FAIT DU SOIR "Beaucaire, ville française" sur France 3 Occitanie : la mairie dépose une plainte
Le documentaire de Sonia Kichah, "Beaucaire, ville française" a été diffusé sur France 3 Occitanie ce lundi 15 novembre à 22h55. Quelques heures avant, la municipalité faisait savoir qu'une plainte avait été déposée auprès du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) à l'encontre de la chaîne de télévision.
Tourné tout au long de l'année 2020, le documentaire signé Sonia Kichah a fait grand bruit. Conséquence d'un cri d'alerte lancé par la municipalité beaucairoise par voie de communiqué de presse quelques heures avant la diffusion de "Beaucaire, ville française" sur France 3 Occitanie. "Communiquer sur un film qu'on n'a pas vu est un exercice un peu compliqué", commente d'emblée la réalisatrice.
"Ce qui a été montré, ce n'est pas la commune que je connais"
Ce documentaire s'ouvre avec Mohamed, 18 ans, un Français de confession musulmane. Un personnage "symbolique, métaphorique", précise Sonia Kichah, à travers le regard duquel le téléspectateur découvre son histoire, la ville de Beaucaire, ses habitants, mais aussi le maire Rassemblement national, Julien Sanchez. "Ce qui a été montré, ce n'est pas la commune que je connais, festive, où les gens sont solidaires. Si des gens se sentent exclus, c'est qu'ils s'excluent eux-mêmes", réagit ce dernier.
Au lendemain de la diffusion du document, l'élu réitère les propos tenus dans son communiqué de la veille, affirmant que ni lui, ni l'un de ses élus de la majorité, n'a été contacté dans le cadre de ce documentaire qu'il qualifie "d'outil de propagande politique partial et à sens unique". Et il ajoute : "D'ailleurs, on me voit lors d'un conseil municipal et une commémoration au cimetière. À aucun moment, ces personnes qui filmaient, sont venues se présenter à moi pour m'expliquer leur projet." La municipalité beaucairoise a déposé une plainte, dès hier, auprès du CSA à l'encontre de France 3 Occitanie.
"Un film politique qui donne à réfléchir sur une période particulière qui nous concerne tous"
"Un mensonge, ces accusations sont fausses", rétorque Sonia Kichah assurant qu'un courrier électronique envoyé à la mairie à trois reprises, est resté lettre morte. Et la même de poursuivre : "C'est un film politique qui donne à réfléchir sur une période particulière qui nous concerne tous. Je trouvais que c'était intéressant de voir, quand le Rassemblement national gère une ville, comment la population le ressent et voir comment les liens se délient. On a essayé de filmer cet invisible-là. Ça permet d'avoir une vision sur ces années de gestion frontiste d'une municipalité."
De nombreux intervenants ont participé à ce documentaire, dont l'opposante Laure Cordelet, présidente du Rassemblement citoyen de Beaucaire : "Si on ne fait pas attention, on a tendance à se dire qu'il (Julien Sanchez, Ndlr) est vachement sympa. Il a de l'humour, il est intelligent. Au bout d'un moment on dit [elle se donne une tape sur la joue, Ndlr] merde, il est du Rassemblement national. [...] Il ne fait jamais rien par hasard. Il fait exactement ce qu'il veut. Il sait où il va, pourquoi et comment il va le faire. Tout est pesé, tout est pensé", lâche-t-elle face à la caméra, citant en exemple le retrait des menus de substitution dans les cantines scolaires ou encore la crèche installée chaque année dans l'enceinte de l'hôtel de ville.
"Il n'y a pratiquement que des opposants (dans le film), réagit le premier édile beaucairois. Alors oui, il y a un monsieur qui a voté pour nous mais l'équilibre n'est pas respecté." Des critiques et des attaques qui ne surprennent pas la réalisatrice. Et finalement avec ce communiqué qui se voulait "préventif", le maire n'a-t-il pas offert la meilleure publicité à ce documentaire ?
Stéphanie Marin