« Ce n’est pas un film, un livre, c’est la vie de mon fils et sa mort. C’est la voix de mon fils que j’entends à travers les procès-verbaux, c’est ton petit que tu imagines souffrir, mourir », témoigne des trémolos dans la voix le père de Redwan. Ce jeune homme, âgé de 23 ans, a été tué par celui qui se présente comme son meilleur ami. Les deux accusés se sont acharnés pendant près de deux heures, sans jamais se dire qu'ils allaient trop loin. Ils ont filmé l'agonie de leur victime, sa souffrance, son supplice. « Comment peut-on les appeler ? Moi j’appelle ça des montres », poursuit le papa dont la vie de famille a explosé en ce mois de juin 2020. « Vous vous rendez compte : ils sont allés chercher une pelle pour creuser un trou, une tombe, alors qu’il était vivant ». De longues minutes de calvaire durant lesquelles Redwan a demandé à ses bourreaux d’arrêter. Mais rien n’y fait, il va être torturé, frappé à plusieurs reprises à la feuille de boucher... 41 plaies tranchantes et contondantes seront retrouvées sur son corps martyrisé lors de l'auptosie réalisée au CHU de Nîmes, avant d’être noyé selon les conclusions des légistes, dans un canal près de Nîmes. Les investigations dans ce dossier ont été confiées à la Section de Recherches de Nîmes.

Une soirée au casino, puis des violences extrêmes

Pourtant ce 4 juin 2020 en soirée, le trio part en fête et décide de se rendre au casino de La Grande-Motte. Le périple de Redwan, qui part avec Dylain M, qui se présente comme son meilleur ami et Williams D, débute bien. On s’aperçoit dans un premier temps que la soirée est amicale, grâce à des vidéos prises par Dylain. La nuit du 4 au 5 juin est sans incident de violences jusqu’à 1h43. À cet instant, l’ambiance décontractée du début de soirée fait place à une grande tension. Redwan va être insulté, humilié. On lui ordonne de monter dans la voiture alors que le trio est dans une zone isolée. La victime est au sol à ce moment-là, torse nu et en sang. Encore aujourd’hui on se demande pourquoi les violences ont débuté, des violences extrêmes, de 7/7 dans l'échelle selon le docteur Beslima qui a pratiqué l'autopsie. La voix de la victime va, au fil des temps et des coups, devenir chevrotante, puis inaudible. Un enchaînement de violences incompréhensibles, car Dylain prétend avoir face à lui son meilleur ami.

Une famille anéantie, un père brisé

« Un garçon qui est venu chez moi, à qui j’ai donné à manger », reprend le père de Redwan. « Je n’ai pas pu voir les vidéos, c’est trop dur. Depuis la mort de mon fils, nous sommes des morts vivants. On n’en parle pas trop en famille, chacun est dans son chagrin, mais on y pense tout le temps. Il n’y a pas un jour où je n’y pense pas. Je me lève et je pense à ça, je me couche et c’est pareil. Et puis il n’y a pas de joie. Noël, les anniversaires, c’est terrible vous savez pour une famille, pour un père qui a perdu son enfant dans de telles circonstances. Car le pire est d’imaginer ce qu’il a enduré, souffert. Quand je vois les conditions de sa mort, je me dis qu’il valait mieux qu’il prenne une balle dans la tête », poursuit le papa les yeux dans le vague en imaginant la soirée tragique. « Un des deux dit qu’il n’a rien fait, mais il n’a jamais demandé sa libération conditionnelle. Et moi j’entends éternellement la voix de mon fils le soir où il est parti vers la mort, me dire à demain papa », poursuit le père de famille qui sera sur le banc des victimes pour faire face aux deux accusés, âgés d'une vingtaine d'années, et qui encourent la perpétuité. Le verdict est attendu en début de semaine prochaine.