ÉDITORIAL Proportionnelle intégrale : meilleure représentation politique ou chimère électorale ?
Les élections législatives qui auront lieu les 12 et 19 juin prochains reposent la question du mode de scrutin. Davantage aujourd'hui quand on constate que la primauté au président élu ou réélu qui bénéficie jusque-là d'une majorité confortable à l'Assemblée nationale pourrait être différente cette fois-ci avec l'irruption de la Nupes, cette alliance populaire de toute la Gauche. Et si l'on regarde les derniers sondages, Jean-Luc Mélenchon a de quoi se mettre en colère, même si tout le monde sait qu'il ne lui en faut pas beaucoup... En effet, les dernières estimations mettent en tête la Nouvelle union populaire écologique et sociale au premier tour. Et pourtant, à la fin, c'est la majorité présidentielle qui devrait rafler la mise et imposer sa loi au parlement. C'est donc bien le scrutin uninominal majoritaire à deux tours qui pose problème. Lui qui exige que dans les 577 circonscriptions que compte la France, le candidat récoltant le plus de voix est élu et les voix obtenues par les concurrents sont perdues. Et la représentation de toutes les tendances politiques alors ? Seule la proportionnelle intégrale peut l'assurer. Mais elle comporte quelques travers. La diversité rend forcément difficile l'émergence d'une majorité et peut entraîner, comme dans la IVe République, un blocage systématique des institutions et des avancées politiques. Pour gouverner, il faut en avoir les moyens. Si le pouvoir est confisqué par des groupes d'individualités, il sera forcément compliqué d'agir. L'autre problème potentiel de la proportionnelle c'est la quasi-obligation de former des coalitions au lendemain du vote. Des accords de gouvernement qui obligent à des compromissions, à des renoncements. Qui vont ainsi à l'inverse des électeurs qui se sont prononcés sur un programme précis. Emmanuel Macron s'est engagé pendant la Présidentielle à ouvrir le chantier d'un système de proportionnelle intégrale. Le Président réélu y voit probablement un moyen de contrer l'abstention de plus en plus importante dans le pays. Mais attention à ne pas déplacer le problème des bureaux de vote à l'Assemblée nationale. Avant de changer un système imparfait mais qui a fait ses preuves, il serait peut-être temps pour nos dirigeants de se poser les bonnes questions sur le désamour des Français pour la matière politique.
Abdel Samari