Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 27.10.2015 - eloise-levesque - 4 min  - vu 770 fois

FAIT DU JOUR La dernière bataille de Malavieille à la Grand'Combe ?

Patrick Malavieille, maire de la Grand'Combe. EL/OG

Maire de la Grand'Combe depuis presque deux décennies, Patrick Malavieille annonce penser au grand départ. Avant de rendre son siège, un dernier grand chantier l'attend : de nombreux investissements sur la ville pour un montant global de plus de 50 millions d'€.

Il ne l'avoue qu'à demi-mot, mais Patrick Malavieille semble avoir déjà pris sa décision pour les élections municipales de 2020. Sans en dévoiler les véritables motivations. "Pour repartir sur 6 ans, il faut être sûr d'en être capable. Ce n'est pas mon cas. Je ne veux pas faire les choses à moitié. Il est peut-être temps de passer le relais. Et personnellement, il y a beaucoup de choses que je n'ai pas le temps de faire". Rien n'est encore figé et le maire de la Grand'Combe est au sommet de sa popularité. Il a emporté ses deux dernières élections au premier tour. Pourtant, il est bel et bien "plus sur le départ que sur l'arrivée". "Plusieurs personnes de mon équipe ont la capacité de me succéder", lâche-t-il.

Un départ qu'il prépare en douceur. D'abord, il souhaite ardemment que le Pays Grand'Combien, dont il est le président, soit rattaché à Alès Agglo, sans en briguer la gouvernance. Quant à la ville, les projets qu'il mijote depuis des années sont sur le point d'aboutir. Comme la cerise sur le gâteau de son long parcours politique.

Le parc régional d'activités économiques enfin sur les rails

L'opposition ne cesse de le lui reprocher. Depuis son acquisition en 2008, le terrain du futur Parc régional d'activités économiques Humphry Davy - situé entre les montagnes - est toujours vide. Pourtant, le projet avance. Même si c'est avec lenteur. Installé sur une ancienne zone minière, les 60 ha ont d'abord été dépollués par la région Languedoc-Roussillon. Ensuite, en 2013, une première tranche du site a été entièrement aménagée sur 30 ha, pour accueillir des entreprises "clé en main". Enfin, le pont Georges Frêche, qui va relier le PRAE à la N 106, va être construit et inauguré en 2018. Il sera financé par la Région et le Département à hauteur de 7 millions d'€ et sera accompagné de l'aménagement de l'avenue Nelson Mandela qui s'ouvrira sur la ville.

Terrain du PRAE, aménagé dans un cadre plutôt accueillant. EL/OG

Reste le plus complexe : attirer des entrepreneurs sur un secteur peu attractif. Pour cela, Patrick Malavieille a un argument de choc : le prix. 20€/m² contre 166€ en moyenne sur le reste du Gard. "L'histoire nous rappelle par ailleurs qu'il y a eu des prouesses extraordinaires sur ce territoire. La société fondatrice de la première ligne de chemin de fer du Gard s'est installée ici", sourit le maire.

Sur 15 lots disponibles, 3 entreprises sont en cours de négociation pour s'installer. "C'est le début du début", commente l'édile qui a pour ambition de le remplir avant la fin de son mandat. "Nous voulons également y créer une zone d'activité numérique pour proposer toutes les nouvelles technologies aux starts-up. C'est très recherché par les petites entreprises".

Requalification des quartiers 

Souffrant d'une image peu reluisante, la Grand'Combe a besoin de voir un nouveau visage sur ses vieux immeubles délabrés. Habitat du Gard et Néolia ont déjà démoli et érigé plusieurs bâtiments. Mais le chantier est colossal. D'ici 2016, plus de 200 logements sociaux vont encore être réhabilités ou reconstruits sur les trois quartiers de Trescol, l'Arboux et Les Pelouses. "C'est aussi de l'activité économique pour les entreprises", précise le maire communiste. Un projet ambitieux qui coûtera 14 millions d'€ à Habitat du Gard. "Quand tout le monde s'y met, ça permet vraiment de faire bouger les choses", se satisfait Patrick Malavieille.

Immeuble des années 70 en état de délabrement, qui va être détruit prochainement dans le quartier de lArboux. EL/OG

En parallèle, dans le centre-ville, la municipalité souhaite lutter contre les marchands de sommeil, qui entassent les Grand'Combiens dans des appartements souvent vétustes. "On a acheté 4 petits immeubles et un autre est en cours d'acquisition. Ils représentent une dizaines de logements. On a réussi à avoir des emprunts moindres pour les restaurer. Leur mise en location permettra une opération blanche pour la commune", assure l'édile qui annonce déjà qu'un boulanger s'est positionné sur l'un d'entre eux.

L'un des quatre immeubles qui va être restauré par la mairie en centre ville. EL/OG

Le dernier programme d'envergure est sur les hauteurs de la ville. Au camp Fougère où résidaient autrefois les mineurs, tout a été détruit et le lieu est en friche. Pourtant, l'emplacement est isolé, ensoleillé et ombragé, idéal pour se ressourcer. Plusieurs années après l'acquisition de son terrain, la municipalité a finalement décidé d'y bâtir un éco-quartier. "C'est l'un des seuls terrains non-inondables de la ville", rappelle le maire.

80 logements devraient voir le jour d'ici 2020, financés par un promoteur. Ils devront répondre à un cahier des charges bien précis : préservation du paysage, économie en énergie, gestion des eaux pluviales... Ils seront bordés de jardins et de locaux commerciaux, pour créer une véritable vie de quartier aux portes de la ville. Seuls les aménagements seront assumés par la commune, à hauteur de 1,4 millions d'€, grâce à un nouvel emprunt. "On s'est engagé parce qu'on le pouvait. Le but est que ce soit rentable. La dette n'augmentera pas et les impôts non plus. On fera notre possible pour ça. Ils sont déjà suffisamment élevés", rassure Patrick Malavieille.

Une grande maison médicale

La Grand'Combe va subir une transformation de fond. Pour terminer ce bouquet d'investissements de toutes parts, un pôle accueillant une quarantaine de professionnels de santé sera construit dans les mois à venir. En juin 2015, ce projet - issu d'une réflexion communes des acteurs de la filière réunis en association - a d'ailleurs déjà reçu le label de l'ARS pour sa formation et sa mise en réseau. "La balle est maintenant dans notre camp. On va bientôt lancer un concours", précise le premier magistrat de la ville. Le coût : 1,1 million d'€ pour la communauté de communes et 480 000€ pour l'Union européenne. De même, le centre médico-psychologique sera également restauré.

Si l'une des cités les plus pauvres du Gard peut autant investir, elle le doit en partie à la politique de la ville, qui a renouvelé ses crédits. "On est jalousés pour tout ce qu'on a et je le comprends. Cendras et Molières-sur-Cèze n'auraient pas dû sortir de la politique de la ville. Mais on en a besoin et on a rien volé. De mon côté, j'utilise à fond toutes mes casquettes pour faire bouger les choses", conclut Patrick Malavieille. Un coup d'accélérateur avant de se retirer avec la reconnaissance. C'est en tout cas ce qu'il espère secrètement. "Je veux rendre aux gens ce qu'ils m'ont donné", murmure-t-il. Et après ? Il n'en dévoilera pas plus. Une chose est sûre : il refusera de devenir simple conseiller municipal. Sa personnalité est trop forte. Une personnalité difficile à remplacer, mais qui est aujourd'hui un atout considérable pour tenter d'extirper la Grand'Combe de son marasme.

Eloïse Levesque

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