Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 17.03.2021 - abdel-samari - 3 min  - vu 1112 fois

NÎMES Evrard Zaouche, directeur du cinéma CGR : "On résiste pour l'instant mais on ne tiendra pas longtemps"

Photo : Philippe Gavillet de Peney/ Objectif Gard

Le monde du cinéma connaît depuis maintenant un an une crise sans précédent. Avec plus de 200 jours de fermeture liés à l'épidémie de coronavirus et sans calendrier clair, difficile d'imaginer pour toute la profession des lendemains plus positifs. Évrard Zaouche, directeur du cinéma CGR à Nîmes fait le point.

Objectif Gard : Quel est le bilan de cette année sans cinéma ?

Évrard Zaouche : Si je tire un bilan national de la profession dans sa globalité, je vous dirais d'abord que ce sont 15 000 salariés qui ne peuvent plus travailler, c'est dramatique. Depuis mars 2020 puis depuis le 30 octobre dernier et jusqu'à aujourd'hui, nous avons subi une fermeture de plus de 200 jours. Au total, cela représente plus de 2 000 cinéma en France impactés. C'est colossal. Et à ce stade, nous n'avons aucune information, aucune perspective de réouverture. Sachant qu'il ne sera pas possible d'ouvrir du jour au lendemain. Il va falloir plusieurs semaines aux distributeurs pour dater les sorties, organiser la promotion. C'est minimum deux à trois semaines de délai.

Est-ce qu'une ouverture prochaine même avec un couvre-feu est possible selon vous ?

Ce sera déjà difficile de sortir des films donc si le couvre-feu de 18 heures est maintenu, cela ne fera que rajouter à la difficulté. Cependant, il y a urgence maintenant à obtenir un calendrier clair. Il faut préparer la réouverture. D'autant que nous avons toujours respecté l'ensemble des protocoles sanitaires : port du masque partout, distance entre les fauteuils occupés, gel hydroalcooliques à l'entrée et dans toutes les salles et couloir, nettoyage renforcé, etc. Et sens de circulation à l'intérieur du cinéma. J'ajoute que notre cinéma CGR Nîmes bénéficie d'un système de ventilation performant et antibactérien, le cinéma étant récent. Il est aussi important de dire qu'aucun cluster n'a été enregistré dans les cinémas en France ou dans le monde. Sur les 27 millions de spectateurs pendant cette année terrible qui vient de passer, il n'y a jamais eu de problème sanitaire. Il n'y a donc aucune raison de laisser les cinémas fermés.

Si la réouverture est actée dans les prochaines semaines, quel sera le programme ?

Il y a un nombre considérable de films sur les étagères. De mémoire, plus de 300 films, essentiellement des productions françaises. L'un des films attendus, c'est OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire. Mais je pourrais citer Eiffel également. En production américaine, Black Widow chez Marvel ou encore Sans un bruit 2, Venom 2. Et d'ici le mois de juillet, la suite de Top Gun avec Tom Cruise.

Vous ne citez pas Wonder Woman 1984 car il sera diffusé directement sur les plateformes en ligne. N'est-ce pas ce nouveau modèle de consommation du cinéma qui vous inquiète le plus ?

Bien entendu que cette crise sanitaire a eu un impact sur les habitudes de consommation. Il y a une fuite des œuvres sur la VOD (vidéo à la demande). On résiste pour l'instant mais on ne tiendra pas longtemps. Moi, je voudrais dire qu'il y a aussi un autre phénomène : c'est les téléchargements illégaux. En hausse très importante. Le cinéma reste et restera j'en suis sûr, le loisir préféré des Français et l'expérience cinéma aura toujours les préférences par rapport à l'expérience du canapé.

Vous appartenez au groupe CGR. Comment le Groupe fait-il face à cette crise ?

Nous avons perdu 200 millions d'euros en un an. Malgré le soutien de l'État, les subventions sont largement insuffisantes. D'ailleurs, nous espérons que les aides se poursuivront le temps que le marché retrouve son niveau d'avant-crise. Car le groupe représente plus de 2 000 personnes sans compter tous les sous-traitants. Il y a donc urgence à définir un calendrier de reprise le plus tôt possible. Il n'y a pas de raisons objectives qu'il en soit autrement aujourd'hui.

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

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