FAIT DU JOUR Véronique, 51 ans, domiciliée au Mas de Mingue : "Un logement sain, c'est tout ce que je veux"
Après avoir habité Bouillargues, Véronique Faure et ses quatre garçons ont investi un appartement, propriété du bailleur social Habitat du Gard, situé dans le quartier du Mas de Mingue à Nîmes. C'était il y a 20 ans. Aujourd'hui la quinquagénaire n'aspire qu'à une chose, quitter ce logement infesté de moisissures.
"Je suis quelqu'un de discret, je l'ai toujours été, mais la situation n'est aujourd'hui plus tenable". À 51 ans, Véronique Faure vit avec trois de ses quatre enfants dans un appartement, au quatrième et dernier étage d'un immeuble situé rue Montaigne, au coeur du quartier du Mas de Mingue à Nîmes. Seule la famille franchit la porte de ce logement, "je n'invite jamais personne, j'ai trop honte." Un peu partout et plus particulièrement dans la salle de bain, la moisissure s'est installée sur les murs, les plafonds. "Chaque année, mon beau-frère qui est artisan, me donnait un coup de main pour remettre l'appartement en état", explique la quinquagénaire. Mais la situation personnelle de sa soeur ayant changé, Véronique a dû se résoudre à se débrouiller toute seule. "Depuis deux ans, j'ai baissé les bras", souffle-t-elle.
Et les fortes intempéries du 14 septembre dernier, épisode lors duquel Véronique a dû éponger l'eau qui s'infiltrait à travers la fenêtre de la cuisine, n'ont pas arrangé les choses. La Nîmoise a trouvé une oreille attentive auprès de l'équipe du Comité d'intérêt local du Mas de Mingue. Un expert lui a rendu visite pour constater les dégâts dans ce logement précisément. "Je suis persuadée que ça ne mènera à rien. Pour la moisissure, il m'a conseillé de raboter les portes pour que l'air circule mieux", s'exclame la locataire. Contacté par la rédaction, un représentant d'Habitat du Gard explique qu'il n'a aucune trace de visite d'un de leur agent du service technique concernant cette constatation précisément.
"Nous sommes surpris d'être pointés du doigt pour des manquements étant donné que nous n'avons aucune réclamation de la part de cette dame auprès de nos services, dont l'agence de proximité du Chemin-Bas-d'Avignon. Nous ne pouvons rentrer chez les gens à notre guise. Donc dans ce cas précis, nous n'avons pas connaissance de l'état du logement", précise-t-il. Quant à la formation de moisissures, le même avance plusieurs hypothèses : "L'obstruction des ventilations, des bouches d'aération ou un sous chauffage du logement. Mais encore une fois, si on ne nous signale pas les faits, nous ne pouvons pas intervenir."
"Combien de temps allons-nous devoir rester dans cet appartement ?"
Véronique Faure ne l'ignore pas, l'immeuble qu'elle habite est voué à la démolition dans le cadre du programme de rénovation urbaine du quartier du Mas de Mingue. "Mais quand ? Combien de temps allons-nous devoir rester dans cet appartement ? Au mois de novembre 2020, une personne d'Habitat du Gard est venue pour demander aux locataires où ils souhaitaient être relogés, mais nous n'avons pas de nouvelle", s'inquiète Véronique. Et la même de poursuivre : "Un logement sain, c'est tout ce que je veux." C'est en tout cas l'un des principaux critères énoncés par la Nîmoise qui souhaiterait qu'il soit en rez-de-chaussée ou que l'immeuble ciblé possède un ascenseur, mais aussi qu'il soit situé dans le centre-ville ou proche, "pour être plus près des lieux de soins pour mon fils."
Cette maman au foyer a élevé seule ses quatre garçons dont le plus âgé a 27 ans. Le cadet, Sayan a 13 ans et est atteint d'une ectopie bilatérale des cristallins et d'une maladie neuromusculaire. "Ce qui fait qu'en plus d'être malvoyant, Sayan a du mal à se déplacer, il s'épuise très rapidement." Ses deux frères le portent pour monter et descendre les quatre étages, mais ces derniers travaillent et ne peuvent plus être autant disponibles qu'avant. "Mon fils fait maintenant 62kg, je ne peux plus le porter moi-même. Alors quand ses frères ne sont pas là, Sayan ne peut pas aller à l'école", se désole la maman.
Habitat du Gard a bien connaissance de la situation de cette famille. "Nous faisons avec l'Agglo de Nîmes une enquête sociale pour déterminer un type de logement correspondant aux besoins des locataires, tout en faisant le lien avec leur capacité financière. Cette dame ne veut plus vivre dans un quartier prioritaire de la politique de la ville, or 58% de notre patrimoine se trouve en QPV. Donc pour le moment, au vu de tous les critères demandés, nous n'avons rien à lui proposer." Toutefois, un rendez-vous a été fixé en début de semaine entre la locataire et une équipe technique du bailleur social pour évaluer l'état du logement et les possibilités d'intervention.
Stéphanie Marin