Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 12.12.2021 - boris-boutet - 3 min  - vu 1661 fois

FAIT DU JOUR Habitants, commerçants, bénévoles : ils vibrent pour les exploits de Chemin-Bas

À une semaine du 32e de finale de Coupe de France contre Clermont (Ligue 1), les préventes explosent. (Photo Boris Boutet)

Les bénévoles classent les billets à vendre. (photo Boris Boutet)

À une semaine du 32e de finale de Coupe de France de la Jeunesse sportive du Chemin-Bas d'Avignon (JSCBA) qui évolue en Régional 2 contre le pensionnaire de Ligue 1, Clermont, tout un quartier ne pense plus qu'à ça. Zoom sur ces passionnés qui espèrent que cette épopée participera à redorer l'image du Chemin-Bas d'Avignon.  

"C'est un truc de fou ce qu'ils font !" Attablé au Family Grill de l'avenue Bir Hakeim, Houssine n'en croit pas ses yeux. Né dans le quartier, cet enfant de Chemin-Bas donne un coup de main occasionnel au club pour assurer la sécurité lors des matches importants. Si samedi prochain cette dernière sera confiée à la même société privée que celle qui gère les matches du Nîmes Olympique, le jeune homme sera malgré tout lui aussi à pied d'œuvre. "Je sers un peu de médiateur, explique-t-il. Les jeunes écoutent plus facilement les gens du quartier, ceux qu'ils connaissent." Affublé d'un chasuble jaune, il veillait déjà au grain à Jean-Bouin lors des tours précédents, évitant que l'euphorie générale ne tourne au dérapage.

Car pour l'association, l'image est primordiale. À 42 ans, Roselyne Ben Ali a passé la moitié de sa vie au service du club. Joueuse, éducatrice, secrétaire et désormais présidente, cette figure de la JSCBA se souvient de périodes difficiles. "Quand je suis arrivée il y a une vingtaine d'années, nos équipes de jeunes n'étaient quasiment jamais invitées sur les tournois, se rappelle-t-elle. Aujourd'hui, le regard porté par les autres clubs a changé. Quand ils nous font venir, ils ne craignent plus les problèmes."

La politique de Nîmes Chemin-Bas n'y est pas étrangère. "J'ai repris les moins de 19 ans il y a une dizaine d'années, alors que l'équipe sortait d'une interdiction de jouer au football de plusieurs mois, témoigne Anouar Taibi, aujourd'hui trésorier du club et entraîneur adjoint de l'équipe première. On a mis en place des règles, on a fait du ménage parmi ceux qui ne voulaient pas les respecter et on est parvenu à assainir les effectifs. Aujourd'hui, les choses se passent mieux et on est plus compétitifs dans toutes les catégories." 

Roselyne Ben Ali, la présidente du club. (Photo Boris Boutet)

C'est dans le restaurant de sa sœur, Mounia, gérante du Family Grill, que sont vendus la plupart des tickets pour le match. "On espère faire le plein car l'organisation de la rencontre va nous coûter 20 000 €", souffle Roselyne Ben Ali. C'est environ le salaire mensuel d'un joueur de Clermont, leurs futurs adversaires. C'est aussi à peu de chose près le budget annuel de la JSCBA. "On est un petit club, justifie la présidente. Ici, on joue pour le plaisir, seule la Coupe de France nous permet d'accorder quelques primes de match." 

Exceptionnelles, celles-ci ne s'élèvent qu'à quelques centaines d'euros par joueur mais représentent une bonne partie des 50 000 € de dotation qu'est censée toucher la JSCBA en cas d'élimination samedi prochain. Avec ce qui restera, le club espère pouvoir investir dans un troisième mini-bus, utilisé pour les déplacements des différentes équipes. "On en a un qui commence à fatiguer, confie Roselyne Ben Ali. On aimerait aussi garder un peu d'argent pour structurer nos équipes, surtout si on parvient à monter en Régional 1, ce qui est notre objectif principal." 

Abderrahmane Lahcene, l'un des bouchers du quartier est fier de la JSCBA (Photo Boris Boutet)

"On mise beaucoup sur la formation, poursuit-elle. Chaque année, certains de nos meilleurs jeunes partent au Nîmes Olympique. Le plus connu d'entre eux est Sofiane Alakouch, aujourd'hui à Metz. Je l'ai vu débuter ici, au Chemin-Bas." Et cette fierté se répand bien au-delà des 250 licenciés du club. "Tout au long de l'année, même en temps normal, la JSCBA fait beaucoup parler, raconte Abderrahmane Lahcene, l'un des bouchers du quartier qui envisage de sponsoriser une équipe de jeune la saison prochaine. Tout le monde ici a un lien particulier avec le club. C'est un peu notre vitrine à tous."

Une devanture particulièrement exposée ces dernières semaines. "Entre les sollicitations des médias régionaux et nationaux et l'organisation de la rencontre, mon téléphone n'arrête pas de sonner en ce moment, avance Roselyne Ben Ali. C'est épuisant, mais ça fait plaisir. Je crois qu'on réalisera ce qu'il nous arrive une fois que ce sera terminé." Tous ici espèrent que ce sera le plus tard possible. "On est sur un nuage, et contre Clermont on va gagner aussi !", veut croire Mostafa, un ambulancier du quartier qui évolue avec l'équipe réserve.

"Contre Agde, j'avais annoncé à mon neveu qu'on allait gagner, je sentais qu'un miracle allait se produire, rigole de son côté le boucher. Jouer aux Costières, ce sera une superbe fête." En tribunes, sans doute, avec plusieurs milliers de supporters attendus. Sur le terrain, en revanche, l'heure n'est pas à la célébration. "Le coach et les joueurs y croient à fond, l'objectif ce sera clairement de passer un tour de plus", annonce la présidente. La JSCBA l'a prouvé : à cœur vaillant rien d'impossible.

Boris Boutet

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