'indulto. Ça ne prend pas mais ça va se décanter. Il siffle, il hurle, il poursuit son oeuvre pendant que son maestro fait du très bon boulot sur le sable. Deux ou trois spectateurs commencent à reprendre la chanson. Pendant ce temps, Tomas Rufo torée comme il se doit, il se passe le cornu d'un côté puis de l'autre mais il ne s'imagine pas encore la suite... Puis, il ralentit la cadence et espace ses séries. Il y songe enfin. Sans trop de demande, Frédéric Pastor, président de la corrida, tombe le mouchoir orange. Bronca dans les gradins. Peu de gens comprennent ce qui vient de se jouer. Un mélange de fébrilité, d'exaspération et d'excitation se dégage des lieux. Sans aucune pétition tant les choses se sont enchainées rapidement, le palco tombe deux autres mouchoirs blancs qu'il remballe rapidement si bien que le public requiert une paire de trophée symboliques, trop tard, déjà fait. fallait suivre. Ennarrolado est raccompagné au toril, Tomas Rufo fait sa vuelta dans une ambiance particulière, heureux de sortir en triomphe mai pas par la grande porte... Dommage, le public aurait sans aucun doute permis un trophée de plus et donc une sortie via la Porte des Consuls.

El Juli au capote, doux et soyeux (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Que ça fait du bien de revoir en piste un Juli motivé et prêt à casser les arènes en deux ! On a retrouver l'enfant chérit de Nîmes, sa fougue, sa grinta, son pouvoir et sa magie. Julian Lopez El Juli est un sacré bonhomme. rendez-vous compte qu'il est plus vieux en alternative que Tomas Rufo... tout court ! En plus de deux décennies il a tout apporté à Nîmes et Nîmes lui a bien rendu mais depuis quelques années les relations entre le Madrilène et l'aficion locale étaient un peu fraîches. La faute à pas mal de choses dont le Julipié, sa méthode infaillible mais très contestable de tuer l'animal. Depuis le début de la saison, le Juli revient fort et se rappelle à nos bons souvenirs. Ici, aura été très grand sur son premier. Mal payé avec une oreillette, le Juli ne perd pas pied mais rage en silence. Il faut dire qu'il y a de quoi, son toreo fut sobre, chirurgical, enjoué, profond, dynamique et est parvenu à tenir l'assemblée sous assistance respiratoire jusqu'à la fin. Un grand Juli.

Le Juli bataille un peu plus avec son second opposant du jour (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Le Juli touchera un autre Victoriano mais son comportement et ses capacités ne lui permettront pas de doubler l'exploit et de viser la Porte des Consuls. Par même celle des cuadrillas. Tantôt violent tantôt couard, le toro pousse le Juli dans des terrains qu'il n'apprécie guère même si ce maestro 4x4 va partout.

Talavante et toro sauteur (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Un autre torero que l'on se faisait un plaisir de voir fut Alejandro Talavante. Il saluera à l'issue de son premier duel mais le natif de Badajoz n'était pas habité par l'envie. Il rechigne presque à continuer le combat. Pourquoi ? Allez savoir ce qui se passe dans ces caboches de têtes brûlées... Talavante ne va pas plus loin mais termine en beauté avec des manoletinas de bon aloi. Il aurait même pu couper une petite oreille mais sa déroute au aciers lui ôte l'option.

Talavante, genoux vissés en terre pour allumer la mèche et faire exploser les arènes (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Ne vous inquiétez pas, Talavante est pire qu'un beau diable qui sort de sa boîte ! Lui ? Il se met à genoux pour accueillir, à la muleta, son opposant. Ce toro de Cortés est excellent. Talavante continue les genoux en terre et les yeux en l'air ! Oui, il regarde le public et fait passer le toro à quelques centimètres de sa tête. Les tendidos s'emballent, s'enflamment. La course change de ton et tout peut maintenant s'y passer. Des genoux au sol, Talavante enchaîne et délivre une dose d'endorphine à tout un chacun qui le regarde attentivement. Talavante s'envole sur sa planète mais nous embarque avec lui. Son final, au plus proche et avec un toro qui bondit encore, est carrément digne d'un final madrilène où un jeune novillero joue le tout pour le tout. On a retrouvé Talavante ! Des oreilles, logiques, même si la faena a connu quelques creux.

Ennarrolado de Cortés a été gracié (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

La sortie en triomphe par la porte des cuadrillas... (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Anthony Maurin

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