Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 09.06.2021 - tony-duret - 3 min  - vu 4716 fois

NÎMES Les jeunes de la gare se menacent en plein tribunal

Le Palais de Justice de Nîmes. Photo Tony Duret / Objectif Gard

« C’est une audience que je ne vais pas oublier », a dit le procureur Willy Lubin. Un sentiment certainement partagé par les juges et avocats qui ont passé près de deux heures à écouter Logan, un jeune homme de 21 ans qui cumule déjà 18 mentions sur son casier judiciaire.

L’audience démarre sur les chapeaux de roues mardi matin. Au premier échange de regards entre Logan, l’accusé, et l’un des jeunes qui s’est porté partie civile, la situation explose. On s’invective, on s’insulte, on se menace. Comme dans la rue. Depuis le box, Logan joint le geste à la parole, relève les manches de son maillot de football de l’Algérie et montre les poings. Oubliant où elle se trouve, la partie civile s’avance vers lui pour en découdre avant d’être stoppée par des gendarmes venus pour une autre affaire. Le président, Jean-Michel Perez, ne tergiverse pas et fait sortir la victime et la mère de celle-ci qui vocifère un peu plus loin.

Logan, qui n’avait pas besoin de ça, est sur les nerfs, agressif. Il était dans le même état quelques jours plus tôt, le jeudi 3 juin, quand pour une nébuleuse histoire de vol dont on l’aurait accusé, il s’est mis à courir après d’autres jeunes avec un couteau à la main. La scène se passe en plein après-midi à la gare de Nîmes et affole de nombreux passants. Ce jour-là, Logan, décrit comme « bipolaire à tendance schizophrénique », est comme un fou et taillade le dos d’un rival, lui aussi présent à l’audience. « C’est quasiment exact, assume Logan quand le juge l’interroge sur les faits. Je leur ai dit que j’allais tous les tuer. Ils ont essayé de me fracasser la dernière fois. Je sais que je vais prendre de la prison. Je m’en bats les reins, mais quand je vais les croiser, ils vont manger », menace-t-il toujours.

Entré en délinquance à 13 ans

Quand sa deuxième victime tend son téléphone portable pour montrer au juge les photos de ses blessures au dos, Logan se moque ouvertement de lui : « T’es allé te fourrer dans un buisson ou quoi ? Tu veux voir ce que c’est un coup de couteau ? Ce que t’as, c’est rien, petit paysan. » Logan, très démonstratif, lève alors sa jambe contre le box et montre sa cheville qui est effectivement sérieusement entaillée.

La seconde série de faits s’est déroulée quelques heures plus tard, le même jour, au commissariat où Logan a insulté et menacé plusieurs policiers. Il s’est aussi tapé la tête contre les murs avant de finir le visage en sang. « Au commissariat, j’suis en tort. J’ai rien à dire, sauf que j’m’excuse », se radoucit subitement le jeune homme. Une accalmie qui ne suffit pas à gommer la mauvaise impression laissée en début d’audience. « C’est rare d’avoir quelqu’un d’aussi franc et d’aussi dangereux », constate maître Jean-François Corral, l’avocat des policiers, qui en a pourtant vu d’autres.

Analyse partagée par le procureur, Willy Lubin : « Nous venons de vivre un grand moment de débat judiciaire. Si j’étais devant la télé chez moi, je me dirais que c’est faux. Ce monsieur est un danger ambulant : il marche dans la rue avec un cercueil sous ses bras ». Il poursuit : « Aujourd’hui, je suis très inquiet. Il faut prendre ses menaces très au sérieux. Il a commis ses premiers faits à 13 ans. Il a commis 18 infractions en 8 ans. Même quand vous lui dites bonjour, il serait capable de vous porter un coup de couteau », conclut-il avant de requérir 2 ans de prison dont 6 mois avec sursis.

Une peine suivie par le tribunal qui ajoute une interdiction d’entrer en contact avec ses victimes. Il devra aussi leur verser la somme totale de 2 400€ de dommages et intérêts. Logan, lui, quitte la salle d’audience comme il y est entré, en promettant les pires représailles à sa victime au dos tailladé.

Tony Duret

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