FAIT DU JOUR La secrétaire d’État Sarah El Haïry à Nîmes : "On veut réunir les jeunes entre 15 et 17 ans partout dans le pays"
Sarah El Haïry, secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, est à Nîmes et à Marguerittes ce jeudi 22 avril afin de valoriser les différents engagements de ceux qui se mobilisent dans le cadre de la crise de la covid-19. Avant sa visite, elle a accepté de répondre à toutes nos questions sur la crise économique qui touche les étudiants, sur le Service national universel, la laïcité, le vote à 16 ans ou encore son regard sur son collègue député Modem Philippe Berta.
Objectif Gard : Quel est l'objet de votre déplacement à Nîmes ce jeudi ?
Sarah El Haïry : Dans cette période compliquée de crise sanitaire, venir saluer ceux qui accompagnent en première ligne pour permettre de passer cette étape difficile est primordial. Je viens valoriser l'engagement. Faciliter la vie et montrer toute ma reconnaissance et leur dire à quel point ils sont essentiels. À Nîmes, j'irai à la rencontre des bénévoles de la protection civile de la résidence autonomie Domitys Sophia mobilisés sur le dépistage du covid-19. Ensuite, je me déplacerai à la Banque alimentaire où des bénévoles et des jeunes en mission de Service civique sont engagés pour être utiles. Ce sont des petits trésors, des héros du quotidien, ils sont tellement essentiels. Enfin, au centre socio-culturel Escal à Marguerittes, je veux recueillir la parole des animateurs, des éducateurs qui s'occupent des enfants des soignants. Ces personnes qui nous soignent au quotidien contre cette pandémie. Ces membres du centre socio-culturel font vivre la solidarité, et grâce à eux, les personnels soignants peuvent déposer leurs enfants l'esprit tranquille.
Vous êtes en charge au sein du Gouvernement de la Jeunesse et l’Engagement. Un vaste sujet. Comment relever les défis pour nos jeunes impactés durement par la crise sanitaire et ses conséquences économiques demain ?
La première réponse du Gouvernement en mars 2020 n'a pas été la même qu'aujourd'hui. Il y a de nouvelles conséquences à présent. On peut parler du volet économique, on pourrait parler aussi de l'isolement durable, de la santé mentale. Ce sont donc plusieurs solutions à mettre en œuvre, plusieurs dispositifs à développer. Car il n'y a pas une seule catégorie de jeunes mais une jeunesse dans son entièreté. Plusieurs profils, plusieurs parcours. Les situations sont donc différentes à chaque fois et en fonction du parcours de vie. Des jeunes parents, des étudiants près du domicile parental, d'autres à l'autre bout de la France sans famille. Ou encore des apprentis. Nous avons donc mis en place un dispositif "1 jeune, 1 solution". Ce sont 10 milliards d'euros mis sur la table. Avec cela, on peut efficacement accompagner, former et faciliter l'entrée dans la vie professionnelle de tous les jeunes, sur tous les territoires. Je voudrais aussi dire qu'en matière d'insertion sur le marché du travail, le contrat d'apprentissage, ce sont 8 000 euros versés à l'entreprise qui embauche. Ce sont en 2020, en pleine crise sanitaire, plus de 50 000 contrats signés. Un record. Chaque fois qu'une entreprise embauche plus de trois mois un jeune de moins de 26 ans, elle bénéficie aussi d'une prime d'aide de 4 000 euros. Enfin, plus spécifiquement pour les étudiants, on a réussi à mobiliser les entreprises et à proposer 20 000 jobs. Sur la précarité étudiante, le ministère de l'Enseignement supérieur a mis en place deux dispositifs cruciaux : le repas à un euro deux fois par jour. Et le chèque psy qui permet aux étudiants fragilisés par la crise d'accéder à des séances gratuites de soutien psychologique.
En matière de service civique, vous avez aussi répondu aux attentes...
En effet, nous avons aujourd'hui plus de 100 000 missions déjà engagées avec un objectif très fort en lien avec le plan de relance d'atteindre les 250 000 missions. Le "quoi qu'il en coûte", c'est aussi et avant tout pour notre jeunesse. La rémunération est intéressante pour les jeunes, on est sur un montant de 580 euros par mois et jusqu'à 680 euros pour les élèves boursiers. Enfin, je voudrais préciser, car c'était une demande forte des étudiants, la possibilité d'adapter le nombre d'heures par semaine minimum qui est de 23 heures. On a pris le temps de discuter avec eux, il faut être pragmatique. On a donc accepté de parler plutôt de volume d'heures sur la durée de la mission pour permettre d'adapter les horaires hebdomadaires.
"Notre volonté est de rendre obligatoire le Service national universel"
Vous avez annoncé que 25 000 jeunes volontaires devraient participer cette année à une nouvelle expérimentation du Service national universel. De quoi s’agit-il ?
Le principe est simple : on veut réunir les jeunes entre 15 et 17 ans partout dans le pays. Des jeunes qui ne se connaissent pas, avec différents profils. Issus de quartiers populaires, de territoires plus ruraux ou de grandes villes. Et des jeunes en décrochage scolaire. Sans le Service national universel, ils ne se seraient probablement pas croisés. On va leur proposer de passer 30 jours ensemble en deux fois dans un internat hors de leur département de résidence. Ils seront encadrés par des professionnels, des pompiers, des gendarmes, l'armée. Mais aussi des animateurs, éducateurs. Et même des professeurs. On voudrait que ce soit le meilleur de l'école, de la colo et de l'armée. Ils pourront faire du sport, apprendre les gestes de premiers secours, la Marseillaise ou encore le code de la route. On veut des rencontres, de l'échange, du questionnement et du vivre-ensemble.
