En tauromachie, il en est comme dans bien des domaines : il y a ceux qui vivent généralement bien et longtemps sur leurs lauriers, fussent-ils chèrement gagnés au début de leur carrière.. et puis il y a les autres, ceux qui doivent les gagner à la force de leur poignet de soie et de velours. De leur boulimie et rage de vaincre. La deuxième corrida du cycle des Vendanges, qui s'est déroulée ce vendredi après-midi, sous un soleil généreux, devant une belle assistance (9 000 aficionados), a donné un caractère particulier à cette observation. Avec, d'un côté, quatre "figuras" venus avec leur toro de prédilection soigneusement choisi au campo, peu concernés (exception faite toutefois du Juli qui a lancé la course avec une plaisante faena couronnée d'une oreille) sans autre désir de faire le boulot au profit du syndicat des matadors de toros; de l'autre, deux jeunes valeurs montantes, Jimenez Fortés et Juan Leal décidés à mâter du bétail de respect, solide et armé comme une escouade de B 52 : un grand El Pilar pour le premier, un toro peu commode, imprévisible et retors de Joselito pour le maestro d'Arles, seul français à avoir été convié à cette corrida peu habituelle.
Au final, les deux maestros en devenir et en mort de faim ont coupé, chacun, une oreille, au terme de faenas engagées, audacieuses sinon téméraires. A leurs côtés, seul Miguel Angel Perera, venu à Nîmes auréolé des trois oreilles qu'il avait coupées la veille même à Albacete, a soutenu la comparaison, avec son traditionnel toreo vertical qui a pesé sur son Fuente Ymbro comme un Vendredi 13 sur les caisses de la Française des Jeux. Ce qui lui a valu, après des échecs répétés aux aciers, une vuelta que nul n'a contesté. Quant à Talavante, il a échappé de peu à la bronca, incapable qu'il fut de remobiliser à mi-course l'intérêt des aficionados qui ont trouvé cette corrida un peu longuette, tristounette et frisquette sur la fin. Idem Pour Manzanares qui a servi des passes toutes en douceur à un toro de Juan Pedro Domecq à l'oeil vilain et aux manières peu orthodoxes qui ne demandait qu'à être malmené, castagné.
La Feria des Vendanges se poursuit ce samedi avec deux corridas : 11 h 30 corrida de rejon avec Paco Ojeda, Diego Ventura et Lea Vicens, la jeune nîmoise qui prendra l'alternative (toros d e Bohorguez). A 7 h 30, corrida avec le mano à mano El Juli et Manzanarés.