DIMANCHE VILLAGES À Lirac, les vignerons travaillent à la préservation des paysages
Le vin, c’est plus qu’une simple bouteille. C’est avant tout des hommes, des femmes, et un environnement.
« Nos paysages, c’est une carte postale et aussi une carte de visite », avance en guise de préambule le président de l’organisme de défense et de gestion (ODG) du cru Lirac Rodolphe de Pins à l’occasion d’un colloque du Syndicat général des Côtes du Rhône, jeudi après-midi à Lirac.
« Il y a un engouement des viticulteurs »
Des paysages et un environnement à protéger « non seulement des agressions extérieures, mais aussi des acteurs propres, la mission de la charte est une prise de conscience externe et interne », poursuit Rodolphe de Pins. Car les vignerons de Lirac, après avoir entendu parler de la charte du Syndicat général des Côtes du Rhône puis avoir vu l’application concrète d’un tel dispositif dans le Vaucluse, du côté de Vacqueyras et Beaumes-de-Venise, sont convaincus de l’utilité d’une telle charte. La preuve : « on a fait un état des lieux, et on a eu les réponses de 80 % des surfaces de l’appellation (soit une trentaine de viticulteurs, ndlr), ce qui veut dire qu’il y a un engouement des viticulteurs », affirme Rodolphe de Pins.
L’ODG Lirac s’est donc adjointe les services d’un bureau d’études, et a organisé une rencontre avec les vignerons : « c’est une démarche que tout le monde peut s’approprier », résume le président. D’ailleurs, le projet a également fédéré outre l’ODG, le syndicat général, Inter Rhône, l’Agence de l’eau, la Région, la Chambre d’agriculture ou encore l’Union européenne. « C’est un projet de territoire au sens où la démarche a pris en compte les enjeux locaux, avec une partie visible, les paysages, et une autre moins visible, qui est la protection de la ressource en eau, très liée à l’usage de produits phytosanitaires », explique Alexandre Durand, du bureau d’études Envilys.
Onze actions phares
Et tout a démarré par un diagnostic poussé, notamment de la topographie, pour dégager des zones à enjeux plus forts pour une meilleure efficacité dans la protection de la ressource en eau, entre autres. Globalement, la charte s’articulera autour de trois axes : la présentation et l’embellissement des paysages, des mesures agro-environnementales et de biodiversité et un volet promotion. « Il y a un travail mené avec les viticulteurs sur cette base à propos de l’évolution de pratiques culturales et d’aménagement du paysage », note Alexandre Durand.
Concrètement, 11 actions phares se sont dégagées, comme par exemple la définition de valeurs paysagères et d’axes à développer spécifiquement au cru Lirac, qui comprend notamment la création d’un itinéraire paysager balisé. La version définitive du programme d’actions doit être finalisée pour décembre 2017. « On est dans la première étape, on va faire des mini-projets et tester à petite échelle avant d’étendre à l’ensemble du territoire », précise Rodolphe de Pins. Cette démarche coûtera 150 000 euros sur trois ans, que l’ODG Lirac espère bien financer avec des aides publiques, dont celle de la Région.
Thierry ALLARD