FAIT DU JOUR Face à la politique de Rani Assaf, les supporters jouent leur va-tout
Ce samedi à 16 heures à la Maison carrée, les trois associations de supporters du Nîmes Olympique - Gladiators, Nemausus et Club central - donnent rendez-vous à tous les amoureux du club pour exiger de Rani Assaf "qu'il bâtisse une politique sportive et supporteriale respectueuse de l'institution". L'objectif : mettre le président du N.O. et la Ville de Nîmes face à leurs responsabilités respectives. Mais aussi réveiller un public qui a délaissé les tribunes du stade des Costières ces derniers mois.
Le Nîmes Olympique et son avenir laissent-ils tout le monde indifférent ? Les actions de boycott comme les appels à la mobilisation n'ont finalement pas changé grand chose : cette saison, le stade des Costières sonne désespérément creux. Les causes potentielles de cette désaffection sont nombreuses : les résultats décevants des Crocos, des adversaires moins prestigieux qu'en Ligue 1, des places jugées trop chères ou encore l'obligation de présenter un pass sanitaire pour s'installer en tribune. Mais pour les associations de supporters, la véritable raison est plus profonde. "La politique globale de Rani Assaf suscite un écœurement général, estime Dimitri Pialat, le président des Gladiators. Aujourd'hui, beaucoup de supporters ne se reconnaissent plus dans le club qu'ils ont aimé."
Sur le fond, deux visions du football peut-être irréconciliables s'opposent. D'un côté, des supporters qui souhaitent avant tout défendre l'identité de leur club et continuer à vivre leur passion comme ils l'entendent dans des tribunes populaires. De l'autre, un président opiniâtre au pragmatisme exacerbé qui détonne dans le monde du football. Dans ces conditions, les relations maintenues par intermittence s'apparentent souvent à un dialogue de sourds. Et le dernier mot revient souvent à Rani Assaf. Car face à l'inflexible actionnaire majoritaire du club, les atouts présents entre les mains des associations de supporters ne pèsent pas bien lourd.
Alors, plutôt que de se résigner, ces dernières décident d'appeler à la mobilisation "de la dernière chance", s'inspirant du précédent de 2014, où 500 supporters s'étaient regroupés sur le parvis des arènes pour défendre leur club. À l'époque, le Nîmes Olympique était englué dans une affaire de matches présumés truqués et menacé d'être rayé de la carte du football français. Une situation grave qui avait poussé plus de 500 personnes à se réunir derrière un slogan simple : "Pour que vive le Nîmes Olympique". Actionnaire minoritaire, Rani Assaf était à ce moment là le principal espoir de survie club. Il cristallise aujourd'hui toutes les crispations.
Un rôle central pour la mairie ?
"Je pense que les deux situations sont comparables, argumente Dimitri Pialat. Si on ne fait rien, c'est la mort du N.O. tel qu'on l'a connu. Et le danger se situe aussi sur le plan sportif. Avec un centre de formation au rabais, les jeunes du cru ne pourront pas nous sauver cette fois-ci." Au-delà de Rani Assaf, la Ville de Nîmes et ses élus sont aussi dans le viseur des organisateurs. "Nous ne sommes pas dupes de leur double-jeu, pointe le président des Gladiators. D'un côté ils se déclarent partenaires du président dans le cadre de son projet de nouveau stade, de l'autre ils se disent inquiets pour l'avenir du club."
Dans une situation pour le moins inconfortable, la majorité municipale dispose probablement des seules cartes capables de perturber les plans de Rani Assaf. Peut-être autant que la mobilisation de l'après-midi, la réception matinale des présidents des Gladiators, des Nemausus et du Club central en mairie devrait être un des temps forts de la journée. "On attend cela depuis très longtemps", confirme Cyril Roure, le président des Nemausus.
Mais la crédibilité accordée aux revendications supporteriales dépendra sans doute aussi beaucoup de l'ampleur de la manifestation à la Maison carrée. "Il est difficile de s'avancer car les tendances observées sur les réseaux sociaux peuvent-être trompeuses, reconnait Dimitri Pialat. Mais on a le sentiment et l'espoir que le public nîmois se réveille." Alors que Rani Assaf officialisera très prochainement une offre aux supporters, les organisateurs rêvent d'une démonstration de force et d'une mobilisation au moins aussi importante qu'en 2014. Ils devraient en tout cas recevoir le soutien de plusieurs anciens joueurs et dirigeants du club, présents sur place ou ayant envoyé leurs témoignages en vidéo. Parents de jeunes du centre de formation, bénévoles et membres de l'Association du Nîmes Olympique devraient également être de la partie.
"Nous avons connu des saisons bien plus difficiles"
Certains supporters en revanche ont fait le choix de se rendre au stade plutôt que sur le parvis de la Maison carrée. C'est le cas de Julien, fidèle des Costières depuis de nombreuses années. "Je ne supporte pas un dirigeant mais une équipe et un club, explique-t-il. Les groupes veulent, exigent et réclament mais ils ne viennent pas supporter, ce qui est la base. Et surtout, ils ne proposent rien. Rani Assaf est le seul à avoir un vrai projet."
Patrick sera lui aussi en tribune ce samedi. "Je trouve ces actions disproportionnées et ne me reconnais pas dans ces discours, avance-t-il. Non, le Nîmes Olympique n'est pas sur le point de mourir. Certains reproches -comme l'absence d'abonnement - sont légitimes, mais il faut arrêter d'avaler toutes les couleuvres. Certains manquent de recul, nous avons connu des saisons bien plus difficiles par le passé et le N.O. est encore debout." Dans les tribunes du stade des Costières et sur le parvis de la Maison carrée, les affluences nous en apprendront sans doute un peu plus sur l'état d'esprit actuel du public nîmois. Et sur le véritable équilibre des forces entre partisans et opposants de l'actuelle direction.
Boris Boutet