Seulement 48 voix séparent la candidate LREM (La République en marche), Marie Sara, du député sortant apparenté FN, Gilbert Collard. Le suspense du second tour reste entier.

Son visage laisse transparaître la joie. La joie pour Marie Sara d’être au second tour des Législatives face à Gilbert Collard. Ce soir, peu après l’annonce officielle des résultats, la candidate LREM est venue fêter sa qualification à l’Hôtel de ville du Grau-du-Roi. Un choix qui a fait jaser, « la mairie n’étant pas une permanence politique », soupire Léopold Rosso, conseiller départemental LR (Les Républicains). Le Grau-du-Roi est tombé dans l’escarcelle de Robert Craust en 2014, aujourd’hui président du comité de soutien de Marie Sara.

Marie Sara : « je suis contente ! »

Le député sortant dispose d'une courte avance avec 32,27% des suffrages exprimés, contre 32,16% pour l'ancienne torera à cheval. Ces 48 voix d'écart annoncent que tout est encore possible sur la 2e circonscription. « Je suis contente ! Je mène depuis trois semaines une campagne de terrain, à l’écoute des gens… Je vais continuer à parcourir cette circonscription, avec calme et détermination », lance la candidate.

À ses côtés, Lucien. Issu du monde de la bouvine, le quinquagénaire a voté les yeux fermés pour Marie Sara. Plus attaché à la personne qu’au programme, il vante les qualités d’une femme à la « forte personnalité », d'une « éleveuse de toros qui connaît le territoire ». À Vauvert, Claude semble du même avis. Lui qui a adhéré à différents partis politiques estime, que «Marie Sara représente un nouveau souffle, le renouveau de la classe politique. »

Candidate « attrape-tout » - aussi bien des électeurs de droite que de gauche -, elle bénéficie de l’effet post-présidentielle. Comme c'est le cas à Aigues-Vives : mariniste au soir du premier tour de la Présidentielle, Marie Sara rafle 37,08% des voix contre 25,59% pour Gilbert Collard. 

Ces résultats s'expliquent aussi du fait de la notoriété de Katy Guyot, sa suppléante. Candidate malheureuse aux Législatives de 2012, la socialiste s’est retirée au profit de Marie Sara. À Vauvert, Karima le confesse : « j’ai voté Marie Sara, mais c’était surtout parce que je soutiens Katy Guyot. Très franchement, je ne connais pas les positions de Marie Sara… »

Gilbert Collard : « Il n’y a que les défaitistes qui parlent de défaite »

Au domaine de Bagatelle, fief du candidat RBM (Rassemblement Bleu Marine), l’ambiance n’est pas franchement à la fête... On s’inquiète, on se sent menacé. Les 32,27 % (soit 13 991 voix), sont bien loin du score de Marine Le Pen au premier tour de la Présidentielle. La candidate du FN avait recueilli 23 899 voix sur cette circonscription. À Bernis, terre frontiste, Marie Sara arrive première là où Marine Le Pen s’était imposée il y a un mois et demi. 

Pour Gilbert Collard et ses partisans, pas de doute : « la forte abstention au scrutin » lui a porté préjudice. Au premier tour de la Présidentielle, le taux de participation s’élevait à 82,01% contre 49,72% pour le premier tour des Législatives. « Des gens n’ont pas voté pour moi parce qu’ils pensaient que c’était acquis… D’autres ont été déçus de la Présidentielle. Il faut avoir l’honnêteté de le dire. Il y a des choses à revoir dans notre mouvement », commente le sortant. 

Face aux caméras, Gilbert Collard fait… du Gilbert Collard : « Je suis très heureux de ce duel ! Il n’y a que les défaitistes qui parlent de la défaite… Ce duel va mobiliser ! Nous avons encore des réserves de voix ! ». Une gouaille dont il a le secret et qui fait mouche auprès de son électorat. 

Pascale Mourrut, « dégoûtée »

Ce soir, la vraie perdante, c’est peut-être Pascale Mourrut. Sur le terrain depuis un an et demi, la belle-fille de l’ancien député-maire du Grau-du-Roi recueille péniblement 14,27%, soit 5 658 voix. « C’est un gâchis… Je suis dégoûtée de cette campagne ! Les médias ont monté deux têtes d’affiche. Il n’y avait plus de place pour le fond. Or, je pensais que les électeurs allaient se retrouver sur les partis qui ont des valeurs et une idéologie, contrairement à En marche! Ce combat-là, n’est pas celui pour lequel je suis partie.»

Si En Marche! appelle au « rassemblement » autour de sa candidature, Pascale Mourrut sous le choc, prend ses distances,  : « pour l’instant, je ne sais pas ce que je ferai… » La campagne de l'entre-deux-tours a déjà démarré. 

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

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