Publié il y a 2 h - Mise à jour le 01.10.2025 - Propos recueillis par François Desmeures - 6 min  - vu 82 fois

LE VIGAN Rachid Mdaam, directeur du pôle d'enseignement supérieur : "L'idéal serait un parcours complet de la licence environnement"

Rachid Mdaam était coordinateur du campus connecté avant de prendre la direction du pôle d'enseignement supérieur Charles-Flahaut inauguré en 2024

- François Desmeures

Après une annnée de fonctionnement, le pôle d'enseignement supérieur du Vigan est une réussite reconnue pas ses administrations de tutelle et plebiscitée par ses usagers. Au point que les murs pourraient déjà être trop petits dès la rentrée prochaine, avec une nouvelle formation en plus. Le directeur du pôle, Rachid Mdaam fait le point et donne des perspectives pour l'année en cours, et au-delà. 

Rachid Mdaam était coordinateur du campus connecté avant de prendre la direction du pôle d'enseignement supérieur Charles-Flahaut inauguré en 2024 • François Desmeures

Objectif Gard : Combien le pôle d'enseignement supérieur comptait-il d'inscrits en 2024 et combien lors de cette rentrée 2025 ?

Rachid Mdaam : 122 inscrits l'an dernier, 137 cette année. Pour une capacité d'accueil de 140.  

Comment s'effectue la répartition entre campus connecté, formation en école d'infirmières et d'aide-soignants ?

L'an dernier, on comptait 33 personnes au campus connecté. Dans l'institut de formation aux métiers de la santé, ils étaient 68 au total, en 2024, dont 13 en aide-soignants. Et dans la 3e année de licence EDEN, ils étaient 20. Cette rentrée, le campus connecté accueille 35 personnes ; la première année d'école d'infirimers accueille 20 étudiants, 21 en deuxième année et 18 en troisième année. L'école d'aide-soignants a inscrit 25 personnes et, enfin, en licence EDEN, ils sont 19. 

"Les personnes ne sont pas d'ici. Mais, ce qui est intéressant pour le territoire, c'est qu'elles finissent par vivre ici."

Sait-on si les étudiants proviennent principalement du Pays viganais ou de l'extérieur ?

Sur le campus connecté, 85% des étudiants sont du Vigan ou du Pays viganais. Ce qui est le cas depuis six ans, depuis que le campus connecté existe. En licence environnement, la plupart d'entre eux ne sont pas du territoire viganais. La licence est très prisée, elle recrute à l'échelle nationale : l'équipe pédagogique reçoit entre 100 et 200 candidatures. Donc, les personnes ne sont pas d'ici. Mais, ce qui est intéressant pour le territoire, c'est qu'elles finissent par vivre ici pour cette licence. Donc, grâce au pôle, on est en train de créer un nouvelle catégorie de personnes au Vigan, étudiante, qui n'existait pas encore. Ce qui peut être un espoir de capter des personnes sur le temps long. Les aide-soignants sont plutôt locaux, même si la fermeture de l'antenne d'Uzès nous en a amené d'un peu plus loin. Enfin, en école d'infirmiers, on a un recrutement par Parcoursup. Par la force des choses, on va aussi avoir des étudiants qui viennent de Marseille, de l'île de la Réunion - c'est arrivé - ou d'ailleurs. 

Est-ce que vous attendez de l'option "ambition études santé", qui vient d'être ouverte au lycée André-Chamson (relire ici), qu'elle vous apporte des étudiants supplémentaires ?

J'ai beaucoup apprécié la façon dont l'option a été présentée par le corps enseignant. Avec des cours de science et vie de la terre, des cours de chimie qui vont être plus approfondis, l'intervention de professionnels du milieu de la santé, ce qui permet d'élargir le champ des possibles pour les étudiants, et qui a donc un intérêt du point de vue de l'orientation des jeunes. Parce que, très souvent, on pense qu'il n'y a que le métier de médecin, ou quelques autres qui gravitent autour de celui-ci. Ce que j'en entends en tant que directeur du pôle, c'est qu'il existe des passerelles entre ces jeunes de l'option ambition santé et les formateurs des écoles d'infirmiers et d'aide-soignants ici. Je sais déjà que des formateurs vont intervenir dans cette option, pour parler de la formation au métier d'infirmier en général. Et on verra des lycéens inscrits dans cette option venir dans le pôle d'enseignement supérieur, notamment pour utiliser les salles de travaux pratiques. Cela permet de pratiquer sa simulation tout en étant observé, de l'extérieur, par le reste de la classe, qui peut faire des commentaires sans perturber la simulation en cours. On peut les mettre dans des conditions idéales de travail. 

En janvier, l'ouverture d'un diplôme universitaire en mycologie

Lors de la venue de la rectrice, le 5 septembre, vous évoquiez l'ouverture prochaine d'un nouveau diplôme universitaire sur l'écologie. De quoi s'agit-il ?

On vient de finaliser la convention avec l'université de Lille et l''un des responsables du diplôme universitaire, Pierre-Arthur Moreau. À la base, le diplôme est proposé à l'université de Lille, sous un format hyhbride : 100 heures de cours en distanciel, tous les lundis à partir du premier lundi de janvier, jusqu'à mi-mars, de 9h30 à 12h30 et de 14h à 17h30. Avec la possibilité, pour les étudiants, de suivre ces cours de manière synchrone ou asynchrone. Cela s'adresse essentiellement à des personnes qui font des études de pharmacie, ou même des pharmaciens qui souhaitent se spécialiser dans l'utilisation des champignons à des fins médicinales. Cela s'adresse aussi à des passionnés, pas uniquement des scientifiques. Les personnes doivent candidater, sur la plate-forme des candidats à l'université de Lille avec la possibilité, désormais, d'avoir une section au Vigan. Peu importe d'où on suit les cours en distanciel, mais il y a aussi une semaine de travaux pratiques de 40 heures, avec une session à Lille, en septembre, et il y en aura donc aussi une au Vigan, au mois de juin. Pour que la formation s'ouvre ici, il faut qu'une dizaine d'étudiants soient inscrits à cette session. 

