Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 07.09.2015 - elodie-boschet - 2 min  - vu 359 fois

FAIT DU JOUR Quand l'écharpe de maire devient trop lourde à porter

Dans le Gard, 500 élus locaux ont démissionné depuis mars 2014. Photo Eloïse Levesque/Objectif Gard

Depuis les élections municipales de mars 2014, neuf maires gardois ont présenté leur démission. Souvent à cause d'une mésentente avec les autres élus, mais pas seulement : la tâche est de plus en plus complexe.

30 août 2015. Jean-Luc Aigoin, maire de Saint-Jean-de-Serres, perd sa majorité suite à une élection partielle. Une claque pour celui qui occupe cette fonction depuis 2001. Tout a commencé quelques mois plus tôt, en juin, lorsque dix élus déposent leur lettre de démission. « Ils en avaient marre, explique Jean-Luc Aigoin. D'après eux, je suis un utopiste, un menteur, un manipulateur et je refuse de coopérer ». Avec seulement quatre conseillers municipaux restants, il faut maintenant élire dix petits nouveaux pour que l'équipe se retrouve au complet. Mais rien ne se passe comme prévu : dès le premier tour, la liste d'opposition l'emporte. « Je vais respecter la démocratie. Le pouvoir ira à ceux qui sont majoritaires », indique avec regrets l'édile, qui a pris la décision de démissionner. Il restera simple conseiller municipal.

Cette situation n'est pas un cas unique dans le Gard. D'autres maires ont abdiqué en plein mandat. C'est le cas de cinq édiles qui se sont découragés depuis leur élection : Jean-Luc Manchon à Belvezet, Georges Petit à Collorgues, Michel Bouschet à Ponteils-et-Brésis, Jean-Marc Marchal à Collorgues et José Puso à Saint-Jean-de-Valériscle. Trois autres ont donné leur démission mais pour des raisons administratives : Jean Denat à Vauvert et Denis Bouad à Blauzac pour se consacrer au Département, puis Katy Guyot à Vauvert après l'échec de son prédécesseur aux départementales.

Pour Jean-Luc Aigoin, les causes sont diverses, mais le plus souvent liées à des conflits politiques : « Certains ne se sont pas rendus compte de la disponibilité et des capacités que cette fonction demande. Ils se retrouvent la tête sous l'eau. Ensuite, les relations entre anciens et nouveaux élus sont souvent compliquées : les nouveaux arrivés trouvent les autres ringards et des tensions émergent. Enfin, la gestion municipale n'est plus la même que dans les années 90. Les communes ont perdu des compétences, les enjeux sont différents. Cela rend la tâche attrayante, mais difficile ».

Ceux qui ne craquent pas

Heureusement, tous les maires ne capitulent pas à la moindre difficulté. C'est le cas par exemple de Yannick Louche, maire de Cendras, qui n'a pas quitté son fauteuil depuis plus de 30 ans. Pourtant, entre les années 80 et aujourd'hui, les choses se sont corsées. « C'est le jour et la nuit. De nouvelles normes et réglementations se superposent d'année en année. C'est désormais un véritable parcours du combattant pour voir aboutir des projets », constate t-il. A cela s'ajoute la baisse des dotations de l’État et la perte progressive des compétences des communes, transférées aux intercommunalités.

« Ce nouveau mode de gestion devient un casse-tête. Avant, les maires travaillaient aussi ensemble mais avec des outils plus souples, comme les syndicats intercommunaux. Désormais, la volonté est de liquider les syndicats et les communes, déplore le premier magistrat. Alors, poursuit-il, certains s'en vont, d'autres se font prendre en charge par des collectivités plus grandes, et puis il y a ceux qui se battent pour répondre aux besoins de leur population ». Etre maire, un sacerdoce ?

Elodie Boschet

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