« C’est une journée historique », lance le président de l’Agglomération du Gard rhodanien Jean-Christian Rey ce mardi matin peu après 9 heures, sur le site de la nouvelle station d’épuration de Pont. Historique, car avec le démarrage de cette nouvelle installation ce matin, le territoire se retire une belle épine du pied.
« Elle cochait toutes les cases de ce qu’il ne faut pas faire »
Car la station d’épuration de Pont-Saint-Esprit, qui datait de 1976, collectionnait les mises en demeure des services de l’État depuis des décennies. En cause : une capacité insuffisante, la qualité du traitement, mais aussi la manière dont les eaux traitées étaient rejetées dans le Rhône, via un fossé tout sauf aux normes, à une époque où la tolérance pour ce genre d’acrobaties s’est singulièrement réduite. Alors malgré quelques améliorations apportées, « c’était un point noir au niveau européen », résume Jean-Christian Rey.
Longtemps, jusqu’à 2020 et le transfert de la compétence eau et assainissement à l’Agglomération, c’était à la commune de régler le problème. À entendre le président de l’Agglomération, au fil des années et des municipalités, elle ne s’est emparée du sujet que mollement. « Le dossier n’était pas du tout monté, on nous a même refusé le permis de construire, et au final nous n’avons eu qu’un million d’euros de subventions sur les 9 millions que coûte la station, grince Jean-Christian Rey. Il a fallu rebâtir le dossier, trouver les solutions et les financements. » Le contraste avec la station d’épuration de Laudun, pour laquelle l’Agglomération a récupéré un dossier prêt à l’emploi, saute aux yeux.
D’autant plus compte tenu du fait que « quand il y a eu le transfert de la compétence, il y avait 14 mises en demeure, et celle de Pont était en noir au niveau européen, elle cochait toutes les cases de ce qu’il ne faut pas faire pour le respect de l’environnement », répète le président. Bref : pas un cadeau.
Des travaux finalisés en janvier prochain
Désormais, Pont-Saint-Esprit bénéficie d’une station d’épuration d’une capacité de 17 900 équivalents-habitants, avec un bassin biologique d’une capacité de 1 118 mètres cubes, qui trie l’eau et les boues, d’un clarificateur de 947 mètres cubes qui permet de décanter les eaux traitées, d’un bassin d’orage enterré de 1 250 mètres cubes et de tout ce qu’il faut pour traiter les graisses, sables et boues. La station est capable de traiter 260 mètres cubes par heure d’eaux usées, et 930 mètres cubes par heure par temps de pluie.
Désormais, elle a donc pris le relais de l’ancienne, située tout à côté sur le même terrain. Ainsi, « nous avons creusé des trous de 7 mètres de profondeur à 3 mètres seulement de l’ancienne installation, il a fallu mettre du soutènement, du blindage », explique Claude Tracol, directeur de travaux chez OTV, la filiale de Véolia qui construit l’équipement. Le chantier a aussi été quelque peu retardé par la crue du Rhône d’octobre dernier, qui a inondé le bassin en construction.
Reste que désormais, la nouvelle « STEP » est en service : « nous démarrons quatre semaines de mise au point », précise Cyril Mugnier, du bureau d’études IRH, qui assure la maîtrise d’oeuvre du chantier. Suivront des réglages et une période d’observation pour quelques semaines en tout. La station devrait fonctionner à pleine capacité d’ici « fin janvier, début février », précise Claude Tracol.
Parallèlement, le chantier continue : « il nous reste à démolir l’ancienne station, créer la voirie et mettre en route les filières annexes », avance-t-il. Les travaux, démarrés en juin 2024, devraient donc être finalisés en janvier 2026. La démolition de l’ancienne station doit démarrer d’ici trois semaines, un mois. De quoi définitivement tourner la page, pour Jean-Christian Rey : « On a hérité du problème, mais nous, on l’a traité. »