FAIT DU JOUR Pont-Saint-Esprit vers une périlleuse élection municipale
D’ici trois mois maximum, les Spiripontains seront appelés aux urnes pour une élection municipale partielle intégrale, à la suite de la démission de plus du tiers des élus du conseil municipal ne pouvant plus être remplacés par leurs suivants de liste. Une élection à haut risque pour la maire sortante Claire Lapeyronie.
11, c’est le nombre de joueurs nécessaires pour une équipe de football. C'était aussi le nombre d’élus démissionnaires non-remplacés qu’il ne fallait pas dépasser à Pont-Saint-Esprit pour s’éviter une élection partielle intégrale. Or, lorsque Claire Lapeyronie décidait d’éjecter quatre adjoints et une conseillère municipale déléguée de sa majorité début novembre, le risque de voir la barre fatidique des 11 élus démissionnaires et non-remplacés devenait grand, puisque l’opposition, représentée par le groupe Union citoyenne spiripontaine, compte 7 postes. C’est ce qu’il s’est passé : les cinq dissidents, devenus huit entretemps, ont démissionné début février, et six des sept opposants leur ont emboîté le pas la semaine dernière, avant que tous les suivants de la liste UCS, qui auraient techniquement pu siéger et sauver la maire, démissionnent en bloc cette semaine. La liste de la majorité ne disposant plus que d’un seul nom à faire monter, il y aura donc une nouvelle élection dans un délai de trois mois maximum.
Au préfet d’en fixer la date. Mais qu’importe, le plus important reste de savoir comment elle va tourner, cette élection. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que pour Claire Lapeyronie, maire depuis 2018, lorsque Roger Castillon lui avait passé le relais, réélue pour la première fois sur son nom en 2020, c’est à quitte ou double. L’élue, entretemps devenue conseillère régionale dans la majorité de Carole Delga et vice-présidente de l’Agglomération, joue une bonne partie de sa carrière politique en ce printemps. Et c’est peu dire que les derniers mois ne lui ont pas été favorables : mise en place chaotique de la redevance incitative, certes gérée par l’Agglomération, mais qui voit des poubelles s’entasser dans le centre-ancien, fusillade liée au grand banditisme sur les allées et pour finir une crise politique interne qui a abouti à la situation qu’on connaît actuellement, les nuages noirs se sont amoncelés. Certes, la collecte des déchets est une compétence de l’Agglo, certes la fusillade concernait des Vauclusiens liés au grand banditisme et la sécurité est une compétence régalienne, mais force est de reconnaître que ce n’est pas pour jouer en la faveur de la maire alors que la propreté et la sécurité sont tout en haut de la liste des attentes des citoyens, avec la santé.
Quant à la crise politique interne, Claire Lapeyronie affirmait encore cette semaine dans nos colonnes qu’elle « assum(ait) complètement » d’avoir pris la décision d’évincer ces cinq élus, « une décision difficile dont on savait qu’elle pouvait avoir un impact », reconnaît-elle toutefois. C’est le moins qu’on puisse dire au vu de ce qui a suivi. Désormais, place à la campagne à venir, pour laquelle Claire Lapeyronie se dit « très motivée » et affirme avoir « un socle soudé et d’ores et déjà de nombreuses personnes qui ont rejoint (sa) liste ». Reste à voir de quelles personnes il s’agit. Car si une des solutions serait de rassembler la Gauche pour jouer l’union face au RN, il semble improbable d’y revoir des communistes, évincés en 2020, et des socialistes, dont un des représentants locaux Vincent Rousselot faisait partie de la charrette début novembre. Quant aux autres forces de Gauche, insoumis et écologistes par exemple, elles sont inexistantes à Pont-Saint-Esprit. « Son espace politique est mince », glisse un fin connaisseur de la vie politique du Gard rhodanien.
Le RN « y va pour gagner »
Il faut dire qu’en face, le Rassemblement national fait office de sérieux client. « Ce n’est un secret pour personne qu’on sera sur la ligne de départ, affirme le député RN de la 4e circonscription Pierre Meurin. J’ai fait 63 % à Pont aux législatives, même si une municipale c’est différent, vu le ras-le-bol et la faiblesse de la maire sortante, on a nos chances. » Sera-t-il tête de liste ? « Je pourrais l’être comme ne pas l’être, l’arbitrage est en train de se finaliser », glisse le député, qui affirme avoir déjà 33 noms sur une liste « que je m’autorise à améliorer jusqu’au délai de dépôt des listes, c’est un problème de riche. » Sur la liste RN, Pierre Meurin affirme qu’il y aura « quelques personnalités d’ouverture. »
Le RN joue-t-il sur du velours, alors que la campagne pour les européennes battra son plein ? « Il y aura l’effet Bardella (tête de liste du RN aux européennes et président du RN, NDLR), estime le député. Mais ce n’est pas fait, même si j’y vais pour gagner », en espérant « faire tâche d’huile en 2026 » avec l’ambition, à peine voilée, de prendre l’Agglomération à cette échéance. D’ici là, il s’agit pour l’extrême-Droite de mettre le pied dans la porte en prenant la huitième ville du Gard, quand bien même ce serait pour un court mandat de deux ans.
N’y aura-t-il que deux listes sur la ligne de départ ? Ce n’est pas dit : la rumeur d’une troisième liste, sur laquelle figurerait des proches de Catherine Chantry, ancienne adjointe puis tête de liste Union citoyenne spiripontaine en 2020, décédée en 2022, enflait à Pont-Saint-Esprit ces derniers jours. Quant aux élus issus de la majorité puis entrés en dissidence, ils n’avaient, cette semaine, pas pris de décision quant à une éventuelle participation au prochain scrutin.
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