Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 03.04.2021 - philippe-gavillet-de-peney - 4 min  - vu 712 fois

LA RÉCAP' La lumière à travers les barreaux, les borgnes au secours des aveugles, une milice rurale pour Bagnols

Vue de la maison d'arrêt de Nîmes (Photo d'illustration : Coralie Mollaret)

Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti. Photo via MaxPPP • IP3 PRESS/MAXPPP

Tous les samedis à 19 h, Objectif Gard vous propose un rendez-vous sous la forme d'un flash-back sur les événements, petits ou grands, qui ont ponctué la semaine. C'est parti pour la Récap' !

La lumière à travers les barreaux. Faute de grives on se contente de merles. Et faute d'être courtisé par les entreprises et les industriels et leur cortège d'emplois malgré d'indéniables atouts, à Nîmes on se satisfait de pouvoir accueillir une nouvelle prison à l'horizon 2027. Et cette fois, promis, juré ! c'est sûr. Enfin, à moins que d'ici là un éventuel nouveau Gouvernement ne revienne tout remettre à plat et repousse tout ça aux calendes grecques... En attendant c'est le nouveau Garde des Sceaux, Éric Dupont-Moretti, qui a tenu, via un coup de téléphone, à informer de la bonne nouvelle le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier. "Je me réjouis de cette décision qui va permettre la création d’emplois directs et indirects", a commenté ce dernier. Érigé au sud de Nîmes sur l'ancienne base logistique Oc'Via, le nouvel établissement pénitentiaire de 700 places, dont les travaux débuteront en 2024, devrait coûter environ 150 millions d’euros. Soit 214 285 euros la place. Le prix d'une belle maison ou d'un vaste appartement. À ce tarif-là, outre de donner durablement du travail à la population locale et faire se trémousser de plaisir la juridiction locale dont les avocats et ex-collègues de l'ancien ténor du barreau "Acquittator" (*), on ose espérer qu'il s'agira d'un établissement modèle bénéficiant de tout le confort moderne et d'équipements dernier cri à même de satisfaire à sa mission de désengorgement de l'actuelle Bastille nîmoise surpeuplée, d'amélioration des conditions de détention et des conditions de travail du personnel pénitentiaire. En ces temps incertains où la Carmagnole n'a jamais été aussi prête de retrouver le top 50 et l'esprit jupitérien de rouler dans le caniveau, on peut d'ailleurs comprendre que le personnel politique n'hésite pas à investir dans des gnoufs car comme disait Coluche, "Y'a un truc dont on est sûr quand on est ministre, c'est qu'on ne retournera pas l'école, tandis qu'en prison, faut voir..." Quoi qu'il en soit, avocats ou pas, en matière d'économie à Nîmes la lumière passe à travers les barreaux.

* Avant de de devenir ministre de la justice en juillet 2020, Éric Dupond-Morretti fut un redoutable avocat pénaliste qui hérita du surnom d'Acquittator après avoir obtenu 145 acquittements en moins de trente ans de carrière. Depuis, le 13 janvier 2021, une information judiciaire a été ouverte  pour "prises illégales d’intérêt" après que la commission d'instruction de la Cour de justice de la République (CJR) a été saisie à la suite de la plainte déposée à son encontre par deux syndicats de magistrats et par l'association Anticor.

La Maison carrée un émerveillement constant... (Photo archives Anthony Maurin).

Les borgnes au secours des aveugles. Cela fait maintenant bientôt 20 ans que la municipalité nîmoise se débat sans succès pour obtenir son inscription au prestigieux générique du patrimoine mondial de l'UnescoPremier des trois dossiers présentés par Nîmes, celui de 2001 en lien avec la Via Domitia, avait été rejeté par l'État. Le second, en liaison avec le Pont du Gard qui était déjà un site classé, n'avais pas plu et l'État cette fois encore n'en avait pas voulu. S'était ensuivie une nouvelle tentative sous la thématique choisie l'Antiquité au présent, soutenue pendant plus de deux ans et validée par les services étatiques avant de faire place à l'Ensemble urbain de Nîmes. Mais la présentation en juin 2018 au royaume de Bahreïn allait sceller un nouvel échec de la candidature nîmoise. Ce qui n'empêche pas la municipalité nîmoise de persister et de croire en ses chances autour d'un nouveau projet moins ambitieux resserré autour de la seule Maison carrée. En attendant son tour, qui ne devrait pas revenir selon toute vraisemblance avant 2023, et l'étude du nouveau dossier nîmois de 300 pages, la municipalité nîmoise patiente en apportant son expertise et son expérience à d'autres candidats. "Notre plan de gestion est très bien avancé et nous aidons une ville libanaise qui est un peu en difficulté sur cette question. C'est une coopération décentralisée. Nous en faisons régulièrement comme par exemple en Croatie ou en Tunisie il y a deux ans", explique ainsi Mary Bourgade, adjointe déléguée à la Labellisation Unesco et au Patrimoine antique. Faute de savoir gagner, adossée à son passif l'équipe nîmoise pourra en effet expliquer dans le détail aux uns et aux autres les chausse-trappes et les coups fourrés à éviter pour ne pas perdre. C'est bien connu, au royaume des aveugles les borgnes sont rois.

Des référents vont être chargés de surveiller leur quartier pour prévenir les cambriolages ou les vols à la roulotte. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Une milice rurale pour Bagnols. À Bagnols/Cèze comme dans beaucoup de communes gangrénées par les cambriolages et les trafics en tout genre, on ne sait plus à quel saint se vouer pour faire baisser le nombre des actes délictueux et les incivilités. Et comme les moyens de l'État ne sont pas extensibles et ne suffisent pas, la municipalité et son Comité local de la sécurité et de la prévoyance de la délinquance veulent mettre en place le dispositif "Participation citoyenne", en partenariat avec la police nationale. En l'occurrence il s’agit de faire participer les habitants de la commune à une surveillance de leur quartier, de leur lotissement. Individus qui rôdent autour des voitures, porte-à-porte douteux, tentative d'effraction, repérages en vue de commission de méfaits seraient ainsi la cible de cette milice rurale qui ne dit pas son nom mais qui recrute d'ores et déjà afin d'avoir des référents de quartiers « qui ont une certaine disponibilité pour regarder ce qu’il se passe et qui ont également un contact privilégié avec les services de police », expose Christian Baume, adjoint délégué à la Sécurité et à la Tranquillité publique. En espérant que l'encouragement à la délation citoyenne et cette campagne de recrutement ne débouchent pas sur l'enrôlement dans cette brigade d'espions "portes et fenêtres" de recalés frustrés de la gendarmerie et de la police ou de nostalgiques de l'époque "Travail, Famille, Patrie" de sinistre mémoire. En France comme ailleurs, les dénonciations - mais nous on a payé pour savoir -, on sait comment ça commence et aussi comment ça finit.

Philippe GAVILLET de PENEY

Philippe Gavillet de Peney

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