JUSTICE Ils ont vécu une nuit d’horreur à cause de leur père
Ce jeudi 30 novembre, un homme de 53 ans a été condamné devant le tribunal de Nîmes pour violence en état d’ivresse devant trois mineurs.
Le soir du 8 septembre 2023, un couple rentre chez lui après avoir regardé dans un bar nîmois le match de rugby de l'équipe de France contre la Nouvelle-Zélande. “Ce soir-là, monsieur avait pas mal bu et moi j’avais pris quelques verres”, indique la compagne. Leurs trois enfants sont restés dormir à la maison. Sur la route, le couple se dispute. Afin d’éviter le conflit, en rentrant, la femme va directement dormir dans la chambre de sa fille aînée. Mais son compagnon, déjà condamné pour violences conjugale il y a quelques années, ne supporte pas et l’horreur commence.
Devant le tribunal, la femme de 34 ans se lève pour raconter sa soirée cauchemardesque. Un silence pesant règne dans la salle d’audience. Après une longue respiration, elle commence : “Arrivé à la maison, il est allé chercher une bière. Puis il me cherchait pour continuer la dispute. Il a grimpé les escaliers, puis il est rentré dans la chambre. Et là…” Elle s'arrête puis reprend la gorge serrée : “Il m’a attrapé les chevilles et m’a fait tomber du lit. Quand j’ai tenté de me relever, il m’a pris par les cheveux et m’a étranglé. Il fallait que je survive alors je lui ai mis deux coups de poing. Il m’a donc lâché et m'a mis des gifles. Une d’elles m’a terriblement marqué donc je suis tombée au sol. Il en a profité pour me cracher dessus, m'insulter et me balancer sa bière sur les cheveux. À ce moment-là, il m’a criée que j’allais mourir et qu’il allait tous nous tuer.”
Dans le public, des larmes coulent, deux femmes sortent même de la salle d’audience. La mère de famille continue : “Mes enfants étaient dans leurs chambres, ils entendaient tout. J’ai eu la peur de ma vie. Il me disait que j’étais rien sans lui, puis il est descendu pour tout casser : la télé, des verres, des bouteilles. Mes enfants étaient présents mais il n’avait plus de limite”. Outré, le président Jean-Michel Perez affirme : “C’est un déchaînement de violence terrible”.
"Je lui ai donné la liberté"
Les disputes du couple ont commencé lorsqu'elle est devenue responsable d'un magasin. Elle explique : “C’est très compliqué depuis que j’ai changé de poste.” Le prévenu confirme : “On se dispute depuis qu’elle est responsable, mais elle devrait être contente car je lui ai donné la liberté d’être responsable. C’est moi qui devais aller chercher les enfants à l’école. Elle passait son temps à travailler.”
Suite à cette soirée, la femme, défendue par maître Jean-François Corral, a demandé le divorce. Véronique Compan, la procureure de la République, certifie : “Quelle triste fin de mariage !” Le père de famille assume : “Je n’ai aucune explication, je n’ai pas d’excuse. C’est l’alcool, je n’ai pas su me maîtriser. Je ne réalise toujours pas exactement ce qu’il s’est passé. Sous la colère j’ai tout cassé.” Le prévenu est depuis sous contrôle judiciaire et habite chez sa mère. Il ne peut voir ses enfants qu’un week-end sur deux. Il explique : “Aujourd’hui je me retrouve seul, sans femme, sans enfants après quinze ans de vie commune”.
Les enfants avant tout
Malgré l’horreur que cette famille a subi à cause de cet homme, la mère défend son ex-mari. Elle demande au tribunal de ne pas l'incarcérer : “C’est le père des mes enfants et ils ont besoin de lui. Je souhaite qu’ils continuent à le voir. C’est moi qui ai choisi cet homme, pas eux. Quand il veut, il peut être un bon père”.
L’avocate, désignée par l’association gardoise d'aide aux victimes d'infractions pénales, plaide pour les trois enfants : “Ils sont victimes des faits de leur père. Ils aiment leur père mais ils en ont peur. Les enfants racontent cette soirée comme une nuit de terreur. Après avoir entendu qu’il voulait les tuer, ils étaient tétanisés dans leurs lits.” De plus, l'homme avoue être parfois violent avec ses enfants. La procureure indique : "Monsieur, il va falloir reconquérir vos enfants et les rassurer".
Véronique Compan donne ses réquisitions : “Je demande 15 mois de sursis probatoire, une obligation de poursuivre des soins et une interdiction de contact avec la victime et de paraître à son domicile”. Le père de famille, défendu par maître Hugo Ferri, est condamné par le tribunal à 18 mois de sursis avec obligation de soins, interdiction de détenir une arme, de communiquer avec sa femme et de s'approcher de son lieu de résidence.
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