Publié il y a 1 an - Mise à jour le 01.11.2022 - corentin-corger - 8 min  - vu 1214 fois

COSTIÈRES STORY Benoit Poulain : « Heureux de rester dans l’histoire du club de cette façon »

Benoit Poulain détient le record du nombre de matchs au stade des Costières (photo Yannick Pons - ObjectifGard) - Yannick Pons

Personne n'a joué plus de matchs aux Costières que Benoit Poulain (Photo Yannick Pons) • Yannick Pons

Nous sommes à quatre jours du dernier match de championnat disputé au stade des Costières contre Bordeaux ce samedi 5 novembre à 15h, avant que Nîmes Olympique ne déménage dans le stade provisoire des Antonins. Une page va se tourner pour les Crocodiles qui ont vécu 33 ans de bons et de mauvais moments dans leur stade. Pour ce nouvel épisode de Costières Story, nous sommes allés à la rencontre de Benoit Poulain, le capitaine des Crocodiles, qui restera dans l’histoire comme le recordman du nombre de matchs joués au stade des Costières (129 matchs, série en cours). Avec lui, revivons les meilleurs moments de sa carrière dans cette enceinte si chère à son cœur.

Objectif Gard : Savais-tu que tu étais le joueur qui avait joué le plus de fois au stade des Costières ?

Benoit Poulain : J’ai vu votre article lundi, c’est comme ça que j’ai été au courant ! Je me doutais que c’était Renaud Ripart ou moi, mais je ne tiens pas trop les comptes. De temps en temps, on reçoit des messages sur les réseaux sociaux ou on nous envoie les articles, mais avant votre article je ne le savais pas. Ça fait plutôt plaisir et il y aura un sentiment particulier lors du dernier match contre Bordeaux. Pour moi plus que ce que je m’étais imaginé.

C’est un record qui est un peu original que tu rajoutes à ton palmarès, c’est quelque chose que tu pourras raconter quand tu parleras de ta carrière dans le foot ?

Je me doute que, dans les statistiques, je fais partie de ceux qui ont le plus joué donc pour moi c’est mon club et je suis très heureux de rester dans l’histoire du club de cette façon. Tout va vite, des jeunes d’il y a dix ans ne me connaissent pas et ils me découvrent cette année car ils m’avaient oublié, c’est normal.

Benoit Poulain a connu beaucoup d'émotions dans le stade des Costières [Photo via MaxPPP] • WORLDPICTURES/MAXPPP TEAMSHOOT
As-tu une idée des deux autres joueurs qui sont derrière toi sur le podium ?

Renaud Ripart c’est sûr, car je sais qu’il m’a dépassé sur le nombre de matchs joués avec Nîmes de façon générale. On m’a dit qu’il m’avait dépassé de 5-10 matchs avant qu’il ne parte. Pour le troisième, je ne sais pas vraiment...

Le troisième, c’est Anthony Vosahlo...

Ah oui je me doute, mais je n’ai pas joué avec lui. Il a énormément joué avec Nîmes, mais c’est la génération un peu d’avant.

Pour reprendre sur les Costières, te souviens-tu de ton premier match à 19 ans, le 11 novembre 2006 ? 

Oui contre Romorantin. Je me souviens même très bien d’une grosse occasion sur un corner de la tête que j’ai eue. C’était mon deuxième match avec le Nîmes Olympique, après un match en Coupe de France à Sète. Je me souviens très bien de la préparation du match et même si je ne me rappelle pas du résultat, cette grosse occasion arrêtée par le gardien au point de penalty m’a marqué !

"Tout le monde sur la pelouse et la montée que l’on attendait depuis longtemps"

Et quelle image gardes-tu de ce premier match ? 

J’ai deux images, la première c’est d’être avec un groupe professionnel à l’hôtel, la préparation d’avant match est différente et c’est quelque chose de particulier à vivre. Jouer le soir aussi, à 21h, c’est un changement qui donne de l’adrénaline, c’est vraiment plaisant ce souvenir d’humidité et de jouer la nuit. Et puis de jouer dans le stade des Costières, un grand stade. Jouer devant du monde c’est plaisant. Et le souvenir terrain que j’ai évoqué plus haut de l’occasion que j’ai eue.

De manière générale, sur 129 matchs, si tu devais en retenir un seul, ce serait lequel ?

