Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 06.08.2020 - boris-de-la-cruz - 3 min  - vu 4076 fois

CRIMES ET DÉLITS Parricide : après la mort de son père la jeune femme se suicide en prison

Assises du Gard à Nimes. Procès de Carmen Bois, accusée d'avoir tué son père en avril 2016 à Beaucaire suite à des violences familiales (©PHOTO PQR/LA PROVENCE)

- PHOTOPQR/LA PROVENCE/MAXPPP

Des drames, des crimes, des dossiers non résolus, mais aussi des affaires insolites. Tous les jeudis de l'été, à 11h30, Objectif Gard vous propose de pénétrer dans l'univers judiciaire, avec des enquêteurs, des experts, des juges qui racontent ces crimes qui ont marqué leur existence.

Il a suivi ce dossier du début jusqu'au procès aux assises. C'est lui, Alexandre Rossi, vice-procureur au tribunal de grande instance de Nîmes, qui était de permanence ce vendredi 1er avril 2016 lorsqu'il a reçu un coup de fil des policiers de Beaucaire lui précisant qu'un drame venait de se dérouler dans un pavillon près du stade de rugby. Un homme était mort, sa fille se désignait d'emblée comme la coupable.

Pourtant derrière le dossier criminel paraissant simple va se nouer une tragédie lorsque la fille de la victime, Carmen 20 ans, se suicidera en détention le 24 décembre 2018... Quelques mois avant, elle avait été condamnée par la cour d'assises du Gard à huit ans de prison pour "violences volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner". Le vice-procureur Rossi,qui était l'avocat général à la cour d'assises, avait réclamé 10 ans pour "meurtre".

Le vice-procureur Alexandre Rossi a suivi depuis le début et a été marqué par l'affaire Carmen Bois

"Lorsque je suis arrivé sur place le jour du drame il y avait une ambiance pesante, avec la famille de la victime qui était là, venue en nombre. Le lotissement était envahi par la foule dans le recueillement, mais il y avait une forme de pression, témoigne le magistrat du parquet de Nîmes. Immédiatement la fille de l'homme tué a déclaré aux pompiers venus en premier pour essayer de secourir le père de famille que c'était elle qui était à l'origine du tir. J'ai placé en garde à vue la jeune femme mais aussi les autres membres de la famille, les fils, qui seront finalement relâchés le lendemain. J'avais besoin le soir du drame de connaître la version précise de chaque membre de la famille qui était dans la maison au moment du coup de feu."
Carmen Bois, âgée de 23 ans lorsqu'elle s'est donnée la mort, a bien tué son papa, lequel sera décrit au procès devant les jurés gardois comme un tyran domestique. Le père de famille a reçu une balle dans la nuque dans la villa familiale de Beaucaire dans un contexte de violences intra-familiales.
"Juste après les faits, mais aussi devant le juge d'instruction, puis encore lors de la reconstitution cette jeune femme qui n'avait jamais fait parler d'elle au niveau judiciaire auparavant, était dans un état de sidération, poursuit Alexandre Rossi. On avait l'impression qu'elle ne parvenait pas à comprendre que son père n'était plus là."

Le procès filmé par TF1

"Lors de la reconstitution j'avais été marqué par cette maison où rien n'avait bougé depuis le décès, même les assiettes, les verres et les restes de nourriture avaient été laissés sur la table comme si quelqu'un allait revenir, complète le magistrat. Le procès d'assises va se dérouler - chose très rare - devant les caméras de télévision. L'émission "Sept à huit" de TF1 avait obtenu une autorisation exceptionnelle pour enregistrer l'audience. Je me souviens encore comme si c'était hier du visage de l'accusée au moment du verdict. Elle était figée. Il n'y a eu aucune protestation comme si elle acceptait cette peine. D'ailleurs il n'y a pas eu d'appel après."

Lorsque les surveillants pénitentiaires emmènent Carmen Bois vers une prison de Haute-Loire, le magistrat n'imagine pas un seul instant que cette jeune femme, qui aurait pu être libérée rapidement après sa condamnation, se suiciderait deux mois après son incarcération, seule dans sa cellule, la veille de Noël 2018. "On m'a appelé pour me le dire, il y a effectivement un sentiment de gâchis, rien ne peut justifier la mort d'une si jeune femme", termine Alexandre Rossi qui reste marqué par ce dossier de parricide... Les parricides sont rares dans la criminalité française et 90% des cas sont le fait des hommes.
Boris De la Cruz
Boris De la Cruz

A la une

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio