Objectif Gard : En quoi a consisté votre travail de recherche sur la Zone de protection spéciale et la Réserve naturelle régionale ?
Pauline Calvier : Il s'agisait de mener un diagnostic d'ancrage territorial. On l'évalue à un instant T à l'aide de trois indicateurs : un indicateur de connaissance, qui s'intéresse ce que les acteurs connaissent de ce site ; un indicateur d'intérêt, où on va s'attacher à l'opinion des acteurs locaux ; et un indicateur d'implication pour savoir si les acteurs s'impliquent, ou pas, dans la gestion des sites. La méthodologie a été mise en place par l'association Réserves naturelles de France depuis quelques années et l'ambition est de multiplier ces diagnostics-là sur les différents espaces à protéger.
Quand vous parlez d'acteurs locaux, vous entendez des décideurs ou simplement des personnes qui passent, traversent ou visitent le site ?
Les acteurs locaux ciblés sont un peu plus impliqués que le grand public. Par exemple, des agriculteurs, des élus locaux, des personnes qui travaillent avec les gestionnaires de ces espaces, des chasseurs, des animateurs d'activité de pleine nature qui peuvent être directement impactés, des responsables du tourisme ou de l'animation, etc. Ici, dans le cadre de Natura 2000, la majorité des personnes interrogées étaient simplement riveraines de cet espace. On a aussi ajouté un questionnaire grand public pour nous permettre de chercher des avis plus largement.
Avez-vous constaté une bonne connaissance des zones concernées, des périmètres, des enjeux et de leur utilité de la part du grand public ?
Oui, plutôt une bonne connaissance des espaces par rapport à ce qu'on aurait pu imaginer. Avec, quand même, 50% des personnes qui connaissent la zone Natura 2000, et même 60% de ceux qui habitent la zone qui la connaissent. Pour la réserve, environ 70% des personnes qui habitent la commune de Sumène la connaissent. Ils connaissent les sites, ainsi que les espèces à enjeu ou espèces emblématiques. En revanche, ce qui est un peu plus technique, comme la réglementation, le grand public connaît moins. Certains imaginent encore, par exemple, que Natura 2000 encadre la pratique de la chasse, ce qui n'est pas le cas du tout.
Justement, avez-vous ressenti encore une crainte de la part de la population, sur une restriction des pratiques en lien avec Natura 2000, comme la chasse, la cueillette, la randonnée ou la possibilité de bâtir ?
Pas vraiment à travers le questionnaire. Mais dans les entretiens, certains acteurs craignaient encore le dispositif, même si, globalement, la perception est plutôt positive. D'autres disent qu'actuellement, ça va. Mais ils ont peur que, dans le futur, Natura 2000 devienne plus contraignant et puisse les gêner dans leurs activités.
La première directive Natura 2000 date de 1992. Cette relative méconnaissance, notamment de la part d'acteurs impliqués, est-elle due, selon vous, à un manque d'informations provenant des acteurs qui animent le réseau ?
Des actions de communication et un plan d'animation sont en place. Mais c'est toujours compliqué de toucher tout le monde. Les questionnaires ont aussi montré la volonté d'être plus informés.
Est-ce que les questionnaires ont, aussi, fait ressortir des avantages ou des bénéfices à l'existence d'un site Natura 2000 ?
Oui, concernant la préservation de la biodiversité, du cadre de vie aussi avec un empêchement de l'étalement urbain. Mais aussi du point de vue touristique, avec la valorisation du patrimoine.
Quelles pistes d'amélioration ont été avancées par les participants au questionnaire ?
Une demande d'animations supplémentaires, que ce soit à l'intention du grand public ou des scolaires. Une autre pour améliorer la visibilité des structures gestionnaires, qui ne sont pas forcément bien identifiées. Ainsi qu'un travail à faire sur le périmètre de la zone Natura 2000, qui n'est pas forcément bien connue par tous, notamment sur le secteur des plaines de Pompignan. Certains ont même pointé des zones qui ne sont pas incluses dans le périmètre et auraient pu l'être.
Vous vous apprêtez à repartir car votre stage est fini. Quelles impressions allez-vous emporter du territoire après six mois passés ici ?
Les paysages sont magnifiques, ici. Je viens de Nantes, un territoire beaucoup plus plat, et ici j'adore les reliefs, l'ambiance, la nature très présente. Le cadre est juste magnifique. Rencontrer des gens, avec des profils hyper variés, c'était aussi très enrichissant. J'ai beaucoup appris.