Publié il y a 6 mois - Mise à jour le 30.09.2023 - Corentin Migoule - 6 min  - vu 1640 fois

L'INTERVIEW SPORT Yoan Oswald (entraîneur-joueur à Sumène) : "Résister le plus longtemps possible pour les faire douter"

Yoan Oswald

Yoan Oswald a disputé 25 matchs avec l'OAC lors de la saison 2018/2019.

- OAC

​​​​​​Aujourd'hui âgé de 39 ans, le natif de Ganges qui a grandi à Saint-Hippolyte-du-Fort exerce des fonctions d'entraîneur-joueur à quelques kilomètres de chez lui, à l'Étoile sportive suménoise. Celui qui comptabilise une quinzaine de matchs de Ligue 2 avec le CA Bastia et quelques épopées en Coupe de France se réjouit à l'idée de retrouver l'OAC, son club formateur, ce dimanche. 

Yoan Oswald est en interview sur Objectif Gard à la veille du 4e tour de Coupe de France opposant Sumène à l'OAC ce dimanche (15h).

Objectif Gard : Qu’as-tu ressenti lorsque le tirage au sort du 4e tour de la Coupe de France a désigné l’OAC ?

Yoan Oswald : Ça a été une bonne surprise. Par superstition, je n’ai jamais suivi les tirages au sort en direct. J’ai souvent eu de la chance lors des tirages au sort. Au début je n’y croyais pas trop, je croyais que c’était une boutade. Et puis finalement ça s’est avéré vrai. Je suis bien heureux de recevoir l’OAC qui est l’équipe la plus haute du tirage sur le plan hiérarchique. On voulait recevoir. C’est super d’accueillir des voisins, des Cévenols et des gens que je connais.

Yoan Oswald
Yoan Oswald a disputé 25 matchs avec l'OAC lors de la saison 2018/2019. • OAC

Cinq divisons vous séparent. Pourtant, on le sait, tout est possible dans le football. Quels ingrédients faut-il mettre pour que la magie de la coupe opère ?

La magie existe mais avec cinq divisions d’écart je pense qu’elle existe un peu moins. On fera tout pour donner une bonne image du club et de l’équipe que j’ai constituée cette année avec des joueurs de qualité. Le but c’est de résister le plus longtemps possible pour essayer de les faire douter. Il faut jouer les quelques coups à fond, ne pas faire le match avant et faire plaisir à tous les gens qui viendront nous voir.

À quel type de match t'attends-tu, notamment de la part de l'OAC ? 

J’ai été souvent à la place de l’OAC à jouer des équipes plus petites. Je n’y suis jamais allé la fleur au fusil donc je ne pense pas que ça sera leur cas. Ils veulent confirmer la victoire obtenue à domicile ce week-end. Ils ont peut-être des espoirs de parcours dans cette Coupe de France. Ça passe par une belle entrée dans la compétition chez nous. Peu importe les joueurs qu’ils aligneront, ils ont un effectif suffisamment large pour aligner des joueurs de qualité et certainement déterminés. Sur un match, on essaiera de réduire l’écart de niveau au maximum.

Faut-il s'attendre à un fort engouement autour du stade du Recodier ?

Je pense qu’il y aura du monde. L’OAC attire du monde. Et puis c’est quand même une belle affiche. C’est rare qu’une équipe de ce niveau vienne à Sumène. Je sais qu’ils ont des supporters qui vont se déplacer, j’espère qu’on en aura aussi pour nous. C’est l’occasion de se faire plaisir à l’occasion de ce match de gala.

"Ça serait une bonne chose de relancer ce centre"

Quatre ans après votre départ, suis-tu toujours les performances de l’OAC ?

J’ai pris du recul. Le foot me prend énormément de temps. Je regarde les résultats mais je ne suis allé les voir jouer qu’une fois depuis quatre ans. J’ai d’autres occupations. Je reste focalisé sur Sumène.

Malgré tout, quelle est la valeur affective que garde ce club formateur à tes yeux ?

Ça a été de belles années. J’ai été au centre de formation qui fonctionnait à l’époque. J’ai été très bien accueilli quand j’ai été recruté à l’âge de 13 ans. J’ai suivi une formation avec de très bons entraîneurs. Ça m’a permis de gravir les échelons jusqu’aux seniors. Ça m’a permis de passer les étapes en ayant acquis les bases du football tant sur le plan technique que sur le plan mental. Ce serait une bonne chose de relancer ce centre. Ça permet d’attirer des joueurs. Le fait de les garder sur place H24, ça permet d’encadrer les jeunes joueurs qui, dans le contexte actuel, ont de plus en plus besoin d’avoir une structure.

Quel est le souvenir le plus marquant que tu as avec l’OAC ? Et dans ta carrière en général ?

Je suis récemment retombé sur un article d’un 32e finale avec le CA Bastia contre le grand Sporting qu’on avait d’ailleurs gagné. C’est un super souvenir ! Même si cette accession avec le CA Bastia en Ligue 2 reste sûrement le meilleur. Avec Alès, c’est la fois où on a éliminé l’AC Ajaccio qui était en Ligue 2. Pour le Bastiais d’adoption que je suis, ça a encore plus de saveur (rires).

