Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 25.11.2016 - coralie-mollaret - 5 min  - vu 238 fois

FAIT DU JOUR Denis Bouad : "Hollande a fait des choses merveilleuses"

Le président du département du Gard, Denis Bouad, dans son bureau, au 5ème étage du conseil départemental

Président du Département, l'homme fort du PS gardois détonne par sa liberté de ton. Une liberté qui fait suite à une carrière d'élu ordonné et bien rempli. Aujourd'hui, à contre-courant des règles et des sondages, Denis Bouad livre une vision peu conventionnelle de la politique. Première partie de l'interview axé sur le Parti Socialiste à l'orée des Législatives. 

Objectifgard : Le PS vient de présenter ses candidats aux investitures pour les Législatives 2017. Comptez-vous vous investir dans la campagne ?

Denis Bouad : Vous savez, cela fait 43 ans que je suis socialiste. Socialiste sur des valeurs d'humanisme pour les femmes et les hommes qui souffrent. Alors oui, je soutiendrai tous les candidats PS qui seront sur l'ensemble des six circonscriptions du Gard, quels qu'ils soient à l'arrivée y compris les dissidents... (sourire)

Comment entendez-vous y participer ?

Comme pour les dernières Régionales. S'il faut faire des réunions publiques, j'en ferai. Des déplacements sur le terrain avec les candidats, j'en ferai également. C'est déjà pas mal, non ? Sinon autant que je sois candidat… (rires).

"Le bilan de François Hollande est excellent !"

En quoi votre fonction de président du Département est-elle un avantage pour cette campagne ?

Nous voterons bientôt un budget 2017 avec 120 M d'€ d'investissements. Ces crédits améliorent le quotidien des Gardoises et des Gardois : quand je décide de reconstruire le collège Jules Vallès à Nîmes, j'améliore les conditions de travail des élèves. Quand je fais des routes, j'apporte un service à celles et ceux qui se lèvent le matin pour travailler (…) Toutefois pendant la campagne, mon discours sera surtout celui de la défense du bilan de François Hollande face au risque de voir un candidat de droite arriver au pouvoir.

Sera-t-il plus facile de soutenir le bilan de François Hollande ou de critiquer le programme de la droite ?

Le bilan de François Hollande est excellent ! On a l'impression que tout va mal dans ce pays ! Je ne dis pas qu'il n'y a pas de gens qui souffrent, mais j'entends des critiques injustifiées. En termes de sécurité, nous sommes en train de recréer les 7 000 postes de policiers supprimés sous Nicolas Sarkozy. Idem pour l'Éducation nationale avec 1400 nouveaux postes en Occitanie. Concernant la gestion des comptes publics, le Président fait en sorte que l'on arrive à 3 % du PIB de déficit en 2017. Hollande a fait des choses merveilleuses. Moi, quand je regarde le programme de la droite, je vois des suppressions de fonctionnaires et une hausse de TVA que tout le monde va payer. Très bien, on dira aux gens qui attendent des heures aux urgences que l'on va supprimer des postes. On dira à la justice qu'elle a trop de moyens et qu'elle est trop rapide… Soyons sérieux !

La politique économique du gouvernement divise la gauche. Les allègements de charges pour les entreprises n'ont pas inversé la courbe du chômage.

Je vous l'accorde, les résultats n'arrivent pas à la vitesse que l'on voudrait. Mais le CICE par exemple est un bon dispositif qui permet de réinvestir dans l'entreprise pour créer des emplois. L'emploi est un problème mais on va y arriver.

La politique économique de François Hollande est-elle de gauche ? 

Nous avons un problème d'identité au Parti Socialiste, plus qu'un problème de stratégie économique. Moi, je suis un socialiste réaliste. La question aujourd'hui est quelle gauche nous voulons ? Une gauche de pouvoir, capable de répondre à toutes les interrogations ou une gauche idéaliste ? François Hollande a une bonne politique économique. Vient ensuite la question du social. Pensez-vous que ce gouvernement n'en fait pas quand le RSA a été encore revalorisé de 30 à 40 euros cette année ? On préfère plutôt supprimer l'ISF et augmenter la TVA ?

