Publié il y a 7 mois - Mise à jour le 22.02.2024 - Yannick Pons - 3 min  - vu 372 fois

VAUVERT Entrez ici les Manouchian

Missak au Panthéon

- Acrylique sur photo Frédéric Podetti

Alors que ce mercredi 21 février, 80 ans après son exécution au Mont-Valérien, le poète résistant humaniste Manouchian entre au Panthéon, le jardin de la mairie est baptisé Missak et Mélinée Manouchian.

Ce mercredi 21 février, 80 ans après son exécution au Mont-Valérien, le résistant d'origine arméniene Missak Manouchian  mort pour la France, entre au Panthéon avec sa veuve Mélinée, au nom des 22 résistants étrangers communistes de son groupe. Après José Cardona, Lucie Aubrac ou Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Vauvert rend hommage au couple Manouchian en baptisant de son nom un espace public situé à côté de la Place de la Libération et du 8 mai 1945, où se trouve l’Hôtel de ville.

Entre ici Manouchian

Torturés après leur interpellation, les résistants fusillés avaient refusé de mourir les yeux bandés. « Il est le symbole des résistants étrangers morts pour la France, le symbole d’une certaine idée de la nation française et de notre histoire », précise Jean Denat, le maire de Vauvert. La municipalité se joindra ainsi à cet hommage national en proposant lors du prochain conseil municipal du 4 mars de dénommer le jardin de la mairie bientôt réhabilité, Jardin Missak et Mélinée Manouchian. Cet espace public jouxte la Place de la Libération et du 8 mai 1945 et symbolise, avec ses oliviers, la paix chère à ce poète, auteur de cette dernière lettre déchirante à sa femme Mélinée. 

Dans cette lettre, il exprime son attachement pour le pays qui l’a accueilli et ses valeurs : « Je m’étais engagé dans l’Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous… »

Devoir de mémoire

Près de la Maison commune, cet espace public sera réaménagé cette année, aveccette volonté d’inscrire ses mots dans l’espace public, précise Jean Denat, maire. Vauvert fait vivre le devoir de mémoire Cette action s’inscrit dans une action plus large de mise en valeur des grands résistants dans la commune. Ainsi, à l’occasion du 27 mai 2019, la commune avait donné le nom de José Cardona au parking situé à l’angle des avenues Maurice-Privat et De-Lattre-de-Tassigny. Réfugié politique espagnol, résistant au régime de Vichy, ancien déporté et survivant au camp de concentration de Dachau, il était venu s’installer à Vauvert et avait à cœur de partager son expérience des camps de concentration.

Plus récemment, ce sont les noms de grandes résistantes qui ont été donnés à des rues dans un nouveau quartier de la ville : Lucie Aubrac, résistante française communiste à l'occupation allemande et au régime de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, résistante française puis militante des droits de l'homme et de la lutte contre la pauvreté. Vauvert commémore chaque année la Journée nationale du souvenir des victimes de la déportation qui se déroule chaque année le dernier dimanche d'avril. En 2024, elle aura lieu le 28 avril à laquelle de nombreux Vauverdois participent, engagés dans ce devoir de mémoire.

Estampes disponibles sur insta :@frederic_podetti

Le mot de Frédéric Podetti, l'auteur du tableau

La reconnaissance de la nation envers Missak et Mélinée Manouchian le 21 février prochain revêt pour moi un caractère très spécial, que j'ai voulu célébrer à ma manière, bien avant que la Fédération du Gard du PCF me demande d'associer mon travail aux commémorations liées à cette panthéonisation, ce dont je la remercie. En tant que petit-fils de réfugiés survivants du génocide arménien, ma grand-mère étant même originaire, dans l'ex-empire ottoman, d'une région proche de celle dans laquelle Missak a grandi avant 1915, je ressens une grande fierté que la valeur du combat de Mélinée et de son mari, orphelins arrivés en France en tant qu'apatrides, fasse l'unanimité aujourd'hui chez les Français. En tout cas, je l'espère... En tant qu'enseignant d'Histoire, j'attache une importance évidente à la transmission aux générations futures de la mémoire de ceux qui se sont engagés, parfois sacrifiés, pour leurs idéaux de liberté et de générosité. En tant que plasticien enfin, j'ai cherché à donner à ressentir dans un même travail, par un dialogue entre photographie et peinture, la souffrance, le courage, la grandeur, ces sentiments et ces valeurs extrêmes que les combattants de l'ombre ont su si bien incarner, à l'instar de Missak, mais aussi de Mélinée, de tous ceux de l'Affiche Rouge, et de tous les autres, ceux qui ont survécu et ceux qui sont tombés. A nous maintenant de recevoir cet héritage, de le porter et de lui donner du sens...

Yannick Pons

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