Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 13.11.2019 - thierry-allard - 3 min  - vu 1055 fois

LE 7H50 d’Alexis Poulin : « Il y a un loup dans la réforme des retraites »

Le journaliste, cofondateur du média le Monde moderne, Alexis Poulin (DR)

Le journaliste, co-fondateur du média engagé le Monde Moderne et invité régulier des plateaux télé, Alexis Poulin, sera à Nîmes ce mercredi et à Bagnols ce jeudi (*) pour parler services publics et réforme des retraites. Il est l’invité du 7h50 d’Objectif Gard.

Parmi le flot de réformes lancées par le Gouvernement, celle des retraites semble la plus sensible, voire la plus explosive. Pour Alexis Poulin, beaucoup d’éléments restent à éclaircir par un gouvernement contre lequel il ne retient pas ses coups. Il évoque également la question de services publics et critique la dématérialisation.

Objectif Gard : La question des services publics, notamment ceux de proximité, s’est de nouveau invitée récemment dans l’actualité notamment dans le Gard avec la fermeture programmée de nombreuses trésoreries. Dans les territoires, la question des agences postales ou encore de certaines lignes ferroviaires, provoque également des tensions. Quel est votre regard sur cette question ?

Alexis Poulin : Nous avons eu des gouvernements successifs, pas que l’actuel, qui ont misé beaucoup sur la dématérialisation, des services publics où l’humain disparaît au profit d’internet, de plateformes. C’est le nouveau Graal. Or, on se rend compte que ça ne marche pas, que ce soit dans les gares sans chef de gare, où les usagers ne peuvent pas obtenir de renseignements ou avec le scandale des urgences, où Agnès Buzyn (la ministre de la Santé, ndlr) nous dit que des logiciels vont gérer les lits. Il y a une croyance dans internet et dans toutes ces plateformes qui tue le lien et le maillage des territoires du service public.

Le gouvernement a annoncé qu’il allait déployer des « Maisons France services » dans les territoires pour regrouper les services publics.

C’est une annonce. J’attends de voir à quoi elles vont ressembler. En attendant, nous avons les mairies qui remplissent déjà ce rôle, mais on voit le désarroi des maires, qui ont trop de responsabilités et pas assez de moyens. C’est le noeud du problème : avant de vouloir créer de nouvelles choses, pourquoi ne pas conforter et développer ce qui existe ?

Les agents des services publics sont parmi les premiers concernés par la réforme des retraites voulue par le gouvernement avec la fin annoncée des régimes spéciaux. C’est un sujet sensible sur lequel le Gouvernement martèle que rien n’est tranché, même si une orientation se dégage.

Oui, mais surtout il y a un couac. Jean-Paul Delevoye, en charge de cette réforme, a dit clairement qu’il ne souhaitait pas qu’elle comporte la « clause du grand-père » (qui permettrait aux personnes déjà dans le monde du travail de ne pas être concernées par la fin des régimes spéciaux, seuls les nouveaux entrants le seraient, NDLR), alors que le gouvernement y réfléchit. On voit que le Premier ministre tente de calmer la mobilisation à venir du 5 décembre. Dans cette réforme, il y a un loup. Le rapport Delevoye a été retardé mais une question demeure : celle de la valeur du point. On ne dit pas que l’on veut reculer l’âge de la retraite, mais on est incapable de dire combien le point vaudra dans vingt ou trente ans. C’est un loup, c’est très peu clair. Et il est bien beau de vouloir un système universel, mais il y a un principe de pénibilité, n’en déplaise au Président.

Pensez-vous que cette réforme soit de nature à entraîner une mobilisation large, voire à faire repartir le mouvement des Gilets jaunes ?

Le 17 novembre, l’anniversaire des Gilets jaunes sera déjà un test pour voir où en est ce mouvement après un an. Clairement, il y a une chose de l’ordre du « ça suffit ». On fait beaucoup de coups de rabot et on donne beaucoup de coups de marteau sur la tête des gens. On le voit avec la réforme du chômage, des retraites ou la suppression de l’Observatoire de la pauvreté, ce sont toujours dans les mêmes poches qu’on vient chercher des économies. Alors évidemment, si les gens se politisent, comme avec les Gilets jaunes, il y aura peut-être un moment social difficile pour ce quinquennat.

Propos recueillis par Thierry Allard

* Alexis Poulin sera ce mercredi soir à 19 heures au café Olive, à Nîmes, pour une conférence-débat sur la réforme des retraites à l’invitation de « La Maison citoyenne » et de la France insoumise de Nîmes, et ce jeudi à 19 heures à la salle A du centre culturel de Bagnols pour une conférence-débat sur les services publics à l’invitation de « Bagnols insoumise ». Entrée libre et gratuite pour les deux soirées.

Thierry Allard

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