Le diplôme universitaire serait reconduit au Vigan dans les années suivantes ?

La convention est signée pour trois ans. À partir du moment où ça intéresse, où c'est cohérent, on l'inscrira durablement au pôle d'enseignement supérieur. 

Avec ce diplôme universitaire, ainsi que la L3 EDEN, le pôle fait-il clairement le choix d'une orientation environnementale, à côté de celle de la santé ?

Tout à fait. La licence EDEN, c'est finalement la résultante d'une vieille histoire : depuis 2010 la mairie du Vigan a établi des liens partenariaux avec la faculté des sciences de Montpellier, lorsque l'ancien maire Éric Doulcier avait cette perspective très claire d'attirer de l'enseignement supérieur ici, au Vigan, et avait lancé les Éco-dialogues, soient des universités populaires rurales ponctuelles, qui permettaient de réunir des étudiants montpelliérains, des habitants du Vigan, des chercheurs qui discutaient autour de thématiques en lien avec l'Homme et l'environnement. Cette première initiative a créé les premiers liens et, petit à petit, en 14 ans, a émergé l'idée d'une délocalisation de la L3 EDEN, sur du temps long, avec Arnaud Martin et Éric Imbert, le responsable de licence environnement. On a travaillé jusqu'à la conception même du bâtiment du pôle, ils ont pu nous faire part de leurs demandes, de leurs besoins. Sur le diplôme universitaire de mycologie, on doit aussi saluer le travail de l'adjoint au maire Jérôme Sauveplane, féru de champignons, qui par son réseau a pu tisser des liens avec les universités. C'est de là qu'est née cette possibilité. Et, depuis Éric Doulcier, l'engagement de la commune, avec Sylvie Arnal comme maire, ne s'est pas démentie. 

"Il faudra réfléchir - même si on n'y est pas encore - à une extension du bâtiment (...) si les collectivités font le pari d'encore développer l'enseignement supérieur"

Êtes-vous à la recherche de nouvelles formations, dans l'environnement ou ailleurs, qui puisse atterrir au Vigan ?

Oui. Par rapport à la L3 EDEN, l'idéal serait quand même d'avoir un parcours complet de la licence environnement, ici, au pôle d'enseignement supérieur. On travaille beaucoup avec l'université de Nîmes sur le sujet : elle va lancer une licence environnement. l'idée serait que cette licence soit dupliquée au Vigan, en intégralité. Ce qui concernerait une dizaine ou une quinzaine d'étudiants. On réfléchit encore aux modalités d'apprentissage : est-ce que les cours magistraux seraient retransmis en visio ? Ce qui est déjà fait avec les élèves infirmiers, même s'ils ont leurs TD et leurs formateurs ici. Pour ce qui est de l'accompagnement en petits groupes, faut-il faire venir des enseignants de Nîmes pour faire de l'accompagnement ici ? C'est à réfléchir. Ou bien, est-ce qu'on pourrait imaginer recruter des enseignants du lycée, agrégés, qui puissent être chargés de TD, et qui donnent des cours ici, au Vigan ? C'est notre souhait car cette licence environnement, si elle en réflexion avec l'université de Nîmes, c'est aussi parce que le lycée l'a impulsée. À la base, le lycée voulait un BTS Gestion et protection de la nature. Mais il relève de la compétence du ministère de l'Agriculture, c'était complexe administrativement. 

Les étudiants qui viennent au Vigan, est-ce qu'ils témoignent d'une crainte de l'éloignement des centres urbains qu'ils verraient comme une perte pour leurs études ?

Non, je pense qu'ils trouvent la vie plutôt agréable et douce. Une part vient de grands centres urbains et sont habitués à une vie qui est tout autre. Ils trouvent que les choses vont, ici, à un rythme un peu plus lent, qu'on prend le temps, que l'environnement se prête aussi à leurs études environnementales. Certains ont aussi une vigilance due à leur vie en centre urbain, comme l'attention à bien avoir attaché son vélo, la peur de se faire voler... Alors qu'ici, tout va bien, la plupart du temps. Je pense que la bascule se fait très bien pour eux.

Vous parlez de nouvelles formations, alors que le pôle compte 137 étudiants pour 140 places : ne pensez-vous pas - déjà - à une éventualité de "pousser" les murs du pôle universitaire ?

Ça va être une question de fond : comment on va s'y prendre pour capter de nouveaux étudiants, développer le pôle et avoir de nouvelles formations... Pour l'instant, ce qui rend les choses convenables, c'est qu'on parle de formations ponctuelles qui n'occupent pas des plages horaires immenses. Donc, on arrive à répartir. Si la licence environnement de l'université de Nîmes arrive, et que ça marche bien, cela fera trois promotions d'une dizaine d'étudiants au bout de trois mois. Ce qui voudra dire trois salles de cours, ou au moins deux... Il faudra réfléchir - même si on n'y est pas encore - à une extension du bâtiment, avec l'espace à l'arrière du jardin. Ce qui peut être fait, mais très coûteux. C'est à réfléchir si ça s'inscrit sur le temps long, et si les collectivités font le pari d'encore développer l'enseignement supérieur. On pourrait aussi faire de la mutualisation de salle avec les autres organismes de formation déjà présents. Ce devrait être l'objet de prochaines discussions. 

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Propos recueillis par François Desmeures

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