Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 22.09.2016 - boris-de-la-cruz - 3 min  - vu 622 fois

BEAUCAIRE Le maire FN contre les « épiciers musulmans »

Julien Sanchez, maire FN de Beaucaire. Photo : Coralie Mollaret.

Le tribunal correctionnel de Nîmes a jugé jeudi après-midi, Julien Sanchez, le maire FN de Beaucaire. Il est poursuivi par des « épiciers musulmans » de sa commune pour des arrêtés municipaux qu’il a pris interdisant la vente après 23h dans certaines rues de Beaucaire.

L’affaire est fixée au tribunal dans un contexte explosif à Beaucaire... En août, un habitant excédé par le bruit a tiré plusieurs fois en direction des clients d’un snack.

Les commerçants plaignants attaquent eux les arrêtés du maire pour « entrave à l’exercice d’une activité économique en raison de l’origine, de l’ethnie ou de la nationalité »

Après un supplément d’information ordonné en mars dernier par le tribunal correctionnel de Nîmes et des nullités soulevées par la défense du maire FN de Beaucaire, le dossier des « épiciers arabes » mécontents des arrêtés municipaux est arrivé à la barre. Entre-temps, la police a effectué  des investigations complémentaires pour savoir notamment si des habitants de Beaucaire avaient vraiment signalé un problème lié aux nuisances sonores dans le centre-ville. Les conclusions du commissaire de police jaillissent dans la salle d’audience dans la consternation pour le comité de soutien de la mairie FN. « Il n’y a aucune preuve de trouble à l’ordre public », déclare le président du tribunal, Jean Pierre Bandiera, citant le rapport du commissaire. Il s’agit de la part de la mairie de Beaucaire, « d’une maladresse, ou d’une provocation car les arrêtés ont été pris la veille du Ramadan », poursuit le policier dans son PV de conclusion !

Pourtant, tout démarre selon la mairie de Beaucaire à cause de riverains qui se plaignent du bruit dans les rues, la nuit, à cause des épiceries ou des snacks. Le maire FN a décidé alors, en juin 2015, de prendre deux arrêtés interdisant le commerce après 23h. Des arrêtés attaqués en justice, au centre du débat qui s’est déroulé devant le tribunal correctionnel.

Pour Maître Aoudia qui défend les commerçants  : « tous les commerçants impactés par les arrêtés du maire sont d’origine maghrébine et de confession musulmane. De plus monsieur le maire se justifie en disant qu’il a pris des arrêtés à cause de riverains qui sont venus se plaindre des nuisances sonores, pourtant dans les faits les riverains n’ont jamais dénoncé des nuisances. Cet argument n’existe pas, il est inventé pour justifier des arrêtés municipaux qui s’adressent à une communauté, la communauté magrébine et qui sont discriminatoires », affirme Me Kadidja Aoudia pour les commerçants plaignants qui demandent 6 000 euros de dommages et intérêts chacun.

Me Sylvie Josserand, pour le maire Julien Sanchez, donne une version totalement différente.  « La mission du maire est d’assurer la tranquillité publique. Les arrêtés visent un périmètre précis, et des commerces. Ils s’appliquent à tous les commerces du périmètre et à tous les commerçants, pas uniquement à certains professionnels et surtout pas en fonction des croyances ou de la religion, déclare l’avocate nîmoise. La souffrance des nuisances sonores est partout, sauf à Beaucaire où il faudrait attendre la fin du Ramadan pour prendre des arrêtés. La pétition sur les troubles à l’ordre public à Beaucaire a rassemblé 2 800 personnes », poursuit Me Josserand qui demande la relaxe du maire. Ce dernier complète : « Je me fiche de l’appartenance religieuse, je me fou de la date du Ramadan, je m’intéresse aux nuisances pour lesquelles les gens se plaignent », estime l’élu Front National qui devra attendre le 15 décembre pour connaître la décision du tribunal correctionnel de Nîmes.

Boris De la Cruz

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