AU PALAIS Le procureur conte une fable contemporaine : « Maître cambrioleur par l’odeur alléché… »
Mardi dernier, au tribunal de Nîmes, les arguments avancés par un cambrioleur ont, semble-t-il, fait penser au procureur qu’il s’agissait d’une fable. À certains moments, on aurait presque pu croire à une farce.
Le jeudi 18 février, Mohamed, un quadragénaire nîmois qui vit du RSA, est retrouvé dans un appartement dans lequel un début d’incendie s’était déclaré quelques heures plus tôt. En déplacement au moment du départ de feu, l’occupante du logement, de retour à son domicile, tombe nez à nez sur le voleur qui tentait de déguerpir. Courageusement, la jeune femme demande au cambrioleur de vider ses poches. Elles contiennent une montre, une alliance, des boucles d’oreille et des faux billets de banque issus d’un jeu de société.
« Je ne partais pas pour cambrioler. Mais j’ai senti une odeur de feu et je suis rentré par curiosité », explique le prévenu au président Jean-Michel Perez. Mohamed est tellement curieux qu’il s’est légèrement attardé sur les lieux : « J’ai pas fouillé, j’ai rien touché. J’ai juste vu deux-trois objets que j’ai pris sans regarder », se défend-il.
La victime, présente à l’audience, n’est pas du même avis : « Il a fouillé dans mes tiroirs, dans mes sous-vêtements. Il a débranché ma console ». Mohamed intervient : « Oui, mais je lui ai donné l’autorisation de me fouiller. Elle m’a fait pitié », croit bon d’ajouter celui qui a 12 mentions sur son casier judiciaire dont une dernière de 10 mois ferme pour un cambriolage en mars 2018, ce qui lui vaut d’être en récidive.
Le procureur, Willy Lubin, en a assez entendu et requiert : « Maître cambrioleur par l’odeur alléché du feu a pris l’escalier pour aller au premier étage, mais comme par hasard il n’a pas fouillé et il n’a pas voulu voler », ironise-t-il. Et de poursuivre : « Il est en récidive et ne peut pas être moins condamné que la dernière fois. C’est pour cela que je requiers 12 mois de prison avec maintien en détention ».
Pour la défense de Mohamed, Maître Lauriane Dillenseger parle, elle, d’une « scène assez cocasse », rappelant que son client avait « pris des billets de Monopoly », qu’il aurait pu fuir et qu’il s’est laissé fouiller. « Ce n’est tout de même pas un grand voleur », conclut-elle. Grand non, persévérant oui. Maître cambrioleur a été condamné à 10 mois de prison avec sursis assortis d’une obligation de soin, de travail et de ne pas approcher la victime. Il devra payer 600€ de préjudice moral.
Tony Duret
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