Ce sera obligatoire ?
Pas dans un premier temps et pas durant l'expérimentation qui va démarrer. Mais notre volonté est de le rendre obligatoire et de généraliser ce Service national universel l'horizon 2024-2026. Vous savez, la jeunesse a besoin de se rencontrer, de faire ensemble, de contrer les stéréotypes. Quand on pense qu'un jeune sur deux n'a jamais pris le train, n'est jamais parti en vacances loin de chez lui...
Vous souhaitez par ailleurs mieux encadrer les associations d’éducation populaire. Qu’est-ce qui vous inquiète aujourd’hui ?
L'encadrement n'est pas central. Mais la construction de ces jeunes est déterminante et le travail exercé par ces associations est essentiel. Je veux donc au contraire le revaloriser. Mettre en lumière leur travail extraordinaire. Mais il nous faut revoir les outils, les méthodes et l'organisation. Il nous faut également revoir le brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur d'accueil collectif de mineurs (BAFA). Le numérique a bouleversé beaucoup de choses, les réseaux sociaux doivent être appréhendés efficacement. Des jeunes de 11 à 17 ans qui sont encadrés par des animateurs de 20 ans, il faut de la cohérence, une meilleure cohésion. Donc probablement renforcer la gouvernance avec une seule idée en tête : mieux protéger les enfants. Et donc, si cela est nécessaire, faire du contrôle ou en tout cas, assurer des évaluations pour être sûr que dans ces associations, il n'y a pas d'impact contre le projet républicain. Et donner les boucliers nécessaires pour que chaque association puisse lutter efficacement contre les séparatismes.
"À l'âge de 16 ans, on est en capacité de voter pour le maire de sa commune"
La laïcité est au cœur des débats y compris chez les jeunes. Un Nîmois, Nicolas Cadène, était rapporteur de l’Observatoire de la laïcité. Le Gouvernement a décidé de s’en séparer alors que ses travaux étaient reconnus de tous. Qu’est-ce qui posait problème fondamentalement ?
Très sincèrement, ce sujet est porté par le Premier ministre. Ce qui est certain, c'est qu'il faut faire évoluer cette structure pour qu'elle puisse être davantage en accord avec la situation d'aujourd'hui et les besoins au sein de la société. À titre personnel, j'y suis favorable. Il nous faut renforcer ces questions de laïcité.
Dans quelques semaines, deux échéances électorales avec les Régionales et les Départementales. Vous êtes favorable au vote à 16 ans. Un moyen de lutter contre l’abstention ?
La question mérite d'être posée car l'éducation à la démocratie dans un parcours de jeune est primordial. Je crois que l'on peut imaginer qu'à l'âge de 16 ans, on est en capacité de voter pour le maire de sa commune. On le voit aujourd'hui avec le développement de conseil municipal des jeunes, c'est très bien. Il y a même des juniors associations, des jeunes qui veulent de plus en plus s'inscrire dans le bénévolat.
Un mot également sur les violences scolaires et le harcèlement subis par des jeunes notamment au collège et lycée. Comment mieux lutter contre ce fléau qui fait des drames ?
Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Éducation nationale s'est saisi depuis 2017 de ce sujet avec l'instauration notamment d'un référent harcèlement scolaire dans chaque établissement. L'urgence c'est bien sûr de protéger les enfants. Il faut un cordon sanitaire autour des enfants avec de bons outils tout en ayant la possibilité d'identifier les signaux quelquefois faibles. L'enjeu des enseignants, des parents est là aussi. Des parents dont l'enfant est harcelé mais aussi les parents dont l'enfant est harceleur. Les associations ont aussi un rôle à jouer. Avant, on mettait un code parental sur la TV pour s'assurer que les enfants ne regardaient pas des programmes inappropriés. On a mis un code sur l'ordinateur. Aujourd'hui avec les smartphones, c'est très compliqué. Peu de parents savent que les jeux vidéos où vos enfants se connectent pour jouer en ligne sont dotés de plateforme de messagerie. Là aussi, il y a un travail colossal de pédagogie pour permettre à tout le monde d'être parfaitement au courant des dangers auxquels on expose les plus jeunes.
"Philippe Berta est un très bon ambassadeur du Gard"
Enfin, un mot sur votre collègue, le député Modem Philippe Berta. Vous serez présente sur sa circonscription tout à l'heure à Marguerittes. Quel regard portez-vous sur son travail depuis presque cinq ans ?
Philippe Berta peut être fier du travail qu'il a accompli. Que ce soit sur la loi bioéthique comme sur la programmation de la recherche. J'ai travaillé à ses côtés et je peux vous dire que l'une de ses grandes qualités c'est qu'il met vraiment l'énergie pour y arriver. J'ai de l'affection pour lui. C'est un ami alors je ne suis pas très objective. Mais je peux vous dire qu'il est très courageux. Et c'est un très bon ambassadeur du Gard. Il n'a que son département à la bouche. Cela donne envie de venir découvrir ce beau territoire. Et je suis impatiente ce matin.
Il hésite à se représenter dans un an. Vous l’encouragez à le faire ou comprenez-vous son choix de renoncer pour s'investir à nouveau dans le cadre professionnel et universitaire ?
C'est une décision personnelle. Un mandat de député, c'est beaucoup de travail, d'énergie, de sacrifices personnels aussi. Moi, je veux qu'il soit heureux donc je suis persuadé qu'il fera le bon choix.
Propos recueillis par Abdel Samari
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