Publié il y a 1 an - Mise à jour le 05.05.2022 - marie-meunier - 3 min  - vu 1198 fois

FAIT DU SOIR Un salon de coiffure villeneuvois offre une cabine aux personnes qui perdent leurs cheveux

Claire Bezombes est coiffeuse depuis 24 ans et a repris le salon de coiffure Temp'oh, il y a 9 ans à Villeneuve-lez-Avignon. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Quand on va chez le coiffeur, on parle du beau temps, de la famille, du travail, on refait le monde, on se confie, tout en s'offrant une nouvelle coupe ou couleur. Au salon villeneuvois Temp'oh, Claire Bezombes a décidé "d'apporter autre chose".

Coiffeuse depuis 24 ans, elle est devenue cette année prothésiste capillaire et a aménagé une cabine dédiée aux personnes souffrant d'alopécie (chute totale ou partielle des cheveux, NDLR). "Au fil des ans, je me suis rendue compte que je perdais beaucoup de clientes touchées par le cancer. Elles devaient se faire coiffer ailleurs alors que certaines venaient chez moi depuis quinze ans et avaient noué un rapport de confiance", retrace-t-elle.

L'alopécie peut être causée par la chimiothérapie, mais peut aussi découler d'un facteur génétique, de l'âge ou d'un choc traumatique. Elle est assez mal vécue par les femmes : "C'est très difficile psychologiquement pour elles. Certaines qui sont malades vivent plus mal la perte des cheveux que l'ablation d'un sein. C'est un symbole de la féminité", pointe la coiffeuse villeneuvoise.

Des perruques, des turbans ou des franges modernes et écoresponsables

Cette dernière s'est formée comme prothésiste capillaire à Arcachon en novembre et décembre 2021 pour leur offrir une solution. Ces femmes peuvent venir avant, pendant ou après la perte de cheveux au salon Temp'oh. "On s'occupe de trouver une perruque, une frange, un bandeau, un turban, aux clientes. On travaille beaucoup avec les modèles d'une start-up niçoise "Les Franjynes", qui sont modernes et dans l'air du temps. Si elles achètent au salon, c'est même remboursé par la Sécurité sociale", précise la coiffeuse. En plus, tous les tissus de la marque proviennent de fin de rouleaux de grandes maisons pour éviter la surproduction et une partie du chiffre d'affaires est reversée tous les mois à la recherche contre le cancer.

Claire Bezombes a choisi les prothèses capillaires conçues par une start-up niçoise "Les Franjynes". Il y a des perruques, des bandeaux, des turbans ou des franges, faits avec des cheveux en semi-synthétique. Les clientes qui les achètent directement au salon villeneuvois sont remboursées par la Sécurité sociale. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Pour mettre plus à l'aise ses clientes, Claire Bezombes a aménagé une cabine à part, où elles peuvent retirer leur perruque, sans être exposées à la vue de tous. "La lumière y est plus apaisée que dans le salon. Cela choque moins ces femmes malades qui ont un grain de peau plus jaune. On a installé un miroir mais on peut le couvrir à la demande", explique la gérante du salon. Elle conseille aux clientes de venir accompagnées par un proche pour avoir un avis sur les essayages de perruques et faire de ce moment, une parenthèse agréable.

Souvent, celles-ci choisissent un postiche de la même couleur que leur chevelure mais optent pour du plus court ou une coupe plus dégradée. L'idée, c'est que le résultat soit le plus naturel possible et la coiffeuse veille à ajuster la perruque pour qu'elle s'adapte parfaitement à la forme du visage de celle qui la porte.

"On veut qu'elles repartent avec du positif et qu'elles se sentent jolies"

Claire Bezombes s'occupe aussi d'une étape délicate : celle de raser le crâne des femmes, quand l'alopécie est trop avancée : "C'est un moment difficile pour nous, comme pour elles. Ce n'est pas facile mais très vite, on leur apporte de la beauté en essayant les perruques. On veut qu'elles repartent avec du positif et qu'elles se sentent jolies." La coiffeuse propose aussi d'entretenir et de laver les perruques (une fois par mois en moyenne), de faire des soins pour nourrir et apaiser le cuir chevelu, qui peut démanger ou irriter. Elle utilise notamment des masques à l'argile qui soulage les inflammations et stimule la repousse.

Prochaine étape pour Claire Bezombes : se rapprocher des hôpitaux et des socio-esthéticiennes à proximité pour qu'ils lui envoient des clientes. Elle est prête également à proposer ce service aux enfants qui malheureusement, peuvent aussi être touchés par la maladie. "Si j'ai voulu devenir prothésiste capillaire, c'est pour toucher les autres autrement. Le métier de coiffeuse souffre d'une certaine ingratitude. Depuis que je fais ça, on porte un regard différent sur ma profession. (...) Les femmes que je reçois ne vont pas éprouver de la frustration pour une mèche qui ne va pas. On est confronté à de véritables problèmes et il y a une dimension de proximité plus puissante qui s'installe", conclut-elle.

Marie Meunier

Le salon de coiffure Temp'oh est installé au 91, rue de la République, à Villeneuve-lez-Avignon. Il est ouvert du mardi au vendredi de 9h à 18h30, et le samedi de 9h à 17h. 

Marie Meunier

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