DIMANCHE VILLAGES Aramon réfléchit à l’avenir du quartier de la gare
La petite salle de la mairie d’Aramon était pleine comme un oeuf, hier matin. Il faut dire que l’objet de la réunion publique organisée par la municipalité était d’importance, puisqu’il s’agissait rien de moins que de présenter l’étude réalisée par un groupement d’architectes sur la requalification urbaine du quartier de la gare.
Un quartier situé entre le Rhône, la voie ferrée et l’avenue du Général de Gaulle, à la situation paradoxale : il est à la fois un des quartiers les plus grands de la commune, mais aussi un des plus enclavés.
« Ce quartier mérite un regard attentif »
« Nous avons choisi de nous atteler à ce quartier car il ne peut pas rester comme ça, a affirmé le maire Michel Pronesti lors de son propos liminaire. Ce quartier mérite un regard attentif, il n’a pas été abandonné, mais… » Le maire laissera sa phrase en suspens, mais les quelque 80 personnes présentes dans la salle, dont bon nombre d’habitants dudit quartier, ne le contrediront pas. « Il faut améliorer l’existant, d’autant que le quartier de la gare peut apporter des réponses l’évolution démographique de la commune », ajoute l’édile, avant de préciser que d’ici 2030, les prévisions voient Aramon passer de 4 100 à 4 700 habitants. Sur une commune très contrainte en termes de risque inondation, les terrains constructibles sont d’autant plus cruciaux.
Le quartier de la gare, s’il doit être repris et repensé, présente toutefois un atout maître avec la présence… de la gare. Une gare qui ne voit plus passer de trains de voyageurs depuis plus de quatre décennies (il s’agit de la ligne rive droite du Rhône qui part de Pont-Saint-Esprit pour relier Nîmes), « mais le vice-président de la Région (Jean-Luc Gibelin, ndlr) a pris un engagement sur la réouverture de la ligne et de la gare en 2020 », a souligné Michel Pronesti. De quoi redonner un coup d’accélérateur pour la re dynamisation du village, et a fortiori du quartier.
Connecter le quartier
Alors le groupement d’architectes, représenté hier matin par Caroline de Ruyck et Sabrina Genieis, a été chargé par la mairie de proposer des solutions pour la requalification du quartier. Le travail a commencé il y a plusieurs mois et a permis de dégager plusieurs axes. Le premier est de connecter le quartier au centre-ville : « l’articulation pourrait se faire au niveau du café-restaurant des Platanes, où un lieu de vie pourrait émerger », note Sabrina Genieis, qui propose également deux passerelles piétonnières et cyclistes : une pour rejoindre la via-Rhôna, en bordure du fleuve, et une autre au niveau de la voie-ferrée, pour rallier les Rompudes.
Plusieurs zones pouvant accueillir notamment du logement ont été fléchées, notamment derrière le boulodrome municipal. « Le but serait d’avoir une mixité entre des habitations et des services », précise la consultante en urbanisme. Autre point capital du quartier, l’ancien Shopi, qui a fermé il y a quelques années, laissant « un lieu plus ou moins éteint, auquel on pourrait redonner de la vie, avec un lieu de rencontres à inventer, et toujours de la mixité », poursuit Sabrina Genieis. Le long de la voie ferrée pourrait accueillir « des commerces et des services » dont les bâtiments, parmi lesquels pourquoi pas le futur hôtel d’entreprises de la Communauté de communes du Pont du Gard, pourraient servir de « protection phonique » pour les habitants. Quant à la parcelle communale au nord du quartier, elle pourrait proposer des commerces et services.
Pas question en revanche de construire de grands immeubles : les immeubles proposés ne dépasseraient pas le R+2, et des places où cohabiteraient piétons et cyclistes leur sont préférés. Les eaux pluviales seraient absorbées par des zones végétalisées, en creux, et de cheminements piétons et vélos mailleraient le quartier.
Un projet de long-terme
« Ce n’est qu’un projet, on ne va pas le réaliser demain, a tempéré le maire à l’issue de la présentation, avant de passer la parole au public. L’objectif est de l’initier d’ici la fin du mandat. » Et l’édile de préciser que le projet avait été « validé par la Région » et que la commune bénéficierait de l’accompagnement de l’Etablissement public foncier pour l’achat des terrains nécessaires.
Le public a pu ensuite participer, dans une ambiance parfois un peu houleuse qui a pu favoriser certaines digressions, pour proposer une idée, comme celle de bâtir une résidence pour seniors dans le quartier, ou interpeller le maire, notamment sur le risque de déplacer le centre d’intérêt de la commune du centre-ville au quartier de la gare. Ce que le maire a dénié en affirmant que ce projet, ou en tout cas les pistes de réflexions présentées, « apporteraient un plus à l’ensemble de la commune. » Et le maire de promettre d’ores et déjà qu’il réinvitera la population pour la prochaine phase, qui sera celle de la proposition d’aménagements.
Thierry ALLARD
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