"J’ai envie d’aider le club à passer un cap"

Qu’est-ce qui fait selon toi la différence entre un bon joueur de National 2 comme il peut y en avoir à l'OAC et un joueur qui va atteindre la Ligue 2 comme toi ?

Ça ne se joue pas à grand-chose. Il y a toujours une part de chance. Même si la chance ça se provoque. Ce qui fait la différence, c’est l’assiduité et le travail. C’est aussi le fait d’avoir un objectif et s’y tenir. Connaître tous les efforts que ça comporte pour y arriver. L’OAC peut-être un tremplin pour ces joueurs, ou alors ils peuvent atteindre le football professionnel avec l’OAC. C’est ce que je leur souhaite en tout cas.

À 39 ans, pourquoi avoir choisi de prolonger le plaisir en D1 avec Sumène à ce poste si particulier d'entraîneur-joueur ? 

Sumène, j’y ai atterri un peu par hasard. C’était à la sortie d’une saison à Aigues-Mortes où j’en avais marre des trajets. Je voulais me rapprocher. Le projet de Sumène m’a fait adhérer. Je me suis beaucoup investi la première année. On a hélas raté la montée de peu. L’an dernier, j’ai dû lever le pied car je passais le concours pour devenir pompier professionnel. C’est pour ça que j’ai voulu m’y remettre à 100% cette saison. J’essaie de rendre au président tout l’investissement qu’il met dans ce club. Il le mérite. C’est quelqu’un de bien, d’humain. On m’a proposé le poste l’an dernier. J’ai mis un long moment à accepter parce que j’essaie d’être le plus réfléchi possible. Je ne voulais pas négliger ma vie familiale. Mais j’ai fini par accepter en ayant trouvé quelqu’un pour m’accompagner dans ce projet. Je suis quelqu’un de parole et je me sentais redevable après ces deux années passées au club en tant que joueur. J’ai envie d’aider le club à passer un cap.

Cette fibre d'entraîneur ne date pourtant pas d'hier...

J’ai passé mon brevet d’État d’entraîneur à Alès quand j’avais 18 ans. J’ai juste eu un recyclage à faire récemment. J’avais un peu ça en tête mais au cours de ma carrière footballistique qui m'a amené un peu partout dans le pays, je n’avais pas forcément envie de rester dans ce milieu. Mais au final j’ai dit banco en m’engageant pour un an. Je ne ferai pas ça pendant dix ans ! Je tire d’ailleurs mon chapeau à tous les entraîneurs amateurs qui font ça depuis des années. On ne s’imagine pas tout le temps que ça demande. Il faut vraiment être passionné !

"Je sais comment le comportement d’un entraîneur peut affecter un joueur"

Yoan Oswald

Par ton positionnement sur le terrain et cette sorte de force tranquille, peut-on affirmer que tu as toujours été un leader dans l'âme ?

Ça ne se commande pas ! J’ai toujours eu ça en moi car j’ai du caractère et des idées. J’aime quand ça tourne rond. J’essaie d’être le plus rigoureux possible. J’essaie d’être le plus droit et respectueux envers mes joueurs. Dans ma carrière, je suis passé de capitaine et titulaire indiscutable à quasiment joueur banni. J’ai un peu tout connu. Je sais comment le comportement d’un entraîneur peut affecter un joueur. Donc je fais tout pour ne pas reproduire ce que certains ont fait avec moi ou d'autres joueurs.

Tu t'épanouis désormais dans ta fonction de caporal chez les sapeurs-pompiers. C'est un métier qui t'aide à garder la forme physique pour être encore performant sur les terrains ?

J'ai eu la chance d'avoir une mutation dans le Gard à la caserne de Vauvert. J'officie toujours comme volontaire à la caserne de Saint-Hippolyte-du-Fort. Quand j'ai arrêté ma carrière au "haut niveau", le lien était tout fait avec le football. C’est un métier qui demande d’être bien physiquement. Il y a beaucoup de sport dans ce métier et il y a ce côté familial d’entraide et de cohésion que l’on retrouve dans le foot. Je suis content d’exercer ce métier qui me passionne.

On le disait, tu es entraîneur-joueur. Cela signifie qu'on pourrait te retrouver sur le terrain ce dimanche ?

Je joue juste pour dépanner. Je fais surtout des petits bouts de matchs. Ce dimanche je ne sais pas trop. En fonction des présents et de leur état de forme, j’essaierai de faire le meilleur onze possible. Je réfléchis à prendre 16 joueurs pour les faire participer à la fête ou à me mettre dans les 16. Je pense qu’il vaut mieux que je me concentre sur mon travail d’entraîneur pour les aider du mieux possible du banc de touche.

Une carrière de globe-trotter

Formé à Alès, le défenseur central Yoan Oswald a écumé une dizaine de clubs tout au long de sa longue carrière qui n'est pas tout à fait terminée. De Castelnau-le-Crès au CA Bastia en Ligue 2 en passant par Arles, Fréjus, Pau, Mulhouse et Épinal notamment. 

Corentin Migoule

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