"Vous me manquez monsieur. J'aimerais pouvoir vous ressusciter mais je ne peux pas, ça me fait mal au coeur". Cette phrase provient d'un élève du collège de "La Garriguette" à Vergèze qui rend hommage à son professeur d'histoire-géographie... Grégory, 30 ans, (voir photo ci-dessous) est mort sur la route à cause d'un chauffard qui cumulait les infractions. Un enseignant victime "d'un terroriste de la route", plaide même maître Rémy Nougier pour l'épouse de l'enseignant. 

Ce 3 janvier 2023, il est 21h05 lorsqu'un terrible choc entre deux véhicules survient sur la RN 113 commune de Milhaud, un lieu particulièrement accidentogène résume le président du tribunal correctionnel de Nîmes, Jérôme Reynes, qui juge ce mardi 13 février ce dossier "d'homicide involontaire".

Dans un véhicule Seat, "une belle personne", un professeur d'histoire du collège "La Garriguette" à Vergèze roule normalement. Face à ce conducteur, un chauffard dévie sa trajectoire pour mordre dans la voie opposée. "L'accident qui n'a strictement rien d'accidentel", accable le procureur Stéphane Bertrand, c'était "inévitable" selon lui. Le conducteur à l'origine de l'accident n'a plus de permis de conduire depuis 2012, il a été rappelé à l'ordre judiciairement à 12 reprises ces dernières années dont 6 fois pour des délits routiers notamment des conduites sans permis ou sous l'emprise d'alcool. Grégory décède à 21h35. 

"Il est temps d'en finir avec la banalisation de la mort des innocents sur la route", estime le procureur Stéphane Bertrand devant les parents de Grégory, mais aussi devant son frère et sa soeur. Cette jeune femme d'ailleurs va émouvoir la salle d'audience en évoquant son grand frère et la vie de la famille depuis la mort du frère tant aimé. Dans la salle d'audience des larmes coulent, l'émotion est palpable.

"Ceux qui ont eu la chance de croiser Grégory parlent d'une belle personne", estime maître Valérie Devèze pour les proches du professeur qui venait d'avoir sa mutation dans le Gard. "Pour des accidents, on peut dire que c'est la faute à pas de chance, mais pour d'autres il s'agit de la chronique d'une catastrophe annoncée", dénonce maître Devèze.

"Il prend un véhicule alors qu'il est alcoolisé en sachant qu'il n'avait pas le droit, juste pour aller chercher des cigarettes ou un peu d'argent pour boire l'apéro au café du village. Il a été averti à six reprises par la justice pour des infractions routières, mais il se moque des décisions de justice", poursuit maître Rémy Nougier pour la veuve de Grégory. Cette dernière d'ailleurs dira en procédure que le jour du drame, alors qu'elle est sur le siège passager, à la vue de cette automobile elle a réalisé que la fin était venue : "Je suppose que mon mari à compris que nous allions mourir" ! Car le chauffard avait déjà été repéré après son départ du comptoir du village d'Aubord par d'autres automobilistes inquiets de ce comportement sur le bitume. Un témoin va même relever le numéro d'immatriculation de cette Mercedes non assurée qui zigzague sur la route. 

Un chauffard qui a été blessé dans l'accident avec 15 jours de coma selon son conseil, mais qui n'a jamais effectué un jour de détention provisoire dans ce dossier. Ce père de famille de trois enfants "n'a aucune circonstance atténuante", selon le procureur. Il a été condamné ce mardi soir à 10 ans de prison, la sanction maximale, dont les 2/3 en peine de sûreté. Arrivé libre à l'audience ce mardi à 14h, il est reparti en soirée entre deux policiers pour commencer à purger sa peine. 

Au collège de Vergèze, la mémoire de Grégory est encore bien présente. Une stèle est à son nom et des élèves se souviennent de ce professeur "admirable et admiré" par ses élèves.