Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 05.11.2015 - thierry-allard - 6 min  - vu 546 fois

FAIT DU JOUR Département, SDIS, ambitions : Alexandre Pissas se confie

Alexandre Pissas (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Le premier vice-président du département, président du SDIS, et entre autres président délégué d’Habitat du Gard Alexandre Pissas nous a accordé un long entretien.

Sorti plus puissant que jamais des dernières élections départementales, il aborde plusieurs sujets, du troisième tour des départementales à la mairie de Bagnols, en passant par la caserne de Villeneuve. Et ça risque de faire grincer quelques dents.

« Si je m’étais présenté j’aurais été élu » à la tête du département

Objectif Gard : Revenons six mois en arrière, et au « troisième tour » des élections départementales. Elu dans le canton de Bagnols après avoir été exclu du PS, vous avez fait monter les enchères après vous être retrouvé en position clé. Il a été dit à ce moment là que vous aviez rencontré le chef de file de la droite Laurent Burgoa, avez-vous réellement failli passer à droite et faire basculer le département avec vous ?

Alexandre Pissas : Jamais. J’ai failli être candidat à la présidence, mais jamais dans le camp d’en face. Que des gens à droite aient voulu voter pour moi, c’est leur problème.

OG : Vous avez quand même rencontré Laurent Burgoa ?

On a eu un coup de fil avec Laurent Burgoa, même avec Jean-Paul Fournier et Yvan Lachaud, le Président de la République m’a appelé pour me féliciter, le Premier ministre, le directeur de cabinet de Sarkozy m’ont aussi appelé… La droite m’a dit que si je me présentais, elle ne présenterait pas de candidat, si je m’étais présenté j’aurais été élu, la droite républicaine aurait voté pour moi, mon binôme (Sylvie Nicolle, maire de Sabran, ndlr) aussi et j’aurais eu quelques voix de gauche. Le problème, c’est que je suis de gauche, exclu du PS mais de gauche, même si je respecte les gens de la droite républicaine sans partager leur politique.

OG : Que s’est-il passé alors ?

J’ai répondu à un seul coup de fil, celui de Jean-Marc Todeschini (secrétaire d’état aux anciens combattants, ndlr), un ami. Je lui dis ‘je veux être président’, il me dit ‘tu peux pas, mais dis moi ce que tu veux en échange.’ Je lui dis ‘je veux beaucoup, la première vice-présidence, la délégation générale, la présidence du conseil d’administration du SDIS, Habitat du Gard, le conseil d’administration des CHU de Nîmes et Montpellier’. Il me rappelle une demi-heure après et me dit : ‘tu as tout’. Pendant ce temps là mes amis continuent de me dire ‘présente-toi’, mais j’ai pensé que les électeurs se sentiraient trahis. Le soir j’envoie donc un texto à Denis Bouad pour lui dire que je le soutiens. Et aujourd’hui je me sens bien mieux qu’avant dans le groupe socialistes et apparentés, ce groupe est sympa et soudé.

OG : Quelles relations avez-vous avec le président du Conseil départemental Denis Bouad ?

Des bonnes relations, on ne se voit pas tous les jours, mais on se fait confiance. Après, il y a eu une difficulté avec Habitat du Gard. Très vite, j’ai senti qu’il ne voulait pas le lâcher. On a fini par signer un protocole d’accord le 6 mai, il a été tendu, difficile. J’ai fini par obtenir une présidence déléguée, créée à la place de la vice-présidence d’Habitat du Gard, et un peu pour atténuer le fait que la promesse n’a pas été complètement tenue, j’ai été nommé président de la SEMIGA (une société mixte immobilière du département, ndlr). J’ai accepté, et après coup je me suis dit que Bouad, c’est son truc Habitat du Gard. Il le préside depuis 2004, il connaît bien les dossiers. Si ça avait été l’inverse, et qu’il m’avait fait un petit chantage sur le SDIS, je lui aurais demandé de me le laisser car c’est mon truc. Donc c’est sans regrets.

OG : La situation du département est un peu précaire, avec une majorité relative qui fait que si la droite et le FN s’entendent, ils peuvent bloquer des délibérations, comme récemment les subventions aux syndicats. Ça doit être difficile à gérer…

C’est surtout la droite qui est en position difficile, ils ne sont pas du tout dans un contexte d’alliance objective avec le FN. Dans la droite républicaine, il y a des femmes et des hommes vraiment bien, et même je me demande comment certains peuvent être à droite !

« La caserne de Villeneuve restera ouverte »

OG : Passons au SDIS. Fin 2014, vous annonciez le maintien des moyens en 2015. Et pour 2016 ?

Les moyens vont être maintenus, tout comme les effectifs. Mais il va falloir faire des économies, sans faire baisser le nombre théorique et effectif des sapeurs-pompiers. On fera des économies sur le fonctionnement. Il faut que chaque structure du Conseil départemental fasse des efforts. C’est une petite amputation, sinon on ne passera pas sur le plan budgétaire, et ça la droite en est consciente.

