Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 20.08.2017 - thierry-allard - 3 min  - vu 340 fois

GARD Baisse des dotations de l’État : les maires ruraux vent debout

Le président de l'Association des maires ruraux du Gard et maire de Saint-Étienne-des-Sorts, Didier Bonneaud (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

« Là, c’est le coup de grâce pour les communes rurales » : depuis le 20 juillet, le président de l’Association des maires ruraux du Gard Didier Bonneaud ne décolère pas.

Le 20 juillet. Soit la date à laquelle un décret annulant 300 millions d’euros de dotations sur la Dotation d’équipement des territoires ruraux (DETR) et le Fonds de soutien à l’investissement local (FSIL) a été signé.

« Maintenant il faut être raisonnable »

Et il n’y a pas que le fond qui indigne celui qui est par ailleurs maire de la petite commune de Saint-Etienne-des-Sorts, 560 habitants ! La forme aussi est mal vécue ! En effet, le 17 juillet, trois jours avant le fameux décret, le Président de la République, Emmanuel Macron, affirmait lors de la Conférence nationale des territoires que les décisions concernant les collectivités se feraient dorénavant dans la concertation. « Or, on se prend de plein fouet une coupe sombre », lâche l’édile avec dépit.

Si cette annonce passe mal, c’est que les communes ont déjà vu leurs dotations de l’État fondre comme neige au soleil lors du quinquennat précédent : « en cinq ans, ma DGF (dotation générale de fonctionnement, ndlr) est passée de 36 000 à 8 000 euros », affirme Didier Bonneaud, qui en tire un constat limpide : « ce sont les communes qui ont fait l’effort sur la réduction des dépenses de l’État. Maintenant il faut être raisonnable. »

Concrètement, une nouvelle baisse des dotations signifierait pour les communes rurales un frein aux projets et à l’investissement : « de plus en plus de maires me disent qu’ils avaient un projet, mais qu’ils ne le feront pas", explique le président de l’AMR du Gard. "Moi j’ai un gros projet d’assainissement, et si cette baisse se confirme, ça signifie qu’il faudra de l’argent du contribuable en plus. » Lui a déjà dû augmenter les impôts locaux en 2015, et n’a « pas envie de le refaire. »

« Une réforme parisienne »

Pire, avec les projets d’investissement des petites communes, « c’est tout notre tissu de TPE-PME qui disparaît", alerte Didier Bonneaud. "Ce sont les communes, notamment rurales, qui lancent les restructurations de réseaux, d’infrastructures… Une commune qui n’investit pas tue son réseau entrepreneurial de proximité. » Pour l’heure, les communes ne savent pas à quelle sauce elles vont être mangées : « on ne sait pas qui va être touché, comment et quels projets seront impactés », ajoute le Stéphanois.

Le maire rural estime qu’il s’agit là « d’une réforme parisienne » et a « l’impression que l’argent est en train de remonter », dans un mouvement contraire à celui de la décentralisation avec, in fine, « la réduction massive du nombre de communes » en ligne de mire. Au-delà de cette nouvelle baisse des dotations, l’élu s’inquiète aussi de la possible disparition de la taxe d’habitation, une des principales rentrées d’argent des communes : « on ne voit pas venir le mécanisme de compensation, par contre on voit bien venir le mécanisme de privation. »

Que faire ? « Nous sommes en train de saisir les services de l’État dans tous les départements de France, et une fois qu’ils nous auront expliqué et précisé la réforme, on adaptera notre réponse au préjudice posé. » Sa lettre au préfet du Gard sera postée lundi.

À plus long terme, Didier Bonneaud ne se voit pas repartir à Saint-Etienne-des-Sorts en 2020 : « je tirerai mon chapeau à ceux qui iront gérer une commune rurale sans aucun moyen. » À l’entendre, il ne sera pas le seul.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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