GARD Chef d'entreprise tué à coups de sabre : les dessous de l'enquête
Massillargues-Attuech, le 18 janvier 2017. Photo B.DLC/ Objectif Gard
Elle s'appelle Brigitte et elle fait partie des 4 personnes mises en examen pour l'exécution d'un chef d'entreprise de Massillargues-Attuech. Un meurtre sordide survenu le 17 janvier dernier au petit matin...
Un groupe de deux hommes, le père Joseph et le fils Manix, issus d'une famille de gens du voyage très défavorablement connue dans l'Hérault, et une femme de 40 ans, Brigitte, sont les principaux acteurs de cette scène criminelle atroce. Cette mère de famille de 40 ans, divorcée, doit épouser quelques jours plus tard, un autre membre du clan des "gitans" qui purge une peine de 20 ans de réclusion. Elle réclame un mois après son interpellation et 4 mois après le meurtre, sa libération conditionnelle devant la chambre de l'instruction de Nîmes.
Il est 5h du matin ce 17 janvier, et le trio roule direction le Gard et plus précisément Massillargues Attuech. Un déplacement qui n'est pas une visite touristique du village situé entre Anduze et Lédignan. La veille déjà, la femme et le plus jeune du clan, sont venus repérer une villa appartenant à Philippe, un artisan peu connu dans la petite commune.
Ce Provençal originaire de la région de Martigues habite le Gard depuis 2 ans à peine. Ce dernier aurait raconté qu'il avait 200 000 euros en petites coupures dans une "mallette" chez lui ! Il n'en faut pas plus pour que le groupe alerté de cette possible somme d'argent monte une expédition punitive préparée qui va tourner très mal.
Le trio dans la voiture est en possession de gros calibres. Ils veulent récupérer le pactole en petites coupures. Arrivés devant la villa qui est enveloppée par la nuit profonde, un chien-loup surgit, c'est l'animal de l'artisan qui surveille la propriété. Il est abattu. Un second chien est blessé. Apeuré il se réfugie dans un bosquet du jardin.
Le chien du voisin qui a entendu les bruits nocturnes aboie. Dans la maison, Philippe a probablement été réveillé par le vacarme. Les deux hommes qui sont sortis seuls du véhicule garé un peu plus loin parviennent à pénétrer au domicile de l'artisan. Le propriétaire des lieux va subir "une violence inouïe. Il aura le visage tuméfié, de nombreuses plaies sur la tête, il a été frappé avec un sabre à plusieurs reprises ", résume Roselyne Alluto, la présidente de la chambre de l'instruction.
La mère de famille qui attend dans la voiture a une envie pressante. Elle sort du véhicule et va se soulager un peu plus loin... Des traces humaines qu'apercevront le lendemain les limiers de la gendarmerie nationale en charge de l'enquête. Or cette dame est fichée par les services de police. "Les traces découvertes et exploitées sur un sentier à 30 mètres de la maison de la victime permettront de retrouver un ADN qui correspond à celui de Brigitte", poursuit la présidente de la chambre de l'instruction. "Ensuite les enquêteurs constatent que cette dame va épouser un homme condamné à 20 ans de réclusion par une cour d'Assises. En travaillant sur la famille du détenu, la Section de Recherches va identifier d'autres personnes soupçonnées d'être impliquées dans ce meurtre." Trois individus seront mis en cause pour la participation active à l'homicide, tandis que celui qui a donné l'information sur l'argent détenu à la maison est soupçonné de "complicité".
Après la vague d'interpellations d'avril dernier, les trois complices sont mis en examen pour "tentative d'extorsion avec violence ayant entraîné la mort". Le plus jeune prend la responsabilité du meurtre mais refuse de donner des précisions sur les circonstances. Le plus âgé raconte qu'il était là, mais qu'il n'a rien fait et rien vu. Tandis que la mère de famille affirme qu'elle n'était pas dans la pièce et qu'elle n'aurait rien vu. Pourtant elle a été appelée par les deux hommes pour fouiller le domicile. La mallette qui cache le trésor ne sera jamais retrouvée et pour cause, elle n'existe pas.
"Cette dame qui demande sa libération aujourd'hui, nous dit qu'elle a vu les jambes ligotées et qu'elle a entendu la victime gémir. Allez dire à la famille, aux proches, qu'un mois après les interpellations, une personne qui a participé à ce meurtre épouvantable veut sortir de prison", dénonce l'avocate générale Pascale Palau qui refuse une libération conditionnelle. "C'était une expédition atroce, un homme seul est mort chez lui sous les coups, les chiens ont été abattus. On retrouve lors de la perquisition chez madame une véritable arsenal avec 150 cartouches, un fusil mitrailleur, un pistolet", détaille la représentante du parquet général qui a été entendue dans ses réquisitions. Jeudi, le chambre de l'instruction a refusé un contrôle judiciaire. Brigitte reste en prison.
Boris De la Cruz