OG : La Ville de Bagnols, pour ne citer qu’elle, a eu une dette envers le SDIS. Est-ce toujours le cas, et est-ce la seule ville dans ce cas ?

C’est toujours le cas. Après c’est aussi un problème pour d’autres communes, beaucoup considèrent qu’ils payent trop cher. Le terme échu pour l’année N est au 30 juin de l’année N. Ceux qui trouvent que c’est trop précoce ont la possibilité de mensualiser sur 12 mois. On l’a proposé à Bagnols, ils n’ont jamais répondu. Bagnols a toujours dit que le terme échu est au 31 décembre, mais c’est faux. Là on est en novembre, et à ma connaissance, ils n’ont toujours rien versé. Je leur ai écrit 50 fois, je les ai mis au tribunal et je vais y retourner.

OG : Où en est-on des prochains grands chantiers du SDIS ? On parle de Pont-Saint-Esprit et de Nîmes-Ouest…

Pour la nouvelle caserne de Pont-Saint-Esprit, le jury est fait l’architecte est choisi depuis deux mois. Le début des travaux est pour avril, peut-être avant. Pour Nîmes-Ouest, on a racheté les bâtiments de la SAUR à Saint-Césaire 1,69 millions d’euros, on les a rénovés pour 600 000 euros et on y a déménagé nos services administratifs. La ville de Nîmes va nous transférer en pleine propriété la caserne du boulevard Sergent-Triaire, c’est en train de se faire. Et pour la caserne de Nîmes Ouest, ce sera plutôt pour 2017.

OG : La polémique concernant la caserne de Villeneuve, que les élus locaux veulent fermer vu que la nouvelle caserne des Angles a ouvert il y a un an, n’est pas éteinte, d’autant plus avec l’entrée du maire des Angles et conseiller général Jean-Louis Banino au conseil d’administration du SDIS. Cette caserne va-t-elle rester ouverte ?

Elle restera ouverte, j’ai même eu une délégation de sapeurs-pompiers professionnels qui m’a demandé de ne pas y toucher. Il y a un problème moral, Banino a déconné lors de l’inauguration, il le sait. J’ai reçu de l’argent de toutes les communes concernées par la caserne des Angles, sauf de Villeneuve, qui n’a jamais voulu payer. Il faut qu’on s’arrange avec Banino pour qu’il nous signe un acte de propriété (le terrain appartient toujours à la commune, ndlr). Quant à Villeneuve, si Jean-Marc Roubaud (le maire, ndlr) m’avait appelé pour me dire qu’il voulait récupérer le terrain, à ce moment là on aurait trouvé un autre terrain à Villeneuve. Mais de toute façon il faut une caserne à Villeneuve, il y a une telle concentration de population là bas.

OG : Où en est la mission ministérielle qui vous a été confiée sur les SDIS ?

J’ai déjà rédigé une dizaine de pages, j’ai visité beaucoup de SDIS, l’Isère, l’Ardèche, le Vaucluse, le Var, l’Hérault, la Haute-Corse, la Corse-du-Sud, je dois aller dans les Alpes-Maritimes, les Bouches-du-Rhône, le Tarn-et-Garonne et l’Aude. Je rencontre des gens, le monde des assurances, l’Education nationale. Je dois théoriquement rendre mon rapport à la fin de l’année, mais j’ai demandé un ou deux mois de plus. Mercredi (hier, ndlr), je suis au ministère de l’Intérieur pour parler de l’avancement des mes travaux.

Pour Bagnols, « je n’en suis pas là. Mais je mesure le mécontentement »

OG : Penchons-nous vers l’avenir. La rumeur vous dit intéressé par la mairie de Bagnols en 2020.

Ce n’est pas comme ça que ça se passe. Je fais mon troisième et théoriquement dernier mandat à Tresques (dont il est maire depuis 2001, ndlr). A la prochaine élection, mon premier adjoint sera capable de prendre la suite.

OG : Et donc, pour Bagnols ?

Soyons clairs : plein de gens sont venus me demander, me dire que ça ne se passe pas bien actuellement à Bagnols. Ils me disent que je pourrais être un homme de transition. Je n’ai rien dit, pour l’instant je n’en suis pas là. Mais je mesure le mécontentement qu’il y a, une partie objective, et une partie subjective. J’ai entendu que les finances de Bagnols étaient problématiques, je ne sais pas comment ils font. Moi à Tresques, je visse, je mène une politique dictatoriale au niveau des finances. Mais la mairie de Bagnols n’est pas à l’heure actuelle ma préoccupation, même si je n’oublie pas que je suis le conseiller départemental de Bagnols, qui représente 55 à 60 % de la population du canton.

OG : Concernant les régionales, auriez-vous pu envisager de vous lancer ? Et pourquoi pas avec Philippe Saurel ?

Pour quoi faire ? J’ai des amis dans toutes les listes de gauche, et de plus j’aurais dû lâcher soit le Conseil départemental, soit la mairie. Là, je vais regarder passer le train.

Propos recueillis par Thierry ALLARD

Thierry Allard

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