 "Les règles sont parfois faites pour être transgressées"

Revenons aux Législatives. Votre vice-président Olivier Gaillard souhaite se présenter sur la 5ème circonscription. Toutefois, il n'a pas candidaté à l'investiture du PS. Le soutenez-vous toujours ?

Regardez à droite : la primaire a été un formidable succès. Seulement, qu'entendons-nous aujourd'hui ? Les candidats désignés en amont pour les Législatives pourraient être remis en cause du fait de la défaite de Nicolas Sarkozy ! En janvier, la gauche aura sa primaire. On ne sait pas ce qu'il va se passer. Moi, ce que je peux vous dire, c'est qu'Olivier Gaillard est mon ami. Je suis fidèle en amitié...

Olivier Gaillard est-il plus légitime que Nelly Frontanau, suppléante du député sortant et seule candidate à l'investiture PS ?

Olivier Gaillard est conseiller départemental d'un canton de cette circonscription (Quissac). Il est adjoint d'une mairie (Sauve) et président d'une communauté de communes (Piémont Cévenol) de ce même territoire. Il est plus légitime. (Nelly Frontanau est adjointe au maire de Mons, située sur la 4ème circonscription).

Quand on est dans un parti, il y a quand même des règles à respecter…

Les règles sont parfois faites pour être transgressées. C'est complètement stupide de voter aujourd'hui ! C'était stupide pour la droite de donner les investitures aux Législatives avant la primaire. Aujourd'hui c'est stupide pour la gauche de voter alors que nous n'avons même pas désigné notre candidat à la Présidentielle.

S'il y a une dissidence sur la 5ème, la gauche pourrait perdre ce territoire.

Vous voulez que je réponde une question qui commence par une incertitude...

Qu'en est-il de la 3ème circonscription ? Soutenez-vous la candidate PS Catherine Eysseric ou le député sortant et démissionnaire du PS, Patrice Prat ?

Imaginons demain que François Hollande ne soit pas candidat et qu'Arnaud Montebourg remporte la primaire. Pensez-vous que le PS ne soutiendra pas Patrice Prat, proche de celui-ci ? Arrêtons d'ajouter de la difficulté à la difficulté. Le PS est dans une situation difficile, il faut faire barrage à la droite et l'extrême-droite. Ce n'est pas parce que Patrice Prat n'a plus sa carte qu'il est moins socialiste qu'un encarté !

Sur la 6ème, soutenez-vous la réinvestiture du député sortant Christophe Cavard ?

Ce que je fais au Département (alliance avec le PCF et les écologistes), nous devons le faire à grande échelle. On se réussira pas tout seul... Certes, Christophe Cavard s'est différencié de certaines décisions du gouvernement, mais globalement il a toujours appartenu à la majorité. Et comme je vous l'ai dit, je suis fidèle en amitié. Christophe Cavard est mon ami. Pour être socialiste, il faut tuer ses amis ?

Enfin, sur la 2ème circonscription, trois candidates s'affrontent pour l'investiture PS : la militante de la LICRA Nathalie Ribes ; l'ex-conseillère régionale Corinne Giacometti et Katy Guyot, ex-candidate de 2012. Qui soutenez-vous ?

Qu'il y ait trois femmes, c'est formidable. Si je devais voter, je voterai pour Katy Guyot. Aux Législatives de 2012, elle a réalisé 42% des voix dans une vague rose. Un bon résultat sur des terres où la droite est l'extrême-droite sont fortes. Elle est élue de Vauvert, présidente du Pays et mène depuis longtemps le combat sur ce territoire. Pour gagner les élections, nous avons besoin de mettre les bons candidats face aux électeurs. Si vous avez compris cela, vous avez tout compris.

Deuxième partie de l'interview axé sur l'actualité du Département ce vendredi à 10h.

Propos recueillis par Abdel Samari et Coralie Mollaret   

Coralie Mollaret

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