De loin c’est le match contre Laval. Ça ne faisait pas si longtemps que j’avais commencé, et ça reste gravé dans ma mémoire. C’est les premiers gros souvenirs avec le stade tout en rouge, l’engouement lorsque le bus arrive au stade. Un peu plus de pression que d’habitude aussi. La finalité avec tout le monde sur la pelouse et la montée que l’on attendait depuis longtemps, de le faire c’était un sentiment extraordinaire et une soirée mémorable.

Qu’as-tu fait au coup de sifflet final ? Pendant longtemps Nîmes a eu le record d’affluence pour un match de national (18 000 personnes) jusqu’à ce que Strasbourg nous dépasse…

Je n’ai pas trop de souvenirs car j’étais vraiment jeune, ça allait tellement vite, il y avait tellement de monde que j’ai un peu oublié dans l’euphorie et l’émotion. J’ai dû aller au restaurant comme d’habitude. Je me souviens du match, des actions, des buts et des célébrations avec le public et le bruit. Mais après le vestiaire, le soir et tout ça j’ai aucun souvenir bizarrement !

Benoit Poulain est le recordman du nombre de match au stade des Costières [Photo via MaxPPP] • WORLDPICTURES/MAXPPP TEAMSHOOT
Laval ouvre le score dans ce match, avez-vous douté à ce moment-là ? 

Non ! On n'a pas eu de doutes, c’est comme si on n'avait pas vraiment le choix il fallait gagner a tout prix. Laval jouait aussi la montée et on était robotisé et prêt à tout pour gagner. Dans le match on était convaincu que ça allait bien finir, ça ne pouvait pas être autrement avec un stade plein à Nîmes. On ne s’est pas posé de question.

C’est dans des matchs comme celui-là qu’on se rend compte à quel point le public, l’ambiance, la ferveur et le soutien sont importants. Il se passe quelque chose d’un peu abstrait, on en devient plus fort ?

Oui clairement c’est plus de la programmation mentale. Avec tout ce monde, on ne peut pas faire autrement. On est à domicile, le stade est plein, on veut faire la fête avec les supporters à la fin du match donc on se dit : « On va le gagner, on est invincible. »

Autre moment fort : la montée en ligue 2 face au Poiré-sur-Vie, ça reste aussi un grand moment ?

Oui différent parce que j’ai été capitaine toute l’année. Ça a été une année difficile et éprouvante pour moi au niveau mental, il y avait beaucoup de choses à faire au club. On avait commencé par trois défaites au mois d’août, il fallait remonter tout ça.  Pour le coup, Laval c’était l’insouciance, j’étais un pion dans l’équipe, il fallait que je fasse mon match, j’ai profité de manière insouciante. Autant là, c’était l’accomplissement d’une saison complète avec un gros travail d’équipe avec le coach et les cadres. Il y avait vraiment un sentiment de fierté d’avoir tenu le coup toute l’année. Ce n’était pas gagné d’avance. Au final, on finit champion, c’était une aventure qui finit bien mais la saison en elle-même a vraiment été mouvementée pour moi.

"La déception c’est de ne pas avoir pu jouer le derby Nîmes-Montpellier"

Là aussi, tu as un souvenir de la joie et de l’engouement ? 

Alors je ne me souviens pas du tout du match, mais je me souviens à la fin sur le terrain, j’avais des amis qui étaient venus, ma famille aussi. Ils sont venus sur le terrain après le match.

As-tu une anecdote que tu n'as jamais raconté qui te lie au stade des Costières ?

Alors je n'y ai pas du tout réfléchi, mais la déception c’est de ne pas avoir pu jouer le derby Nîmes-Montpellier. J’étais blessé je suppose, on gagne ce match-là avec un but de Jean-Jacques, c’était un match énorme. Et donc Louis Nicollin qui marche à son allure entre le banc et le vestiaire de Nîmes dans le tunnel et ils lui chantent la fameuse chanson... Moi je vois ça des tribunes et je chante aussi. En plus, ils jouaient la montée cette année-là et on leur avait coupé la saison. On était très heureux de mettre cette épine dans le pied à Montpellier avec ce retour du derby depuis des années. Je n’ai pas pu le vivre sur le terrain, mais ça reste un des souvenirs qui me lie au stade.

Sur le but de Mandrichi, il y a eu une grosse ambiance !

C’est plus que de l’euphorie là, c’était de l’électricité, les gens se sautaient dessus, c’était les 20-30 secondes où tu ne penses plus à rien, tu libères tout. C’est vraiment un bon souvenir !

