Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 17.04.2020 - thierry-allard - 3 min  - vu 1514 fois

CORONAVIRUS Philippe Poulet, producteur de spectacles : « Il faut un plan Marshall pour la culture »

Le producteur nîmois Philippe Poulet (DR)

Cofondateur et directeur général de l’entreprise Onze productions, le Nîmois Philippe Poulet tire la sonnette d’alarme pour les secteurs de la culture et de l’événementiel.

« Aujourd’hui, nous avons une perte d’activités de 90 % » : Philippe Poulet n’y va pas par quatre chemins au moment de décrire la situation actuelle de son entreprise. Il faut dire que le Nîmois propose le festival de Lunel, « avec 20 000 spectateurs sur quatre jours », les Estivales dans la même ville, est aux commandes de la fête de la musique à Nîmes, produit des spectacles et fait aussi dans l’événementiel, avec l’organisation de séminaires ou d’événements d’entreprises.

Autant dire que toutes ces activités sont plus qu’impactées par la crise sanitaire du coronavirus covid-19, le confinement qui en découle et l’interdiction des événements publics jusqu’à au moins la mi-juillet. « Aujourd’hui, les six permanents de l’entreprise sont au chômage partiel », précise-t-il, sans surprise. « Nous sommes en première ligne », relance-t-il, tout en en appelant aux pouvoirs publics : « Il faut un plan Marshall pour reconstruire la culture et soutenir les entreprises culturelles. »

Car il en est convaincu, « nos entreprises sont énormément liées au tourisme. S’il n’y a pas d’événements forts, les touristes ne viennent pas, nous mettons en lumière les territoires. » Tout en soulignant le poids de la culture dans l’économie française, qui pèse « sept fois plus que l’industrie automobile », Philippe Poulet affirme que « soutenir les acteurs culturels fera boule de neige. Si nous proposons des beaux événements, les hôtels et les restaurants se rempliront. »

La menace de la liquidation

Seulement voilà, « nous avons été les premiers impactés, et nous serons les derniers à reprendre », affirme-t-il, tout en trouvant « intenable » de mettre en place les gestes barrières et toutes les précautions nécessaires pour endiguer l’épidémie dans le monde du spectacle vivant, surtout en tenant compte des jauges habituelles de ses événements. « Sans compter le facteur perte de confiance du public », ajoute-t-il, craignant que les spectateurs mettent du temps à retourner dans des événements très fréquentés.

D’ici là, il va falloir tenir alors que les pertes sèches s’accumulent : « Les avances aux artistes, les salaires, les graphistes, les avances sur les prestations techniques », énumère le chef d’entreprise. Et ce alors que « aujourd’hui les banques refusent de suivre notre secteur, affirme Philippe Poulet. Le Gouvernement nous dit d’aller voir les banques, mais elles mettent des conditions de rentabilité financière, or aujourd’hui je ne suis pas capable de produire un prévisionnel. »

Alors le producteur nîmois doit donc se tourner vers les collectivités avec lesquelles il travaille, comme la ville de Lunel, pour conserver les subventions malgré les annulations, reporter les événements à l’année prochaine et prolonger la convention qui les lie, histoire d’avoir une visibilité. Il n’en reste pas moins que son entreprise « est menacée de liquidation, évoque-t-il sans détour. Nous en sommes à une perte sèche d’environ 300 000 euros, sans compter les saisons annulées et les commandes pas passées. »

Bref, « si les collectivités n’honorent pas les commandes passées ou n’apportent pas un soutien fort, mon entreprise sera menacée alors qu’on se bat tous les jours pour maintenir notre activité », résume le chef d’entreprise. Et Philippe Poulet demande à ce que « à la fin de tout ça, on réunisse les acteurs de l’industrie culturelle et touristique pour construire un plan de relance national. » Le Nîmois est sûr d’une chose : « Notre secteur ne sera plus jamais le même. Il faudra reconstruire et nous réinventer. »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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