JUSTICE Quatre jeunes tendent des guets-apens homophobes via l’application Grindr

Derrière un faux profil sur l’application de rencontre Grindr, quatre jeunes ont organisé des agressions ciblées. Deux majeurs ont été jugés mercredi par le tribunal correctionnel de Nîmes.
Le 2 avril 2025, quatre jeunes se donnent rendez-vous pour passer la soirée ensemble : deux mineurs et deux majeurs. Ces quatre individus, trois garçons et une fille, vont mettre en place un plan… très particulier pour « s’amuser ». Ils créent le faux profil d’un garçon de 25 ans sur l’application de rencontre Grindr et rentrent en contact avec des hommes. Très rapidement, un jeune de 20 ans répond favorablement aux avances, et donne rendez-vous à son domicile. Il est 23h30. L’un des quatre jeunes, Yanisse, est désigné pour se rendre chez lui. Après quelques minutes de tête-à-tête, il simule avoir fait tomber son paquet de cigarettes dans la rue. En sortant, il en profite pour faire rentrer ces trois partenaires dans l’immeuble, afin de pénétrer dans l’appartement étudiant de la victime.
Dès son arrivée, la fille mineure fouille dans les affaires du locataire, notamment dans sa sacoche et vole 40 euros en liquide. Alors, l’homme de 20 ans l’asperge avec une bombe désodorisante, mais ce dernier se fait frapper par deux complices. L'étudiant est frappé, au sol dans l’entrée de son appartement. Les quatre jeunes partent en rigolant, amusés par cette intrusion violente. Mais, ils ne vont pas s’arrêter là. De façon similaire, ils vont se rendre chez un autre Nîmois, après avoir discuté avec lui via Grindr. Les quatre délinquants ont réussi à lui dérober un billet de 10€, une batterie externe et un disque dur.
Une enquête a été ouverte suite aux dépôts de plaintes des deux victimes. Les deux mineurs seront jugés par le tribunal des enfants tandis que les deux majeurs ont été jugés ce mercredi 4 juin en comparution immédiate. Ils sont poursuivis pour "vol avec violence" et "vol aggravé". « On a réfléchi tous les quatre à cette stratégie, on avait tous un rôle à jouer. Je culpabilise sincèrement et je tiens à présenter mes excuses », explique Yanisse âgé de 18 ans depuis le box. Le second prévenu, Younis, assure : « Au début, je suivais juste les autres, puis quand mon amie s’est fait asperger, c’est vrai que j’ai donné seulement deux gifles ».
Une version contredite par la victime, présente à l’audience : « Il m’a donné de nombreux coups, et même quand j’étais au sol ». Maître Benezech a plaidé pour la partie civile : « Ils ont visé une communauté fragile. Mon client a déjà beaucoup de problème avec sa famille dû à son homosexualité. Maintenant, même dans son propre domicile, il ne se sent plus en sécurité, il a eu deux jours d’ITT. Aujourd’hui, il ne souhaite plus faire de rencontre. Je pense que ces prévenus ne sont pas à leur premier coup, et qu’il existe d’autres victimes. D’ailleurs Yanisse avait déjà été banni de cette application, on peut se demander pourquoi ».
La procureure de la République a requis trois ans de prison dont deux assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans avec une obligation de travail et une interdiction de rentrer en contact avec les victimes et de détenir une arme durant trois ans pour Yanisse. « Mon client n’a ni commis de vols, ni de violences et son profil n’est pas inquiétant. Il n’a aucune mention à son casier judiciaire », soutient Maître Toniazzo pour la défense. Pour Younis, le parquet a requis deux ans de prison assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans avec une obligation de travail et une interdiction de rentrer en contact avec les victimes et de détenir une arme durant trois ans.
Le tribunal correctionnel a condamné les deux individus à la même peine : 15 mois de sursis probatoire pendant deux ans avec une obligation de travailler, une interdiction de rentrer en contact avec les victimes et 100 heures de travail d’intérêt générale.