"J‘étais un peu surpris cette année de l’ambiance au-delà du nombre de spectateurs peu élevé"

Surtout en 2009, 13 ans après la demi-finale de 1996, c’était un symbole ! Toi tu es né à Montpellier, c’est ça ?

Oui j’ai grandi là-bas et j’y ai même joué 3 ans. Je me suis fait virer donc ça reste un sentiment de revanche aussi, même si je n’étais pas sur le terrain.

Un pire souvenir ?

Avec les années, on oublie un peu, mais on avait perdu un match de coupe à domicile alors qu’on avait pas perdu depuis 15 ou 20 ans. Quand tu perds à ce moment-là, c’est difficile mais je me souviens plus contre qui, peut être Croix de Savoie.

Tu as fait 8 saisons aux costières : 3 en national et 5 en ligue 2. De manière générale, quel souvenir gardes-tu de l’ambiance des Costières ? 

Tout à l’heure on parlait d’un match où on finit champion de national (l’année contre Laval). Cette saison-là, on joue Vannes au mois de janvier et il y a 10 000 supporters en national ! C’était impressionnant, j’ai des joueurs qui me disaient vouloir jouer à Nîmes, car quand ils venaient jouer face à nous il remarquaient qu’il y avait beaucoup de monde et d’ambiance. On savait qu’à tout moment il fallait qu’on joue la descente ou la montée et qu’on bataille. On savait qu’à chaque fois le public allait répondre présent. L’année où l’on se maintient face à Brest avec 44 points, sur les derniers matchs l’ambiance était incroyable. J‘étais un peu surpris cette année de l’ambiance, au-delà du nombre de spectateurs peu élevé, mais aussi une ambiance délétère que je n’ai pas reconnue.

"Au coup de sifflet final, c’est sûr que ça me fera quelque chose"

Te souviens-tu d’un match où tu as été très bon, d’une performance en particulier ? 

J’ai un but ou j’ai une photo que j’aime beaucoup, l’année où l’on finit champion de national mais je me rappelle plus contre qui c’était ! Je me souviens aussi d’un but où je mets une frappe de 20 mètres. D’ailleurs, dans les pires souvenirs, j’ai raté un penalty très important l’année ou l’on descend ! Il fallait vraiment gagner le match et le ballon touche le poteau, j’étais trop en confiance pas assez concentré. Ce qui est drôle, c’est qu’après ils font une contre-attaque et je finis par faire un tacle le long de la ligne tribune sud et les supporters m’applaudissent quand même. On gagne quand même le match au final ! Mais ça aurait pu mal finir et c’était mon dernier penalty à Nîmes !

Pour finir, sur les 8 saisons, quel est le joueur qui t’a le plus impressionné lors des entraînements ou des matchs ? 

Quand on me demande mes trois joueurs préférés du Nîmes Olympique, je réponds toujours en premier Robert Malm. Car quand on monte contre Laval, il arrive en janvier et c’est grâce à ses buts. Quand je le vois, je lui dis merci car on a mieux gagné notre vie grâce à lui (rires). On passait professionnel donc on avait des contrats avec des salaires plus élevés en cas de montée. En ayant 20 ans, avoir un contrat plus confortable et passer pro, et il a fait partie de ça et je lui en suis reconnaissant ! Et aussi Johnny Ecker et Hervé Alicarte quand j’ai commencé. Les deux défenseurs centraux qui finissaient à Nîmes. Je me suis imprégné de la mentalité de Johnny et du calme d’Hervé. Quand tu es un jeune joueur à leur coté, tu apprends plus vite. J’ai beaucoup aimé la saison aussi avec Maury, Bouby et Koné devant où l’on finit premier de national. J’ai des bons souvenirs aussi avec Cédric Horjak qui était capitaine et Vincent Gragnic qui était le plus fin et le meilleur joueur qu’il y a eu à Nîmes sur une saison, même s’il n'a pas pu faire une grosse carrière derrière. Mais on a fait une bonne saison notamment grâce à lui.

Il reste un match aux Costières contre Bordeaux. Il y aura une émotion particulière d’être pour la dernière fois dans ce stade ?

Peut-être que ce sera bizarre à la fin, mais au début je serai dans mon match. Au coup de sifflet final, oui c’est sûr, ça me fera quelque chose. Je vous dirais ça (rires) !

Propos recueillis par Corentin Corger

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