Depuis fin septembre, les élus de Nîmes métropole ne s'étaient pas réunis. Et ce mardi 4 novembre marque une date importante : il s'agissait du dernier rapport d'orientation budgétaire de la mandature 2020-2026. Pour cette dernière danse, l'agglomération a souhaité rester prudente, en raison de l'instabilité nationale et internationale.
Dès le début de mandat en 2020, Nîmes métropole a dû adapter son budget et réviser régulièrement ses perspectives financières. Fin 2024, la Banque européenne d'investissement a salué l'effort entrepris et a accordé la somme de 110 millions d'euros pour accompagner des investissements structurants portés par la direction de l'eau.
Ce dernier rapport d'orientation budgétaire restera dans la même ligne mise en place par Franck Proust, avec la volonté de garder la stabilisation sur la capacité d'endettement sous les 10 ans. Tout en continuant, bien sûr, de porter des investissements majeurs pour la population et de maîtriser au maximum les frais de fonctionnement.
Le budget primitif sera présenté le 15 décembre prochain. De plein exercice, il n'y a cependant aucun nouvel investissement, de sorte que la prochaine présidence, qu'elle reste ou qu'elle change, puisse être libre de ses propres moyens.
"Quand est-ce que l'État réduira son train de vie ? Quand est-ce que l'État fera comme nous, en comptant à l'euro près ? Depuis 2020, non seulement nous avons maitrisé la masse salariale, mais aussi toutes les autres charges de fonctionnement, en se resserrant sur le périmètre de nos compétences. Se contenter de demander aux autres de faire des efforts, que ce soit les collectivités, les entreprises et nos contribuables, ce n'est pas la solution, c'est au contraire le problème", interroge Franck Proust.
Au vu de l'augmentation de la dette française, l'État français propose, dans son projet de loi de finances pour 2026, une série de mesures destinées à ramener le déficit public à moins de 5 % du PIB d'ici l'année prochaine, et à plus long terme, qu'il descende en dessous des 3 % à l'horizon 2029.
Les collectivités territoriales telles que Nîmes métropole, qui représentent près de 20 % des dépenses publiques, ne vont pas y échapper. Pour l'Agglo, on estime l'effort nécessaire à hauteur de 3,4 millions d'euros, entre la ponction directe de l'État, la hausse des cotisations employeurs, le recul des mécanismes de soutien à l'investissement, le gel de la dynamique de TVA 2025 et la progression limitée de celle de 2026.
Alors les objectifs pour ce dernier exercice du mandat en la matière sont simples : anticiper les incertitudes des décisions de l'État et garder uniquement l'essentiel. Avec une épargne brute de 58,7 millions d'euros et un encours de dette de 487 millions d'euros, l'agglomération affiche une capacité de désendettement de 8,3 ans, un gros progrès depuis le début du mandat et les 11,1 années en 2020. Et surtout, la capacité d'autofinancement pour investir sur le territoire reste stable et s'améliore (+ 6,5 millions par rapport à l'an dernier).
L'opposition reste dubitative
Valérie Rouverand (Renaissance) pointe du doigt une "incertitude" lors de la présentation du ROB et assure qu'il reste "fragile". "C'est politiquement logique que vous le présentiez sous un jour optimiste. Mais on voit que son équilibre est artificiel. C'est une hypothèse qui repose sur des arbitrages ponctuels et des recettes incertaines. La trajectoire et la vision à moyen terme sont illisibles. Les résultats économiques pour notre territoire sont peu probants et l'endettement reste problématique".
Julien Plantier (Nîmes Avenir) souligne des points positifs, comme la flotte de bus plus verte, la mise en place de Nemo Vélo et la création d'une brigade des transports. Mais il contrebalance, en assurant que "trop de projets sont restés dans les tiroirs et que trop de promesses restent conditionnelles". Magna Porta, les turbulences autour de l'aéroport, la troisième voie et le contournement Ouest sont évoqués.
Franck Proust assume les échecs sur les deux derniers points évoqués. "Il y a la volonté de l'Agglo, mais je suis dépendant de l'État, de la SNCF et de la Région. Je suis certain que si on laissait un ministre des Transports plus de trois mois, ce serait autrement. Ce n'est pas la volonté qui manque", assure-t-il.
Vincent Bouget (PCF) qualifie ce budget de "bilan politique très autosatisfait, parfois même triomphaliste" et "dans la lignée des choses à être qu'on peut recevoir dans nos boîtes aux lettres". "Au final de votre mandat, ni les finances, ni la cohérence territoriale n'ont vraiment progressé. Nous ne savons toujours pas ce qui unit réellement les habitants de la métropole. Nous partageons un espace, oui, mais pas un projet commun. Et c'est sans doute cela le principal frein à notre développement, l'absence d'une vision collective fédératrice capable de donner du sens", poursuit-il. Les élections municipales sont dans quelques mois, mais tout risque de s'accélérer désormais.